ANALYSE STRATEGIQUE: Dr Claude Salama
Je considère, contrairement aux auto-félicitations et autres belles congratulations des responsables militaires et politiques israéliens, que la situation est très grave.
Il y a deux manières d’analyser une situation politico-militaire:
1/ Comme dans une partie d’échecs, examiner tout d’abord les positions molitaires et stratégiques de notre côté israélien. Alors, c’est vrai, le gouvernement, les média nous assènent sans arrêt les points forts de notre armée. Et ils sont nombreux, BHM. Par exemple, ce fut d’abord la reprise en main de l’armée après la déconfiture de la guerre du Liban. A l’époque, on avait tout mis sur le dos du ministre de la défense Amir Peretz, qui n’était en poste que depuis un mois, et donc absolument pas responsable de l’impréparation de Tsahal. Les responsables en étaient logiquement le précédent ministre Chaoul Mofaz et le chef d’état-major de l’époque, venu de l’armée de l’air, et qui avait fait sienne les théories américaines à la mode sur la résolution des conflits militaires uniquement par des bombardements aériens. Malgré la demande d’Amir Peretz, les troupes au sol n’ont pas été engagées au début. On ne s’est décidé à les engager que tardivement, impréparées, et en nombre insuffisant. (Je rappelle que c’est Amir Perets qui a ordonné contre l’avis de membres importants de l’état-major le lancement de la fabrication du performant système anti-missile Iron Dome qui a montré son extraordinaire efficacité dans la guerre suivante avec Gaza.) On se souvient de la souffrance de nos soldats au Liban. Nous avons en mémoire tous les récits des combattants, avec une intendance qui ne suivait pas, les soldats qui passaient des jours sans mouvements, sans ordres clairs, et même sans nourriture et sans eau, à proximité de l’ennemi. Je mentionne ceci pour montrer que nous ne devons pas accepter sans esprit critique toutes les déclarations des responsables, quels qu’ils soient, et en dehors de toutes considérations de parti politique.
Le général Ashkenazi a remis ensuite solidement en ordre tout ça. Le chef d’état-major actuel Général Azencott (ou Eizencott comme est prononcé ici son nom) fait de même un excellent travail. L’armée israélienne est revenue à la doctrine classique de renforcements de l’infanterie au sol, puissamment coordonnée avec l’aviation et l’intendance dans une symbiose remarquable, probablement même l’une des meilleures au monde. L’armée est devenue extrêmement puissante. La priorité absolue a été donnée à l’entraînement des troupes au sol, et c’est exactement ce qu’il fallait faire. Chacun s’en aperçoit désormais avec l’échec des bombardements des Américains et de la coalition contre Daech en Syrie.
2/ Mais la meilleure armée, les meilleurs combattants, ne peuvent rien sans la décision politique. Certes, l’absence d’une volonté politique claire et forte ou une vision stratégique frileuse ne rendront pas impuissante une telle armée, mais elles peuvent la transformer en une armée de défense et non pas d’attaque. En supprimant le mouvement, la dynamique, les effets de surprise propres de tout temps à la guerre hébreue et juive, la meilleure armée se contente d’attendre et de réagir aux agressions. Personne ne conteste les succès remportés dans les luttes secrètes contre l’apparei militaro-nucléaire iranien. Mais cela n’a pas arrêté la progression de l’Iran vers l’arme nucléaire. Les seuls qui y croient sont les dirigeants américains Obama et Kerry qui nous martèlent le contraire d’une manière irresponsable.
Si maintenant nous examinons l’échiquier politique et militaire du côté de nos ennemis, nous constatons au delà encore une fois des grandes déclarations des politiques et des media:
– Le Hezbollah: On nous parle du calme sur la frontière nord depuis la guerre du Liban. C’est vrai. Mais ces dix années ont transformé le Hezbollah en « la plus grande menace militaire contre l’Etat d’Israel » (Déclaration la semaine dernière du general Azencott) Leur armement en fusées est devenu énorme. La préparation au sol est considérable. On nous parle sans arrêt d’un accord de coopération très amical avec les Russes et Poutine. Si l’article cité ici est vrai, cela voudrait dire que les Russes jouent sur les deux tableaux, collaboration de facade avec Israel et avancées militaires avec nos pires ennemis, Iran et Hezbollah.
