Daniel Gersztenkorn se l’est juré: « Je ne mourrai pas tant qu’André Dupré ne sera pas reconnu comme Juste ».

En 1942, Daniel Gersztenkorn a 4 ans et habite Sevran, au sein d’une famille juive.

Le secrétaire général de la mairie de l’époque, André Dupré, leur fournit de faux papiers qui leur permettent de rejoindre la zone libre et d’échapper à la déportation…….Détails…….

Aujourd’hui, plus de 75 ans plus tard, Daniel Gersztenkorn, âgé de 80 ans, se démène pour que le rôle d’André Dupré pendant l’Occupation soit reconnu officiellement.

Depuis 2004, il œuvre dans ce sens : « A l’époque, j’avais envoyé un courrier à la mairie de Sevran pour leur expliquer mon histoire ». Daniel Mougin, responsable des bibliothèques de la ville à l’époque lui répond et les recherches commencent.
Daniel Gersztenkorn est aidé notamment par des archivistes ainsi que la Société de l’Histoire et la Vie à Sevran.
L’idée lui est venue d’organiser des réunions publiques, au cours desquelles il raconte son histoire espérant trouver des gens pouvant attester du rôle d’André Dupré : « Il a risqué sa vie pour sauver des juifs, il n’a jamais rien raconté à ses proches à l’époque. Il n’y a pas d’archives et les faux papiers ne sont pas une preuve ».
Cette démarche, Daniel Gersztenkorn l’a déjà effectuée pour élever Slavko Zaffani au rang de Juste. En 1942, la famille Gersztenkorn pose ses bagages à Sevran.
Ses parents, Abraham et Sheive, juifs polonais immigrés en France, et leurs 4 enfants à l’époque, choisissent de quitter la capitale car les rafles se multiplient. « Nous avions la santé fragile et la ville de Sevran était réputée pour son climat clément », sourit l’octogénaire.
Ils s’installent dans un immeuble, détenu par un Bosniaque, Slavko Zaffani. Durant plusieurs mois, les visites des gendarmes se multiplient pour arrêter le père, qui arrive toujours à s’échapper. Un jour, un gendarme vient prévenir Zaffani qu’une rafle aura lieu le soir même.
Le propriétaire alerte alors la famille et les cache dans l’étable. « Nous étions 5 enfants dont un bébé et mes parents dans une soupente d’un mètre de haut », se souvient Daniel.
Quelques jours après, la famille passe en zone libre et arrive dans le Tarn, où elle va rester cachée pendant trois ans, jusqu’à la Libération.
« Mon père n’aimait pas parler de cette histoire, mais moi j’en avais besoin », confie Daniel. En 2015, il retrouve l’un des fils de Slavko Zaffani, Georges qui réside dans les Alpes-Maritimes. Grâce à son témoignage, son père, décédé en 1964, a été élevé au rang de Juste le 4 décembre 2016.
Quant à André Dupré, Daniel n’abandonne pas. « Il n’y a aucun témoignage pour l’instant », explique-t-il.
L’octogénaire a néanmoins retrouvé la petite-fille de l’ex-secrétaire général de la mairie de Sevran, Dominique Lemaître.
« Malheureusement, elle était trop petite et son grand-père n’a jamais rien raconté de tout ça », continue-t-il.
En attendant la remise de la médaille de Juste en l’honneur d’André Dupré, Daniel Gersztenkorn va continuer de raconter son histoire, même en cette période « extrêmement inquiétante ». 
« Je ne veux pas retrouver la France de 1940 mais il y a de l’espoir. La manifestation de mardi [contre la montée de l’antisémitisme] n’aurait pas pu avoir lieu à l’époque », conclut-il.
Un Juste ou « Juste parmi les nations » est une distinction accordée à une personne non juive ayant aidé au péril de sa vie et sans contrepartie des juifs durant l’occupation nazie.
C’est la plus haute distinction civile décernée par l’Etat d’Israël. Les noms des Justes sont inscrits sur le mur d’honneur du Jardin des « Juste parmi les nations » de Yad Vashem (Institut Commémoratif des Martyrs et des Héros de la Shoah) à Jérusalem.
Selon le comité français pour Yad Vashem, on compterait actuellement 4 088 Justes en France dont 58 viennent de Seine-Saint-Denis.
Les derniers à avoir reçu la médaille dans le département sont Philippe et Eléonore Charret, un couple de Villepinte pour avoir caché une fillette juive. C’était en janvier 2018.

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