Les juifs castelroussins au Moyen Âge

En 1997 la Mairie de Châteauroux autorise la construction de 28 logements sur une parcelle triangulaire, entre la rue des Marins – ancienne rue de la juiverie – et la rue Ernest Renan.

Monsieur René Peucherat, président des amis du vieux Châteauroux prévient que le lieu est susceptible d’abriter les vestiges d’un ancien cimetière juif médiéval indiqué sur un plan du XVIIIe siècle.

Sur cette parcelle de 575 m² on creuse des tranchées de diagnostic qui révèlent la présence de vestiges humains.

Philippe Blanchard de l’INRAP (Institut National de Recherches Archéologiques Préventives) va mettre à jour 10 tombes d’enfants de 6 mois à 8 ans, pas de stèle, pas d’inscription, faible échantillon ; il est difficile de reconnaître un cimetière juif.

En 2019, une nouvelle campagne de fouilles cherche à confirmer des liens entre ce lieu et la présence d’une communauté juive.

Un plus grand nombre de sépultures permettrait d’analyser les pratiques rituelles funéraires, de déterminer des éléments de la population juive de l’époque – âges – sexes-état sanitaire, et de préciser la date d’utilisation du cimetière.

Les recherches permettent de mettre à jour 46 tombes du 12e au 14e siècle abritant des adultes et de grands adolescents inhumés en cercueils (restes inattendus d’éléments en bois).

Les fosses sont organisées en rangs parallèles, très proches les unes des autres, impliquant une gestion rigoureuse de l’espace.

Les corps sont orientés est ouest la tête vers l’ouest. P. Blanchard écrit « ce qui est important, c’est la disposition des mains ; les mains du défunt longent le corps, elles sont placées le long des cuisses, elles ne sont pas croisées sur le thorax, voire même en position asymétrique comme dans les sépultures chrétiennes. Toutes les fouilles des cimetières juifs que j’ai menées en Europe ont toujours montré cette position » En ajoutant les tombes d’enfants, enterrés hors des tombeaux d’adultes ; il s’agit de « la plus grande série de tombes fouillées dans un cimetière juif médiéval ».

Les chercheurs ne peuvent s’appuyer sur des stèles en hébreu pour valider cette trouvaille. Les cimetières juifs furent accaparés par le roi après l’expulsion définitive des juifs en 1394.

Les pierres ont été dispersées pour servir de matériau de construction. On a repéré des pierres anormalement grandes dans des maisons voisines, « il est difficile de demander aux propriétaires de les desceller juste pour vérifier ».

Dans cet l’espace exigu, les fosses sont en rangées parallèles et très proches les unes des autres. L’INRAP déclare dans un communiqué : « Les juifs croient à la résurrection des corps, pour cela il faut que les corps soient intacts. Il faut apporter un certain respect au squelette, il doit conserver son intégrité. Il est hors de question de recouvrir une tombe ancienne ; ce qui se pratique dans les cimetières chrétiens ».

On a aussi découvert un puits près de l’entrée supposée du cimetière. Dans les cimetières juifs, on trouve un bassin dans les cours d’accueil puisque les cadavres sont considérés comme impurs.

Au Moyen Âge, les archives de Châteauroux conservent de nombreux documents indiquant des transactions entre juifs et chrétiens, ce qui laisse présager de l’importance numérique et sociale des juifs castelroussins. Des études sont en cours pour préciser l’état de santé, la longévité, éventuellement d’autres éléments de la vie des défunts,

Les investigations continuent. Ensuite les restes seront inhumés dans le carré juif du cimetière de Châteauroux. EN

Eva NaccacheEva Naccache, MABATIM.INFO

Pour en savoir plus :
Inrap
Le Parisien
La Croix

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