Pourquoi les filles vivent plus longtemps que les garçons ? C’est la question qu’ont posé Emilie et Antoine sur le répondeur des « P’tit bateaux ». Voici la réponse du médecin Jean-François Toussaint.

Les femmes vivent-elles vraiment, en moyenne, plus longtemps que les hommes ?

C’est le cas depuis au moins un à deux siècles, mais probablement depuis beaucoup plus longtemps. Les raisons pourraient être liées à plusieurs choses :

  • le rôle des hormones féminines, par exemple les œstrogènes qui protègent la circulation sanguine et améliorent l’immunité (ce que ne permet pas la testostérone, la principale hormone mâle).
  • la présence d’un double chromosome X chez les filles, avec le nombre de gènes qu’il comporte (alors qu’il n’y en a qu’un chez les garçons)
  • d’autres facteurs qui sont plus complexes encore…

Depuis quand le sait-on ?

Avant le XVIIIe siècle, on ne sait pas précisément quel était cet écart entre les hommes et les femmes, probablement par manque d’archives fiables sur des populations suffisamment grandes, à l’échelle de pays entiers. Mais on constate aussi cette différence chez nos cousins primates : les chimpanzés et les bonobos, et dans la plupart des espèces de mammifères – et même chez les vertébrés.

Il est d’ailleurs probable que le risque le plus grand spécifique aux femmes ait été lié dans les siècles précédents à l’accouchement, et à ses circonstances hémorragiques et infectieuses qui n’étaient pas maîtrisées avant le XXe siècle. Ceci diminuait énormément l’espérance de vie féminine.

Une étude récente apporte un nouveau regard

Une étude très récente, en janvier 2018, a montré qu’entre le XVIIIe et le XXe siècle, dans les conditions les plus difficiles de famine, de guerre ou d’esclavage, avec des espérances de vie qui pouvaient être de l’ordre de 15 ans parfois, les filles nouveaux-nés survivaient plus longtemps que les garçons nouveaux-nés.

Ces résultats suggèrent :

  • soit qu’un corps féminin serait dès le début de sa vie plus résistant à ces conditions très difficiles (qui étaient pourtant le lot quotidien de nos ancêtres),
  • soit que les contraintes de la lutte pour la vie pèsent encore plus fortement sur les épaules des garçons, en particulier par les violences mortelles et l’accidentalité mesurée à presque tous les âges.

Sans exclure la seconde, on peut penser que la première hypothèse est la bonne : des filles et des femmes plus résilientes à tout âge, sauf pendant la période de reproduction, et finalement quelques soient les conditions culturelles, puisqu’on constate que dans sa grande sagesse, et avant que n’apparaissent les dérives de la sélection des embryons par l’échographie, la Nature avait su pourvoir à cela en faisant naître un tout petit peu plus de garçons que de filles : pour 100 filles, naissaient toujours 102 garçons, dans à peu près tous les pays.

Étonnamment, déduit de la surmortalité des garçons pendant l’enfance et l’adolescence, les deux sexes arrivaient en nombre à peu près égal à 25 ans, l’âge optimal de performance et de reproduction de l’espèce humaine. 

 

www.franceinter.fr

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