La police a arrêté samedi l’imam à l’origine de la plainte contre Rimsha, cette fillette trisomique accusée d’avoir brûlé des pages du Coran.

Plusieurs témoins affirment que le religieux a ajouté ces pages lui-même.Rebondissement de taille dans l’affaire Rimsha, l’adolescente chrétienne accusée au Pakistan de blasphème pour avoir brûlé des versets du Coran.

La police a arrêté, samedi, l’imam à l’origine de la plainte la visant.

Le responsable de la mosquée est soupçonné d’avoir falsifié les preuves à charge contre Rimsha.

Son assistant et plusieurs témoins affirment que l’imam Hafiz Mohammed Khalid Chishti a ajouté des pages du Coran aux feuilles brûlées par Rimsha.

Tout a commencé quand un voisin de Rimsha a apporté à l’imam les sacs contenant les papiers calcinés par la jeune fille.

Malgré les protestations des témoins, Chishti aurait déchiré des pages du livre saint et placé les morceaux dans le sac.

L’imam, désormais également arrêté en vertu de la loi sur le blasphème, aurait expliqué à ses compagnons que c’était la seule façon d’expulser les chrétiens de Mehrabad, un quartier à la périphérie d’Islamabad.

L’imam avait ensuite mobilisé ses fidèles et fait pression sur la police pour qu’elle arrête la jeune chrétienne.

Les relations entre communautés se sont dégradées dans le quartier populaire.

Des musulmans reprochaient aux chrétiens de jouer de la musique, qui était entendue dans le quartier au moment de la prière musulmane, et souhaitaient reprendre les terrains qu’ils occupaient.

À la suite de l’interpellation de Rimsha à la mi-août, plusieurs familles chrétiennes ont fui tandis que les parents de la jeune fille ont dû être placés sous protection policière.


«Ils ont commis ce blasphème afin de nous provoquer encore davantage. Tout ça est arrivé parce que nous n’avons pas mis fin plus tôt à leurs activités antimusulmanes», avait déclaré récemment à l’AFP l’imam Chishti au sujet de l’affaire. Crédits photo : FAROOQ NAEEM/AFP

Des pressions politiques et policières?

L’affaire Rimsha est devenue une polémique nationale.

Elle a ravivé les tensions entourant la loi sur le blasphème et mis Islamabad en mauvaise posture face à la communauté internationale.

Au Pakistan, insulter le prophète Mahomet est passible de la peine de mort et brûler un verset du Coran, de la prison à vie.

La législation est soutenue par les islamistes radicaux mais décriée par les libéraux.

Signe du malaise, le Conseil des oulémas du Pakistan, un organisme représentant des dizaines d’associations musulmanes, a, fait inédit, réclamé une enquête «impartiale et approfondie» concernant Rimsha.

L’appel des oulémas doublé de l’arrestation de l’imam Chishti semblent traduire la volonté d’apaisement des autorités.

Et pour certains, l’arrestation de Chishti ne doit rien au hasard.

L’avocat du voisin ayant accusé Rimsha a dénoncé samedi d’énormes pressions policières sur les témoins et affirme que la police a fabriqué les preuves ayant servi à arrêter l’imam Chishti.

L’interpellation du religieux survient alors qu’une audience sur une éventuelle libération conditionnelle de Rimsha est prévue lundi.

L’âge et la responsabilité de la jeune fille sont un point crucial.

Certains médias affirment qu’elle a 11 ans et est trisomique.

Un hôpital a de son côté déclaré qu’elle était âgée de 14 ans mais que ses capacités mentales étaient inférieures à son âge et qu’elle était analphabète.

L’âge compte car ses avocats souhaitent qu’elle soit déférée devant un tribunal pour enfant, qui inflige des peines généralement plus clémentes.

Le Figaro.fr Article original

Dernière Minute:

Pakistan : La chrétienne accusée de blasphème reste en prison

La jeune chrétienne pakistanaise accusée d’avoir profané le Coran devra rester en prison jusqu’à au moins vendredi car l’audience prévue lundi sur sa demande de libération conditionnelle a été reportée en raison d’une grève des avocats.

Rimsha, une adolescente illettrée âgée d’environ 14 ans qui habite le quartier pauvre de Mehrabad, à la périphérie d’Islamabad, croupit en prison depuis plus de deux semaines pour avoir, selon des voisins, brûlé des versets du Coran, un crime passible de la prison à vie au Pakistan.

Me Rao Abdur Raheem, l’avocat de son accusateur officiel, un voisin nommé Hammad Malik, a demandé lundi le nouveau report de l’audience.

« Nous avons demandé à la cour un ajournement car nous ne pouvons pas plaider aujourd’hui en raison de la grève du barreau du Pendjab », province pakistanaise où est située la capitale Islamabad, a dit à l’AFP Me Raheem.

A la demande de l’avocat de l’accusateur, le juge Mohammed Azam Khan a reporté l’audience à vendredi.

La police pakistanaise a écroué ce week-end l’imam de la mosquée voisine de la maison de Rimsha, Hafiz Mohammed Khalid Chishti, désormais accusé d’avoir introduit des pages du Coran dans les feuilles brûlées qui lui avait rapportées un voisin, et donc d’avoir lui-même profané le texte sacré de l’islam.

M. Chishti a agi de la sorte afin « d’expulser les chrétiens » du quartier populaire et mixte de Mehrabad, selon les autorités policières.

« Il n’y a plus rien qui fonde les accusations… un témoin a avoué sous serment que les preuves avaient été fabriquées », a déclaré lundi Me Raja Ikram, l’un des avocats de l’adolescente dont le cas a fait le tour du monde.

« Rimsha devrait être libérée immédiatement.

Les éléments contre elles sont faux, il n’y a donc plus aucune raison qu’elle croupisse en prison », a déclaré Shamaun Alfred Gill, porte-parole de l’Alliance des minorités pakistanaises, un organisme représentant différentes minorités au Pakistan, pays de plus de 180 millions d’habitants dont 97% sont musulmans.

AFP/03-09-2012

TAGS: Pakistan Rimsha Masih Coran Blasphème Chisti Oulémas

Mahomet Chrétiens Musulmans

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