Le monde juif s’est toujours interrogé sur le sort qui fut réservé aux dix tribus perdues après que Nabuchodonosor eût détruit le Temple de Jérusalem en -586 et qu’il eût déporté les Juifs vers la Babylonie, la Perse et l’Extrême Orient.

En dehors des « Bné Menashé » dont on est en droit de penser qu’ils sont en effet les descendants de la tribu de Menashé, pour les autres : ceux du Yémen, d’Arabie, d’Inde, de Chine ou du Japon et d’ailleurs, on ne fait que supputer qu’ils viennent de la tribu de Gad ou de Dan etc….

Au large des rives de la ville d’Assouan se trouvent de petites îles et l’une d’elles est l’île d’Eléphantine ou île d’Ieb.

Ce nom fait allusion au commerce d’ivoire qui avait lieu sur cette petite d’île d’une superficie de deux kilomètres carrés environ.

Comme souvent, par manque de documents, on ne peut connaître la date exacte de l’arrivée des juifs en Éléphantine.

Pourtant, sont évoquées deux périodes possibles de leur arrivée dans l’île, la première étant celle de l’arrivée de Juifs après que le roi Menashé régnant sur la Judée ait voulu prêter main forte au roi d’Egypte Psamétique en guerre contre la Nubie.

A cette occasion le roi Menashé aurait délégué un bataillon de soldats en Eléphantine et, la seconde éventualité étant celle qui eut lieu après la déportation de Juifs vers l’Asie, époque où une partie du peuple se serait réfugiée en Egypte au lieu de se rendre au-delà du Tigre et de l’Euphrate vers l’an -585.

Sur l’île d’Eléphantine vivaient des Egyptiens idolâtres qui avaient érigé un temple dit de Khnoum.

L’île d’Éléphantine. En bas à gauche: nilomètre du temple de Khnoum

Les Juifs eux aussi édifièrent un Temple à l’image de celui de Jérusalem où le prêtre pratiquait un culte à celui de Jérusalem avec holocaustes, offrandes et encens bien que le nom de la « divinité » se rapprochât du Tétragramme mais ils avaient enlevé la dernière lettre au Tétragramme pour ne plus qualifier le temple d’Eléphantine que, comme le Temple de Yaho ; de plus, on ne sait pour quelle raison, certains païens venaient dans l’enceinte de ce temple pour y rendre un culte idolâtre. Il semblerait que dès cette époque, un mouvement libéral ou progressiste s’était fait jour et étaient célébrés et tolérés des mariages mixtes.

Ruines du temple de Khnoum, pointe sud d’Éléphantine

 

Lors de fouilles archéologiques au début du XXème siècle une centaine d’ostracas et de papyri ont été retrouvés sur l’île d’Éléphantine en général et sur la colonie juive en particulier.

Ces papyri sont écrits en araméen langue utilisée surtout lors des échanges commerciaux – l’île faisait le commerce de l’ivoire mais aussi du granit extrait des carrières situées aux alentours de la cité.

Ces documents témoignent de la vie de la communauté étant constitués de documents juridiques et familiaux, de certificats attestant de l’affranchissement d’esclaves. Cependant ces manuscrits ne concernent que la tranche de vie allant de -495 à -398 soit 103 ans.

Une révolte éclata sur l’île fomentée par les Égyptiens qui se rendirent chez le gouverneur Perse en exercice à Assouan et à l’île d’Ieb (Eléphantine) ; soudoyé par des Égyptiens idolâtres qui rêvaient de mettre à sac le Temple des Juifs, ce gouverneur investit le Temple en détruisant tout sur son passage et en s’appropriant tous les ustensiles cultuels d’or ou d’argent.

L’épisode de la destruction du temple d’Eléphantine fut rédigé par l’un des soldats en garnison sur l’île qui ne manqua de relater le soulèvement de la communauté tout entière lors du sac du Temple.

Ezra mit les Juifs d’Eléphantine en garde sur les pratiques religieuses de la communauté qui observait des dates différentes pour les fêtes comme par exemple la fête de Pâque qui était observée selon les dates des Samaritains.

Il les mit en garde également sur les écarts causés au cours de l’exercice du culte.

