A man stands in front of a picture of Mireille Knoll and a message announcing a "Marche Blanche" condemning the alleged antisemitic motive for of her killing, placed on the fence surrounding her building in Paris on March 27, 2018, after she was found dead in her apartment on March 23 by firefighters called to extinguish a blaze. Two people have been charged with the murder of an 85-year-old French Jewish woman, who was stabbed and whose body was then set alight in a crime being treated as anti-Semitic, a judicial source said on March 27, 2018. / AFP / Lionel BONAVENTURE

La marche blanche qui a eu lieu, le 28 mars à Paris, était-il le meilleur moyen de rendre hommage à Mireille Knoll? Les crimes antisémites, qui se multiplient en France, réclamaient plutôt un défilé de la colère.

Avant même de s’être ébranlée pour parcourir les rues de Paris, la « marche blanche » initiée par le CRIF en mémoire de Mireille Knoll, sauvagement assassinée par deux voyous déclenche, sur les réseaux sociaux, une polémique indécente.

« De quoi se mêle le CRIF ! », hurle-t-on dans les commentaires anonymes, mais pas seulement. Même Guillaume Erner, dans son billet d’humeur de chef des « Matins » de France Culture, dénie à ce rassemblement d’une cinquantaine d’associations juives le droit de parler au nom d’une communauté.

La marche blanche n’est pas l’hommage approprié

En un tournemain, on transforme l’émotion suscitée par un abominable crime, dont la composante antisémite ne semble pas faire de doutes, même pour des juges ordinairement plutôt réticents à prononcer ce genre d’incrimination, en un procès en règle d’une association de défense des intérêts moraux des Juifs de France.

Le président du CRIF, Francis Kalifat, porte, certes, une certaine responsabilité dans la confusion ambiante.

A lire aussi: Mireille Knoll / Trèbes: le franc-parler de Boutih, la langue de bois de Castaner

Le choix du mode d’expression de l’inquiétude grandissante des Juifs de France soumis, depuis près de deux décennies aux agressions des antisémites issus du monde arabo-musulman, la marche blanche, n’était pas, en l’occurrence, le plus adéquat.

Ce modèle de défilé de masse est né en 1998, à Bruxelles, lors de la découverte des crimes pédophiles en série commis par Marc Dutroux. La marche blanche n’est pas décrétée d’en haut, mais émerge de la base, dans une communauté traumatisée par l’horreur de crimes perpétrés par des pervers isolés, hors de tout contexte politique et idéologique.

C’est un mouvement spontané en faveur des proches des victimes, auxquelles on s’identifie, car ce malheur aurait pu frapper tout un chacun.

D’ailleurs, dans ces marches blanches, les responsables politiques, nationaux ou locaux se font discrets : ils viennent sans écharpe tricolore, mêlés à la foule anonyme et désemparée devant un événement totalement apolitique, ne renvoyant qu’à la persistance, au sein de la communauté des humains, d’un mal dont seul l’individu qui le commet est la cause. Voir Nordahl Lelandais.

Pas un crime ordinaire

L’affaire Mireille Knoll est totalement différente. Elle s’inscrit dans la trop longue série des crimes antijuifs perpétrés par des individus dont le degré d’appartenance au terrorisme islamiste type Daesh peut varier, mais qui sont tous issus d’un environnement où la haine des Juifs fait partie de la culture.

De l’incivilité du quotidien au massacre de l’Hyper Cacher de Vincennes, il existe un continuum : des sourates du Coran aux prêches diffusés par Al Jazeera, en passant par la régulière stigmatisation d’Israël pratiquée sur nos chaînes nationales, tout concourt à faire du harcèlement des juifs une pratique excusable, sinon recommandable.

Pourquoi se priver de tuer des Juifs en France alors que ces derniers massacrent nos frères à Gaza ? Ce discours de fausse évidence, lié au fantasme des Juifs tous riches et manipulateurs des pouvoirs constitue le fond de l’air dans nombre de quartiers. L’idéologie bisounoursique du « vivre ensemble » n’a pas montré, jusque-là de résultats probants, même si ses promoteurs sont souvent de bonne foi.

