L’occident ayant capitulé avant même la guerre, en annonçant qu’elle ne se bâterait pas pour l’Ukraine, elle a choisi pour sauver la face, de sa pitoyable gestion du problème russe, la voie de l’inefficacité, à savoir le recours aux sanctions.

On se souvient des déclarations de la porte parole  du Quai d’Orsay, qui était persuadée que les sanctions allaient effrayer Vladimir Poutine. Depuis on a vu son effroi, puisqu’il a envahi l’Ukraine, deuxième Munich à 82 ans d’intervalle.

Macron aura brillé par sa flagornerie, et la France va se faire mal en pensant sanctionner la Russie. Vladimir Poutine est un dictateur. Il est l’héritier d’un système qui n’a jamais connu la démocratie. Il y a eu une opportunité avec Mikhaïl Sergueïevitch Gorbatchev, mais à l’époque personne ne la saisie.

C’est donc un saut en arrière que nous vivons, nous sommes revenus au temps où l’URSS se permettait d’envahir des pays frères, sans aucune réelle réaction.

Crise Russie-Ukraine : face aux sanctions, Moscou « a renforcé la résilience de son économie et de son système financier »

David Teurtrie, spécialiste de la Russie, rappelle que les sanctions prises depuis mardi ne sont pas inédites et que le pouvoir russe a eu le temps de s’y préparer.

Avant le début de l’offensive russe contre l’Ukraine, jeudi 24 février, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Union européenne, le Japon et le Canada ont annoncé une série de sanctions contre Moscou. Les Occidentaux espèrent ainsi faire pression sur la Russie, qui a reconnu lundi l’indépendance des séparatistes prorusses dans le Lougansk et le Donetsk, dans l’est de l’Ukraine.

Mais quel poids ont ces sanctions face au géant russe ? Pour le savoir, Franceinfo a interrogé David Teurtrie, docteur en géographie et chercheur associé au Centre de recherches Europes-Eurasie (Cree) de l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco). Il est l’auteur de Russie – Le retour de la puissance, paru en 2021.

Franceinfo : A quoi servent les sanctions contre la Russie ?

David Teurtrie : C’est un acte d’abord politique qui a des conséquences économiques. Les sanctions permettent de marquer la désapprobation des pays occidentaux envers les méthodes russes, notamment la reconnaissance par Moscou de l’indépendance des républiques séparatistes du Donbass.

Elles permettent aussi d’en rester là et de ne pas intervenir au niveau militaire. Les Européens et les Américains ont fait comprendre qu’ils n’enverraient pas de soldats. Il y a des ventes et des livraisons d’armes, mais pas d’intervention occidentale.

D’autres mesures plus coercitives seraient compliquées à mettre en œuvre, car face à l’Occident se trouve quand même la deuxième puissance nucléaire mondiale.

Ces sanctions sont-elles inédites ?

Non, les Occidentaux prononcent des sanctions régulièrement contre la Russie. Les premières sanctions ont été annoncées au tout début de la crise ukrainienne de 2014. Assez faibles après l’annexion de la Crimée, elles sont devenues plus lourdes avec le conflit dans le Donbass, tout en restant mesurées. L’Union européenne a interdit l’exportation d’armements et de certaines technologies vers la Russie, interdit l’entrée sur le territoire de responsables russes et a gelé des actifs.

Côté américain, l’appareil de sanctions s’est renforcé de manière assez régulière avec des mesures plus dures et plus larges que les Européens. En 2017, les Etats-Unis ont légiféré pour sanctionner les Etats qui importent des armes russes, alors que la Russie est le deuxième exportateur d’armes dans le monde.

Peuvent-elles être efficaces ? Feront-elles vraiment « très mal », comme l’a assuré Josep Borrell, le chef de la diplomatie de l’UE ?

Cela marque un peu plus une forme d’isolement financier et économique de la Russie. Mais ces sanctions restent supportables pour l’économie russe. Surtout que depuis le début de la crise, le pouvoir russe a renforcé la résilience de son économie et de son système financier par des mesures concrètes importantes.

