Rien n’unit les participants au Mouvement des Non-Alignés hormis la haine d’Israël.

C’est une constante dans toutes les réunions internationales où les pays musulmans sont conviés.

Le spectacle est désolant à Téhéran tandis que les délégations n’hésitent pas à s’invectiver entre elles à la tribune d’une conférence qui a dévoyé les principes premiers de ses illustres fondateurs.
Le prestige de 2009


Kadhafi à la conférence de 2009

Cette conférence ne peut être comparée en prestige à celle d’Égypte en 2009 durant laquelle de nombreux chefs d’État ont assisté en personne, à l’instar du roi d’Arabie, du président tunisien Ben Ali, du président algérien Bouteflika et d’autres pays qui n’ont été représentés cette année que par leur ministre des affaires étrangères.

Certains ont même refusé de s’afficher à Téhéran de crainte d’être mal vus des américains et de l’Europe en particulier. L’absence totale de l’Algérie donne à penser que l’Iran n’y est pas en odeur de sainteté.


Boutéflika et Ahmadinejad

En revanche, l’Iran se serait bien passé de la présence de deux dirigeants africains, Omar el-Béchir et Robert Mugabe. Le premier est poursuivi par la Cour pénale internationale (CPI) tandis que le second est dans le collimateur de la communauté internationale.

Mais ils sont en fait en très bonne compagnie avec d’autres dictateurs plus discrets.

D’accord sur rien


Morsi et Ahmadinejad

Périodiquement, tous les trois ans, les ennemis d’Israël se réunissent pour se convaincre qu’ils ne sont toujours d’accord sur rien.

Leur union aurait d’ailleurs été dangereuse pour les juifs et tant qu’ils sont occupés à se déchirer, l’État d’Israël ne craint pas la surenchère des paroles vaines et des menaces verbales non voilées.

Israël doit discrètement se féliciter de ces dissensions entre pays n’ayant en commun que l’islam.

Tout a d’abord commencé avec le président égyptien Morsi qui s’en est pris au régime de Bassar Al-Assad avec une telle violence que la délégation syrienne, dirigée par le premier ministre Waël al-Halaqi, a quitté la salle.

Le président égyptien avait dénoncé le soutien iranien au «régime oppressif syrien qui a perdu sa légitimité».

En s’en prenant à la Syrie, il s’en prenait sans ménagement à l’Iran qui défend le régime syrien.


Délégation syrienne

Morsi n’a pas lésiné sur la sémantique :

«La révolution en Égypte était un pilier du printemps arabe, elle a commencé quelques jours après la Tunisie, a été suivie par la Libye et le Yémen.

Et, aujourd’hui notre solidarité avec la lutte que mènent les syriens contre un régime oppressif qui a perdu sa légitimité est un devoir moral et une nécessité politique et stratégique».

La décision d’élever le niveau des relations diplomatiques, rompues entre les deux pays, risque de tarder d’autant plus que l’Iran n’a pas hésité à censurer le discours du président égyptien, d’abord lors de la traduction simultanée, et ensuite dans la presse puisque systématiquement le mot «Syrie» a été remplacé par «Bahreïn».

Le tout pour accréditer l’idée que Morsi attaquait l’allié de l’Arabie saoudite et non la Syrie.

Le Liban à la traine


Sleimane et Khamenei

Le président libanais, Michel Sleiman, a fait lui aussi acte d’allégeance au régime des mollahs. Reçu d’abord par Mahmoud Ahmadinejad, il a eu l’honneur de rencontrer le guide suprême de la République islamique d’Iran, Ali Khamenei.
Les deux hommes se sont mis d’accord sur «la nécessité d’épargner au Liban les répercussions négatives des événements de la région et sur une meilleure mise en application des principes de non-alignement». Ils n’ont pas précisé à quel alignement ils faisaient référence.

Il est vrai que le président libanais doit son poste à la volonté de Bassar Al-Assad qui l’a imposé et il lui est donc difficile de renier celui qui l’a fait, bien qu’il fasse beaucoup d’efforts pour affirmer son indépendance.

Il n’a jamais prouvé sa neutralité vis-à-vis d’Israël et il se voulait plutôt activiste en refusant le désarmement du Hezbollah et en qualifiant ses militants de résistants.

Il feint de croire qu’il le contrôle alors qu’Hassan Nasrallah a toujours prouvé qu’il restait le décisionnaire.

Dans un récent discours, le chef du Hezbollah avait précisé qu’il était prêt à riposter à Israël sans demander l’autorisation au gouvernement libanais.

Effectivement, intégré au gouvernement, il estime être partie prenante dans les décisions concernant le Liban.


Nasrallah et Mikati

C’est pourquoi Michel Sleiman doit caresser dans le sens du poil une organisation terroriste, financée et armée par l’Iran, s’il veut la sécurité, la stabilité, la paix civile et l’unité du territoire, du peuple et des institutions.

Il a surtout été prévenu qu’en cas d’action unilatérale du Hezbollah, ses infrastructures industrielles seraient en priorité rasées par l’État juif.

Les palestiniens à la peine

Le Mouvement des non-alignés a entériné la rupture entre palestiniens puisque seul Mahmoud Abbas a été présent à la conférence alors que ni Ismaël Haniyeh et ni Khaled Mechaal n’ont été invités.

Le leader de Gaza, dont la doctrine est issue des Frères musulmans, a été sacrifié sur l’autel de la mise à l’écart de la Syrie.

Pourtant les iraniens ont une position dure sur la question palestinienne mais ils ont choisi le dirigeant palestinien qui reconnait Israël en écartant le Hamas qui prône une lutte sans concession contre l’Etat juif.


Khaled Mechaal et un responsable du mouvement palestinien Moussa Abou Marzouk dans un camp de réfugiés palestiniens à Yarmouk, en Syrie

Les deux dirigeants du Hamas paient leur proximité et leur grande compromission avec Bassar Al-Assad.

Ils pouvaient difficilement se retrouver aux côtés du président Morsi qui tient à redonner son aura au chef de l’Autorité palestinienne qui n’était pourtant pas un proche du régime syrien.

Mahmoud Abbas retrouve son rôle fédérateur en négociant directement avec Michel Sleiman la situation des réfugiés palestiniens qui ont fui la Syrie et qui risquent de poser des problèmes sécuritaire au Liban.

A l’heure où ce texte est publié, aucune motion n’a encore été votée par les représentants des Non-Alignés mais il est à prévoir qu’ils camoufleront leurs dissensions à travers le combat contre Israël qui soudera une assemblée de bric et de broc.

Jacques Benillouche Article original

copyright © Temps et Contretemps

TAGS : MNA Ahmadinejad Iran Mikati Mechaal Hamas Abbas Boutlefika

Ligue Arabe Syrie Assad Morsi Slaimane Hezbollah

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Armand Maruani

Les pays arabes devraient être reconnaissants envers Israël . En effet c’est grâce à lui qu’ils ne s’entre-tuent pas et qu’ils entretiennent un semblant d’unité . Heureusement pour nous qu’au fond ils se méfient et ne se font aucune confiance . C’est leur côté félon et peu fiable qui font que cette unité de façade ne dure jamais . Hachem fait bien les choses et avec beaucoup de finesse .