Après la destruction du temple d’Ieb, Yédoniahou, prêtre (cohen) à Eléphantine s’adressa au Cohen de Jérusalem Yéhohanan pour lui demander de l’aide pour la reconstruction du lieu de culte. Cette missive resta sans réponse. Peu de temps plus tard, une seconde missive fut aussi adressée à Jérusalem et resta elle aussi sans réponse.

On est en droit de se demander pourquoi les Hiérosolomytains ne se portèrent pas au secours des frères du Nil peut-être constatèrent-ils trop de laxisme ou peut-être cette communauté constituée de soldats ne devait-elle pas s’éterniser en ces terres étrangères et ne convenait-il pas de s’investir outre mesure pour sauver ces personnes qui seraient sans doute rappelées en Judée.

Cette colonie juive a disparu et n’a laissé derrière elle que des témoignages en langues anciennes et n’a intéressé que peu de chercheurs.

Caroline Elishéva REBOUH.

 

Les Juifs gardiens de l’Egypte

Cela se passait bien avant la destruction du premier temple. En ce temps, il existait une foire aux militaires, comme en France, il n’y a pas si longtemps, la foire aux ouvriers agricoles qui avait lieu à la porte Saint Martin.

 Cette foire attirait les recruteurs de mercenaires pour le compte de leurs rois et princes.

Les sujets les plus recherchés, étaient les hébreux, reconnus comme les meilleurs pour leurs vertus guerrières et leur fidélité à leurs employeurs. On faisait affaire, le mercenaire rejoignait son poste dans le pays du souverain qui l’avait embauché, avec armes, bagages et famille.

L’histoire a gardé la trace écrite d’une de ces garnisons ; il s’agit de la colonie des Juifs d’Eléphantine au sud de l’Egypte, sur le Nil.

Ces hommes et femmes avaient pour mission de surveiller et de garder, au besoin par les armes, cette région d’où partaient les attaques en provenance de la Nubie et du Soudan, par des pillards attirés par la richesse de l’Egypte.

Les Pharaons (époque Ptoléméenne) confièrent la défense du lieu à des Juifs.
Ils reçurent de Jérusalem l’autorisation de construire un lieu de culte parce qu’ils voulaient aussi respecter leur tradition face aux prêtres égyptiens et au culte d’Amon, le dieu Bélier.

Par contre, ils ne furent jamais autorisés par le clergé de Jérusalem à procéder à des sacrifices. Ce temple est connu sous le nom de Temple d’Onias.

Une caste sacerdotale juive exista donc sur place, ce qui laisse à supposer que ces militaires furent plusieurs milliers.

Leur trace, leur vie, leur prêtre, et une foule de détails nous sont connus grâce à la découverte au début de notre siècle de papyrus dont les traductions furent publiées sous le titre de « La religion des Hebro-Araméens d’Eléphantine ».

Parmi les nombreuses anecdotes relatives à la vie de cette garnison, il y en a une que je tiens à vous relater.

Une lettre de Cléopâtre (oui celle la même que nous connaissons, surtout à propos de son nez… rien à dire, elle avait du flair !) voici ce qu’elle écrit à son frère aux prises avec une sédition à l’ouest du Delta : « Je t’adresse mes deux meilleurs généraux ; Matatiyaou et Eliyaou, ils ont valeureusement servi notre père, tu peux leur donner une entière confiance et ils t’aideront à gagner… » Fabuleux non ?

Et puis, au fil du temps, cette colonie va disparaître, vaincue par les adorateurs d’Amon qui n’avaient pas encaissé le fait que les Juifs aient pu sacrifier un bélier, un mouton pour Pessah..en fait, leur propre dieu, transformé en merguez et en brochettes.

Le Temple fut détruit. La colonie militaire s’effrita et disparut sans bruit..

De plus en plus de chercheurs s’accordent à reconnaître qu’il pourrait s’agir des Juifs d’Ethiopie.

Pour ma part, je pense que ces Juifs d’Eléphantine durent certainement emporter avec eux une copie de l’Arche d’Alliance, ce qui expliquerait le mythe que celle-ci se trouverait à Lalibela en Ethiopie à l’intérieur d’une église.

Les Ethiopiens chrétiens la sortent une fois par an et elle reçoit alors la vénération du peuple. En éthiopien, elle s’appelle « Tabote », curieux lorsqu’on sait que les Juifs de Tunisie désignent sous ce nom la boite, le cercueil, la teva…

Paul Uzan 

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