Ceux qui attaquent aujourd’hui le CRIF continuent à vouloir « individualiser » les crimes commis par des individus relevant de cette culture, en les psychiatrisant, ou en les mettant sur le compte de l’exclusion et la discrimination dont leurs auteurs auraient été les victimes.

Non, ces meurtriers ne sont pas les produits de notre société, mais ceux de la contre-société qui s’est établie dans des territoires de notre République. Cette contre-société a remporté quelques victoires, comme l’épuration ethnique insidieuse de ces Juifs qui ne peuvent demeurer dans certaines communes.

Ceux qui ne veulent ou ne peuvent pas partir en Israël choisissent « l’Alyah intérieure », fuyant les banlieues islamisées pour des quartiers plus sûrs, et mettent leurs enfants à l’abri du harcèlement dans des écoles juives, ou même dans des établissements privés catholiques. C’est de tout cela qu’il a été question dans la marche du 28 mars, qui n’a pas été une marche blanche, mais un défilé de la colère.

Luc Rosenzweig –

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

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blum

@ Luc Rozenzweig ::: Les meurtriers de Mme Knoll appliquent le coran. Point.
N’allez pas leur chercher des histoires de « contre-société », ou Dieu sait
quelle excuse.
Ils sont bardés d’alloc. , de subsides, de personnels éducatifs, sociaux,
bénéficient de logements sociaux…
Ils savent qu’en France, tuer du juif est, de fait, impuni.
Quant à M. Kalifat, président du Crif, il n’a pas à prononcer d’anathèmes.
Le fils de la victime, ne l’a pas fait, lui. Il a dit à JJ. Bourdin , dans une
courte vidéo d’info. que j’ai vue, que M. Kalifat « faisait de la politique ».

Richard MALKA

Ce n’est pas à la communauté Juives de rassembler la France, c’est le rôle du chef de l’état.
NI LE FN, NI MECHANCON NI AUCUN Partie politique n’avaient leur place dans cette marche blanche car ils sont tous responsables de cette situation désastreuses de la France avec leurs 40 ans de politique arabes de ce pays.
Le Crif doit arrêter de jouer les imbéciles utiles de cette politique avec la plus grande méfiance envers les pervers.
Comme l’explique Très bien Mr ROSENWEIG, les médias ont très vite retourner le problème.

Michael Amsellem

La marche blanche était une bonne idée.. mais il fallait la faire jusqu’au bout…
C’est grace à l’appel du Coeur du fils Daniel Knoll, qui a suscité l’adhesion médiatique, et a travers eux l’adhesion nationale… représenté par toute la classe politique…
C’est cette reconnaissance que la communauté attendait depuis presque 20 ans…
Ils ont tendu la main, avec humilité dans ce moment si particulier…
Et qu’est ce qui se passe…
La « communauté » la rejette…
C’est deja indigne, On ne rejette pas des gens… On joue l’apaisement, le recueillement mais en plus, c’est improductif sur toute la ligne…
La communauté nationale, qui avait trouvé le matin meme un peu de fierté avec la trouvaille trop rare d’un héros…
Et voila que dans l’après midi… on se défausse… on s’auto exclue… en refusant ostensiblement l’unité…
Les Français, le peuple, a travers tous les commentateurs médiatiques ne comprennent pas…
Il devient légitime de critiquer le Crif…et ainsi de critiquer les Juifs…
Dommage…On perd en crédibilité…
Ou tant mieux.. on devient humain… pas pas un coté sublime de notre existence, mais par le coté faible… certain disent pathétique…
Dommage… ce n’est pas comme si Daniel Knoll ne nous avait pas donné la voie…

Danielle

On a eu tort de refouler, Mélenchon et Le Pen, ils font partie des Français !
Si j’ai bien compris, tous les Juifs de France devront se construire un mur de protection et se mêler à la foule sans qu’on s’aperçoive qu’ils sont Juifs.
Plus familièrement, se cacher ! et ça recommence ! jusqu’à quand ???

alexandra

Excellent article.

amsallem

Vous défendez le Crif c’est votre droit , mais il a fait une grave erreur strategique en politisant la marche blanche et ne respectant pas les souhaits du fils de la victime , consternant pour une fois qu’il y avait cohésion sur ce sujet si douloureux et trop longtemps occulté , triste .

amsallem

Vous défendez le Crif

Marc

Qui?