– L’Iran est partie vers la bombe nucléaire et plus personne ne l’arrêtera, ni Obama, ni Poutine, ni l’Europe. Peut-être Israel. Mais selon les observateurs militaires internationaux, Natanyahou aurait laissé passer le meilleur timing d’une attaque sur les centres nucléaires iraniens. Pour ma part, j’ai toujours été perplexe devant les grands discours belliqueux envers l’Iran de nos dirigeants. Autrefois, les Israéliens frappaient par surprise, dans le secret. Toutes ces affirmations clamées devant les media finissent par créer un effet contraire, qui relève plus de velléités et d’incantations. Il n’est que de voir le président chinois se précipiter cette semaine en Iran pour comprendre que les grandes puissances ont pris leur parti d’un Iran nucléaire. On les comprend. Ils sont assez puissants pour cela.
Mais est-ce vraiment le cas d’israel? Car un Iran nucléaire ne veut pas dire une guerre nucléaire avec Israel. Mais il veut dire un poids augmenté d’une manière énorme de la présence de l’Iran sur tous les fronts du Moyen-Orient, et face à Israel. La force de dissuasion israélienne sera, qu’on le veuiie ou non, fortement diminuée.
-Gaza-Autorité Palestinienne: Le calme règne à peu près avec Gaza. Pendant ce temps, comme pour le Hezbollah, la préparation militaire avance et se renforce. Fusées, tunnels, etc. L’A. P. organise par sa propagande, les subsides qu’elle verse aux familles des terroristes, le travail de leurs media, un environnement très favorable, statistiquement, à la soudaine émergence de terroristes kamikazes.
En conclusion nous, le Peuple d’Israel, savons que nous ne pouvons pas perdre une seule guerre, car Has VeChalom ce serait tout perdre. La confiance, reconnaissons-le, aveugle que nous avons pour nos dirigeants ne peut nous empêcher de voir l’étau se resserrer autour de nous, Iran Hezbollah, milices chiites, Daech au nord, Gaza et daech au sud, et maintenant le terrorisme palestinien à l’intérieur.
Tous ces acteurs testent peu à peu la détermination israélienne. Ils avancent leurs pions prudemment parce qu’eux-mêmes se méfient encore de la force de Tsahal. Mais nos dirigeants qui au Liban d’abord et ensuite à Gaza n’ont pas eu la volonté politique de donner un coup décisif au Hezbollah et au Hamas, qui ont ébranlé la valeur de la dissuassion israélienne par des déclarations anti-iraniennes presque quotidiennes pendant des années , très belliqueuses mais non suivies d’effet, ont selon moi perdu une grande partie de leur crédibilité. Peut-être pas encore à l’intérieur du pays qui espère toujours en Natanyahou, mais certainement au Moyen-Orient et dans le monde.
Pour tous ceux et ils sont nombreux qui ont foi en la mission historique pour l’humanité entière du Peuple d’Israel sur sa Terre retrouvée, mission décrite et réalisée dans ses détails par les Prophètes d’Israel, l’espoir et la confiance sont toujours présents.
Mais pour ma part et pour tous ceux, et ils sont nombreux, qui connaissent nos traditions juives prophétiques et millénaires, la persistance des grandes et graves inégalités sociales en Israel, le manque d’action énergique depuis des années face à l’appauvrissement de la population et l’enrichissement énorme d’un conglomérat monopolistique, sous le regard complaisant d’une gauche-caviar, font craindre que, d’une manière mystique, ce refus de voir la réalité sociale entraîne aussi pour nos dirigeants un aveuglement quant aux grandes options et décisions nécessaires à la protection de l’Etat d’Israel.
Heureusement il y a au dessus de nous une force spirituelle puissante qui nous guide et nous empêchera toujours de trébucher, le D.ieu d’israel, c’est à dire le D.ieu de tout notre univers.