L’ISLAMOPHOBIE: UN CONCEPT AUX USAGES MULTIPLES

Shmuel Trigano

 

La  manifestation contre l’islamophobie nous a donné à constater deux faits: elle s’est déroulée sous les drapeaux palestiniens et sous le signe de l’étoile jaune. Bien sûr… à cinq branches, selon l’expertise très avisée d’une sénatrice. En somme, les victimes de l’islamophobie française s’identifient aux Palestiniens et  à une souffrance semblable à celle des victimes du nazisme, comme si la manifestation était clairement dirigée contre Israël. Un double message subliminal était ainsi lancé  : Israël est le bourreau du génocide dont sont victimes les Palestiniens. Les nombreuses affichettes jaunes, placardées sur le parcours de la manifestation, « rappelaient » le « génocide de Gaza » tandis que l’étoile à cinq branches identifiaient le « génocide de Gaza »  au génocide des Juifs (moins une branche). Il y avait aussi des drapeaux français qui, par déduction du génocide des Juifs, accusaient la République actuelle d’être la France de Vichy en raison de sa législation « discriminatoire »  envers les musulmans. L’ironie de l’histoire, soit dit en passant, veut que c’est l’islam qui a inventé au Moyen âge le marquage jaune des Juifs avant que  l’Occident chrétien ne l’adopte.

Ce double message, gravissime, a la potentialité de justifier en principe tout passage à l’acte. C’est ce qu’entend une partie de l’opinion, depuis le « Français Mohamed Merah », déclarant « venger les enfants de Gaza » quand il assassinait des enfants juifs français, jusqu’à Hubert Védrine, « comprenant » (maladroitement, on l’espère)  en 2001, les agressions des « jeunes » envers des Juifs français, vu ce qu' »Israël faisait aux Palestiniens ».

En tout cas, dans la pratique, ce message intime le silence sur la matérialité des agressions quand elles se produisent. Un rituel en est né sous l’injonction du « pas d’amalgame » en forme d’interdit qui se nourrit d’une repentance occidentale culpabilisée (notamment vichyste, mais aussi coloniale). On comprend, à ce stade, l’importance de l’instrumentalisation de la mémoire de la Shoah.

 

Le concept d’islamophobie vise ainsi à rendre illisibles les actes d’agression dont sont l’objet les Juifs de France depuis 20 ans, sous la menace (judiciaire!) d’accusation de racisme et d’islamophobie. Les affaires que l’on connaît, depuis les meurtres d’Ilan Halimi jusqu’à Sarah Halimi, en passant Mireille Knohl et les victimes de Merah, significatives de ce syndrome. Si le concept d’islamophobie vise, plus largement, à la sanctuarisation juridique de l’islam dans sa globalité en Occident, nous constatons qu’il se double d’une concurrence identitaire avec les Juifs, aux origines religieuses  très archaïques.

Il faut quand même le faire: convoquer la Shoah et le « génocide » dont les Palestiniens souffriraient sous la main d’Israël pour lutter contre une supposée discrimination en France!

Dans ce contre-jour, il apparaît clairement que le discours sur Israël, partial et biaisé, qui courre, depuis 20 ans, dans les médias  français a ouvert la porte à la montée sur la scène d’un islam politique français qui a compris que l’antisionisme ambiant lui donnait le feu vert pour pousser ses pions en France même. Si l’opinion publique française a cru inconsciemment qu’elle pouvait l’amadouer en épousant son credo anti-israélien, elle s’est fourvoyée. La France est en première ligne, si Israël est désigné comme objet de vindicte et de ressentiment.

Il faut rappeler deux faits pour mesurer cette réalité. Tout d’abord, l’immense manipulation palestinienne qui a nom « Nakba », qui a transformé en un génocide semblable à la Shoah, la défaite d’une guerre d’extermination contre les Juifs, lancée en 1948, par l’ensemble du monde arabo-musulman et dans laquelle les Palestiniens étaient partie prenante. Ensuite, l’escamotage stupéfiant de l’expulsion et de la spoliation à la même époque de 600 000 Juifs originaires des pays arabes, devenus israéliens au moment où 600 000 Palestiniens partaient sur les routes de l’exil. Ces deux manipulations fondent le mensonge palestinien sur la Nakba qui a cours en Occident.

Néanmoins drapeaux palestiniens et étoiles crypto-juives ne sont que le bruit de fond du véritable objectif du concept d’islamophobie, un objectif politique et franco- français. Il met en scène la parade « morale », « humanitaire », « droits-de-l’hommiste »  qui vise à l’obtention, à long terme, du statut de « communauté » ethnico-religieuse régie par ses propres lois, « à côté » de la République. C’est exactement le sens du « Vivre ensemble », qui  n’est pas l' »être ensemble » propre à la citoyenneté. C’est la doctrine de l’imam  Qaradawi, » chef de la fatwa pour l’Europe », qui siège au Qatar et développe une charia pour les communautés musulmanes d’Europe (1).

Shmuel Trigano

 

Photos journal

(1)Voir , sur ce thème, Shamaï Fishman, « La doctrine de la jurisprudence de la minorité musulmane selon Tariq Ramadan et le cheikh Taha Jabir al-Alwani, une approche par la terminologie arabe » in Le double langage des islamistes d’Occident. Publié par l’Observatoire du monde juif, Dossiers et documents n° 4 Le discours de l’ilam radical, Citoyenneté, démocratie, Occident. Accès gratuit: http://obs.monde.juif.free.fr/pdf/discours_islam.pdf

* paru sous une autre forme dans le Journal Actualité juive, le 21 novembre 2019

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Bonaparte

On a créé le mot  » islamophobie  » pour faire oublier celui d » antisémitisme  » qui devenait trop encombrant .

On déchire les pages du cahier d’Histoire des Juifs et d’Israël et on recommence avec des pages blanches en passant le stylo à Mohamed et Ali .

Et le tour est joué .

Madredios

Ces ânes d’arabes croient que la Shoah est un plat exotique arabo-musulmanien.
Mais kesskilssonbêtes ces h’mars d’arabes.