Lancée en janvier 2015, suite aux attentats de Paris, pour « protéger et rassurer nos concitoyens », « sécuriser des points et sites sensibles définis par le ministère de l’Intérieur » et « maximiser l’effet dissuasif que procure le déploiement visible de la force armée », l’opération intérieure Sentinelle n’est pas épargnée par les critiques, comme c’est le cas dans le rapport, publié ce 12 juillet, de la commission d’enquête relative aux moyens mis en œuvre par l’État pour lutter contre le terrorisme.

« La tenue de la posture actuelle n’est pertinente ni pour les armées, ni pour la sécurité de notre pays (…). Le volume de l’opération Sentinelle devrait donc revenir à un seuil strictement nécessaire à la protection de certains points stratégiques, domaine dans lequel les armées disposent d’une réelle expertise. Du fait de leur nouvelle posture de protection terrestre, les armées pourraient naturellement intervenir ponctuellement plus massivement en cas de crise majeure », peut-on lire dans le document.

Qui plus est le rapport, reprenant les propos du général Denis Favier, le futur ex-directeur de la Gendarmerie nationale (DGGN) estime que « la menace que font peser les organisations terroristes sur notre territoire (…) ne constituent pas une rupture stratégique » car sinon, « afficher ce constat reviendrait en effet à admettre que Daesh est parvenu à conquérir une partie du territoire national » alors que « ce n’est pas le cas ».

En outre, le rapport pose la question de « l’effet dissuasif que procure la présence des militaires sur le territoire national ». Et d’ajouter : « Il est en effet très difficile aux autorités d’ajuster à la baisse le niveau de vigilance sans donner l’impression de ‘baisser la garde’ inconsidérément. »

Quoi qu’il en soit, le document donne un bilan chiffré de l’opération Sentinelle depuis son lancement. Ainsi, les militaires de Sentinelle surveillent 1.395 sites sensibles, principalement en Île-de-France. Et de souligner que les 2/3 des sites franciliens sont « désormais pris en compte par des patrouilles dynamiques, la moitié des militaires déployés continue à effectuer des gardes statiques, soit une proportion bien plus importante que celle observée pour les forces de sécurité intérieure. »

Depuis janvier 2015, avance le rapport, les militaires ont « fait usage de la force à vingt-huit reprises », dont « 17 fois en état de légitime défense, 6 en prêt de main forte aux forces de l’ordre et 5 pour des interpositions ou flagrants délits ».

Lors de cet usage de la force, les militaires ont eu recours à des techniques opérationnelles d’intervention rapprochée (TIOR) à 20 reprises. Un seul cas a nécessité l’ouverture du feu : c’était le 1er janvier dernier, à Valence, quand un trinôme Sentinelle a été attaqué par un certain Raouf El Ayeb.

Le rapport indique également que les soldats de Sentinelle ont fait l’objet de 509 provocations/insultes « répertoriées ». En réalité, affirme son auteur, le député Sébastien Pietrasanta, le nombre d’incidents est « bien supérieur ». En février 2015, le quotidien Le Monde avait déjà fait état de 371 incidents, dont des menaces verbales, des reconnaissances, de prises de vue ou de films et des agressions graves.

Enfin, les militaires de Sentinelle ont porté 151 fois secours à la population (certains cas ont été rapportés ce Zone Militaire), établi 1.302 périmètres de sécurité, assisté à 285 reprises les forces de sécurité intérieure et constaté 42 accidents de la circulation.


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