French President Emmanuel Macron (R) greets former French president Nicolas Sarkozy for a ceremony at the Elysee Palace to celebrate Paris as host for the 2024 Summer Olympic Games, France, September 15, 2017. REUTERS/Charles Platiau

CHARLES PLATIAU / REUTERSEmmanuel Macron salue Nicolas Sarkozy avant une cérémonie au palais de l’Élysée, le 15 septembre 2017.

Que faut-il voir derrière la photo? Dimanche, sur le plateau des Glières, Emmanuel Macron et Nicolas Sarkozy commémoreront ensemble le 75e anniversaire des combats de la Résistance en Haute-Savoie.

Le chef de l’État a invité son prédécesseur qui avait fait de ce plateau un lieu de pèlerinage où il est venu chaque année de son quinquennat. “Il a contribué à ancrer les commémorations dans la mémoire collective”, fait-on remarquer à l’Élysée pour justifier ce déplacement en commun.

Les deux présidents voyageront ensemble jusque dans les Alpes. Une attention qui, pour certains, dépasse le seul cadre du respect dû à la fonction présidentielle. Elle illustrerait même un rapprochement voire une filiation entre deux hommes politiques que tout semblait pourtant opposer.

Après l’avoir exposé dans son livre “Chaos”, l’ancien ministre sarkozyste Frédéric Lefebvre, désormais soutien d’Emmanuel Macron, théorise ce parallèle.

“Il y a un intérêt mutuel sincère entre eux: ceux qui ont un charisme atypique, aussi hors-norme, se reconnaissent, comme deux stars de cinéma dans un restaurant. Ils ont la rupture en partage: tous deux ont franchi des Rubicon dans leurs propres camps. Et puis ils appartiennent au club restreint des présidents qui ne se sont jamais affrontés”, expose-t-il.

Sans éluder les intérêts mutuels de l’un comme de l’autre dans ce rapprochement. Nicolas Sarkozy utiliserait Emmanuel Macron pour rester dans le jeu quand l’actuel chef de l’État, venu des rangs de la gauche, compléterait son ouverture à droite grâce à son prédécesseur.

L’ouverture, un concept théorisé en 2007 qui a trouvé un aboutissement dix ans plus tard; non seulement dans le premier gouvernement qui allait de Nicolas Hulot à Bruno Le Maire mais aussi dans la liste LREM pour les élections européennes qui s’apparente à une coalition allant de l’écologiste Pascal Canfin à la juppéiste Fabienne Keller .

Le macronisme est-il un sarkozysme?

Observateur de la vie politique depuis plusieurs décennies, le politologue Luc Rouban voit un autre point commun. “Il y a quelque chose du style de Nicolas Sarkozy chez Emmanuel Macron. On le retrouve dans ce verbe haut qui conduit souvent à prononcer des phrases malheureuses ou dans cette volonté d’asseoir un pouvoir assez personnel avec une concentration du pouvoir à l’Élysée”, explique le chercheur du Cevipof, auteur du livre “Le paradoxe du macronisme”.

“Plusieurs aspects de leur personnalité peuvent les rapprocher: une énergie inépuisable, la volonté d’agir vite, les changements de rythme et de séquences incessants”, confiait aussi dans L’Opinion le conseiller en communication Pierre Giacometti qui a longtemps aiguillé Nicolas Sarkozy.

Cette ressemblance n’est sans doute pas étrangère à la complicité entre les deux hommes. Emmanuel Macron ne cache pas que dans la crise des gilets jaunes, son prédécesseur a été une source d’inspiration.

Il l’a ainsi reçu à l’Élysée, en décembre, à la veille du quatrième samedi de mobilisation et à quelques jours de son allocution télévisée. Qu’a-t-il annoncé ce soir-là ? Un grand débat, oui, mais aussi un plan de dix milliards d’euros contenant des mesures empruntées au logiciel de Nicolas Sarkozy.

“Sur le plan des idées, tous deux revendiquent l’importance de la valeur travail”, justifie Pierre Giacometti.

Quand Emmanuel Macron augmente le pouvoir d’achat des moins favorisés, c’est par une revalorisation de la prime d’activité touchée par les travailleurs qu’il le fait.

Et quand il désocialise les heures supplémentaires, il copie-colle la défiscalisation des heures sup’ lancée par Nicolas Sarkozy en 2007 pour décliner son fameux “travailler plus pour gagner plus”.

”Ce n’est pas Nicolas Sarkozy qui se convertit au macronisme, mais Emmanuel Macron qui se convertit au sarkozysme”, saluait alors dans Le JDD le député LR Philippe Gosselin.

″Écouter le Sarkozy du ‘travailler plus pour gagner plus’ et s’inspirer de la manière dont cet ancien président, lui aussi détesté par une partie des Français, a réussi à conserver son socle de soutien ne me pose pas de problème.

Mais à une condition: que l’on ne reprenne pas sa ligne en matière d’identité et d’immigration”, mettait en garde en décembre dans Le Monde le député Aurélien Taché, tenant de l’aile gauche de LREM.

Blanquer et Darmanin appliquent la méthode

Depuis, le parallèle ne s’est pas arrêté. Quand Jean-Michel Blanquer tente ce jeudi de rassurer les professeurs sur leurs conditions de travail, que leur dit-il?

“Certes nous supprimons des postes, mais nous créons des heures supplémentaires”, a lancé le ministre de l’Éducation nationale. Et quand l’ancien directeur de campagne de Nicolas Sarkozy devenu ministre du Budget (Gérald Darmanin) présente mercredi sa réforme de la fonction publique, il reprend le credo sarkozyste de l’efficacité: “faire mieux avec moins”. Lire la suite Le HuffPost

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