Solange Speiser, enfant juive, a été cachée pendant la Seconde Guerre mondiale par Lucienne et Albert Jouvelin, cultivateurs à Lormaye, en Eure-et-Loir. © agence de Chartres
Comment Solange, enfant juive, a été sauvée de la déportation par un couple de Lormaye, en Eure-et-Loir
Le 6 juin 1944, alors que les Alliés débarquent sur les plages de Normandie, Solange Speiser, 13 ans, passe avec succès l’examen du certificat d’études, à Lormaye, près de Nogent-le-Roi.
Depuis juillet 1942, cette enfant juive est cachée dans la ferme d’Albert et Lucienne Jouvelin, au lieu-dit Chanvres, à Lormaye.
Avec la complicité de la directrice de l’école du village, Berthe Polvé, ce couple de cultivateurs euréliens a risqué sa vie pour sauver celle de cette petite Parisienne, envoyée par sa mère à la campagne, au lendemain de la rafle du Vélodrome d’Hiver.
Solange, petite fille juive, sauvée de la déportation par un couple de fermiers à Lormaye
Aujourd’hui âgée de 88 ans, Solange Lehmann (de son nom d’épouse) n’a rien oublié de cette période. C’est avec beaucoup d’émotion qu’elle reviendra en Eure-et-Loir, dimanche 15 septembre, pour participer à l’inauguration d’un nouveau lieu de mémoire : les Jardins des Justes parmi les Nations, qui jouxtent la mairie de Lormaye.
Une plaque en hommage à Lucienne et Albert Jouvelin, décédés en 1955 et en 1987, sera dévoilée.
« Je suis en vie grâce à Lucienne et Albert Jouvelin. À Lormaye, je ne portais plus l’étoile jaune. Il y a eu des moments d’angoisse, car pour aller à l’école, je devais passer devant la Kommandantur. »
Solange Lehmann
Dimanche 15 septembre, Solange Lehmann retrouvera Patrick Jouvelin, l’un des petits-fils d’Albert et Lucienne, également adjoint au maire de Lormaye, qui a œuvré à la préparation de cette cérémonie.
« Mon grand-père était très réservé. Enfant, quand je venais en vacances chez lui, il me racontait sa guerre, celle de 14-18. Mais jamais, il ne m’a parlé de Solange ; ma mère non plus », confie Patrick Jouvelin.
La commune n’oublie pas ses Justes
C’est seulement en 2005 que le retraité apprend l’existence de Solange Lehmann, alors qu’elle commence à entreprendre des démarches pour honorer la mémoire d’Albert et Lucienne Jouvelin.
Le 1er février 2017, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné, de façon posthume, le titre de Juste parmi les Nations à Lucienne et Albert Jouvelin.
À Dreux, l’école de Bû porte le nom d’un couple d’instituteurs reconnu Juste parmi les Nations
Justes. Vingt-huit habitants d’Eure-et-Loir ont été nommés Justes, depuis 1996. Germaine et Adrien Philippe ont été les premiers à obtenir cette distinction dans le département, pour avoir caché une petite fille juive chez eux, à Beaumont-les-Autels.
Achem benit ce couple de justes parmi les nations
ils reposent en paix avec Achem