Quelle sera la position de la France désormais sur la question nucléaire en Iran? On savait Nicolas Sarkozy très « faucon ». François Hollande a promis une ligne tout aussi « dure ». Jusqu’à assumer le clash et la guerre ?
Devant les micros, la ligne de Paris est claire: il faut continuer à taper sur l’Iran. Mais dans les coulisses, les choses sont plus nuancées. Car bien des socialistes, fins connaisseurs des méandres persans, tentent d’intervenir au plus haut niveau pour qu’une inflexion à « l’héritage Sarkozy » soit désormais apportée.

Les grandes puissances et l’Iran tentent de sauver les négociations de Bagdad sur le programme nucléaire iranien, en obtenant un accord minimal sur une poursuite des discussions.

Au Quai d’Orsay, où Laurent Fabius entend revendiquer seul les manettes, alors que le sujet a, des années durant, été géré uniquement depuis l’Elysée, on écoute pour l’instant tout le monde. Car on sait que le nucléaire iranien implique par ricochet bien des dossiers brûlants de politique internationale.

Plusieurs diplomates sont sceptiques sur l’efficacité des sanctions, alors que la crise qui s’accélère joue contre l’unité européenne. D’ailleurs, les Occidentaux n’ont-ils pas cédé aux Russes en acceptant de revenir à la table des négociations avec Téhéran, alors que nombre de spécialistes doutent plus que jamais de la volonté réelle des Iraniens d’abandonner l’enrichissement d’uranium à 20%, à court comme à moyen terme? Si les sanctions sont efficaces, alors rien ne sert de faire semblant de discuter, comme du temps de la « carotte et du bâton ». Cela donne une tribune aux Iraniens, seuls contre les cinq grandes puissances.

Au siège de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), de nombreuses délégations ont demandé à Yukiya Amano, le directeur général, d’afficher avec moins d’aplomb sa proximité avec les Américains. C’est aussi en vue de sa réélection, loin d’être assurée, que celui qui a affirmé en novembre que l’Iran avait tenté d’avoir la bombe a entrepris son voyage du début de la semaine, à Téhéran. Il en est revenu en affichant pour la première fois une coopération « satisfaisante » des Iraniens avec son agence, souvent qualifiée de « gendarme du nucléaire ».

L’EXPRESS

————————–

Iran : les discussions sur le nucléaire piétinent

Un nouveau round de négociations entre Téhéran et les grandes puissances est envisagé.

Réunies pendant deux jours à Bagdad pour tenter de lever l’impasse diplomatique qui dure depuis dix ans sur le dossier nucléaire iranien, les grandes puissances ont réussi, jeudi soir, à obtenir un accord sur un prochain round de discussions. Une formule obtenue à l’arraché, qui ne masque pas l’échec de la rencontre avec les représentants iraniens. Les négociations sur le fond n’ont en effet pas progressé. La partie iranienne a évoqué un «très mauvais climat», une ambiance «difficile», dénoncé les «conditions ambiguës» émises par les grandes puissances et réclamé une «révision» de leur position. Les responsables américains ont quant à eux reconnu «de profondes divergences» avec les négociateurs iraniens.

La question centrale tourne autour de l’enrichissement de l’uranium à 20 %, considéré comme un seuil permettant d’atteindre très vite les 90 % nécessaires pour fabriquer une bombe nucléaire. Les Iraniens espéraient une levée immédiate d’une partie des sanctions en échange de concessions sur la question. Mais le groupe des 5 + 1 – les membres permanents du Conseil de sécurité et l’Allemagne – exige d’abord des preuves de la bonne foi iranienne.

Sur le terrain, la République islamique continue d’emprunter la direction in­verse. Dans son rapport trimestriel qui doit être rendu vendredi, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) révèle, selon des fuites, que l’Iran a installé 350 nouvelles centrifugeuses à Fordow, près de Qom, un site clandestin et enterré sous une montagne, à l’abri d’éventuelles frappes israéliennes. Dans son précédent compte rendu, en novembre, l’agence de l’ONU avait déjà affirmé que la mise en service de 700 premières centrifugeuses à Fordow avait permis à l’Iran de tripler ses capacités de production d’uranium enrichi à 20 % depuis la fin 2011.

Marge de manœuvre étroite

Même si les nouvelles usines ne sont pas encore en service, l’accélération du dispositif mis en place à Fordow prouve que les autorités iraniennes n’ont guère l’intention de céder sur le fond et de ralentir leur marche vers la bombe. Selon l’ancien inspecteur en chef de l’AIEA, Olli Heinonen, l’Iran pourrait, à ce rythme, obtenir suffisamment d’uranium enrichi pour pouvoir le transformer en bombe nucléaire dans six mois.

Six mois, c’est exactement la date de l’élection présidentielle aux États-Unis, où Barack Obama est mis en difficulté par son rival républicain. C’est aussi la ligne rouge tracée par les Israéliens, qui menacent d’utiliser la force pour empêcher ou retarder l’avè­nement d’un Iran nucléaire.

La marge de manœuvre de l’Administration américaine est donc particulièrement étroite. Barack Obama tente de ralentir la marche du programme nucléaire iranien afin que le dossier ne vienne pas perturber sa réélection, tout en évitant une réaction militaire israélienne préventive. Ne surtout pas rompre le dialogue. C’est la raison pour laquelle, malgré le peu de progrès enregistré aux pourparlers de Bagdad, les grandes puissances voulaient à tout prix convaincre les Iraniens d’accepter le principe de réunions régulières.

Le Figaro.Fr

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
filon

Il est temps d’y aller en effet meme si cela nous plait pas, plus jamais ca!

Armand Maruani

Ils vont nous amuser encore longtemps ? Obama joue le double jeu . Poutine les soutient . l’Europe joue la montre depuis des années . L’horloge tourne et nous sommes au bord du gouffre . Je pense qu’il est temps d’y aller . Seul ou accompagné , il y va de notre existence . Nous sommes les seuls sur la planète dans cette situation , où l’on remet à chaque fois notre existence en question devant l’indifférence générale .