Par exemple, dans le domaine bancaire, au début de la crise ukrainienne, les Etats-Unis ont sanctionné la banque Rossia en rendant inutilisables les cartes Mastercard et Visa qu’elle distribue. Cette mesure aurait pu être généralisée : du jour au lendemain les Russes n’auraient plus été en mesure d’utiliser de carte de crédit. La Russie a réagi depuis en créant un système qui permet à ces cartes de fonctionner sur le territoire russe malgré les sanctions.

De même, la Russie a créé MIR, sa propre carte bancaire. Près de 90% des Russes en ont une, notamment parce que l’Etat verse les prestations sociales et salaires des fonctionnaires dessus. Le pays ne dépend donc plus ni des technologies ni de supports occidentaux.

Dernier exemple dans le domaine financier, la menace planait de débrancher la Russie du système de messagerie financière Swift. Ce dernier est utilisé par toutes les banques pour les échanges interbancaires internationaux, mais aussi au niveau national. L’Occident a déjà sanctionné l’Iran de cette manière à deux reprises. L’utiliser contre la Russie serait un coup important, parce que les opérations d’import-export sont liées à ce système. Mais la Russie a créé son propre système de messagerie indépendante.

La Russie a-t-elle anticipé autrement ces sanctions ?

Oui, en accumulant des réserves financières et en les diversifiant. La banque centrale russe détient l’équivalent de plus de 600 milliards de dollars… Une bonne partie des réserves a été convertie en or, en euros et en yuan en prévision d’éventuelles sanctions américaines.

Dans ce contexte, les sanctions peuvent-elles vraiment avoir un effet de dissuasion ?

Il faut en effet se poser la question de l’efficacité de cette politique de sanction. Elles ne semblent pas avoir d’impact majeur sur la politique extérieure de la Russie. De plus, on peut constater qu’à Cuba ou en Iran, les politiques de sanction ne font que durcir les régimes politiques en place. Il faut s’interroger : les problèmes ont-ils été pris à l’origine ? Pourquoi avoir promis à l’Ukraine l’entrée dans l’Otan, alors que c’était un casus belli pour les élites russes ? Les Européens ont-ils fait l’effort de proposer à la Russie des schémas d’intégration inclusifs ? Avec ces sanctions, peut-on penser qu’un pays comme la Russie puisse s’effondrer ? Alors que des pays moins riches vivent sous sanctions depuis des décennies ?

Avec 500 entreprises françaises et 160 000 salariés, la France est le premier employeur étranger en Russie. Les sanctions annoncées par les pays occidentaux peuvent-elles porter préjudice à l’économie française ?

Les sanctions peuvent évidemment porter préjudice aux intérêts français. Beaucoup d’investisseurs et de sociétés se trouvent en Russie, notamment dans la distribution (Auchan, Décathlon…), dans l’industrie automobile (Renault détient le constructeur russe Lada), les hydrocarbures (Total investit massivement dans le gaz naturel liquéfié). Donc tout ce qui va gêner les opérations financières avec la Russie n’est pas favorable pour la France.

Mais il faut souligner que les sanctions ne visent pas directement ces secteurs. C’est toute la difficulté : beaucoup d’intérêts européens sont liés à la Russie. Comment fait-on pour sanctionner la Russie sans que ça fasse trop mal à la France et à l’UE ?

Quelles autres sanctions pourraient potentiellement être prises ?

C’est difficile à dire. Les intérêts divergent fortement. La Russie est un partenaire économique mineur pour les Etats-Unis. Les sanctions qu’ils vont prononcer auront peut-être un effet indirect sur les prix des matières premières et hydrocarbures, et donc sur l’inflation, mais pas d’impact direct fort.

C’est le contraire pour l’Europe. Si on fait exception de la Suisse, la Russie reste le troisième partenaire économique après la Chine et les Etats-Unis. Donc toute sanction aura forcément un coût pour l’économie européenne, nettement plus important que son impact sur l’économie américaine.

France-Info

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