La victoire de Recep Tayyip Erdoğan aux dernières élections en Turquie enterre toute tentative d’instaurer des valeurs démocratiques dans ce pays.

Bien qu’élu au suffrage universel et malgré les fraudes, il écarte toute possibilité que sa population s’abandonnera à la colère, la grogne explosera en permanence, et son régime tombera tôt ou tard.

Ce raisonnement est le même chez l’Ayatollah Khamenei. Lui aussi écrase toute opposition avec l’aide des Gardiens de la révolution.

Les dernières manifestations à Téhéran et à travers tout le pays, contre la vie chère et le chômage, et contre les interventions en Syrie, en Irak et à Gaza, ont été matées et réprimées par la force.

Depuis presque 40 ans, le régime islamiste chiite est au pouvoir en Iran. Des chefs d’Etat occidentaux tels que Giscard d’Estaing, Jimmy Carter et Barack Obama ont une partie de responsabilité dans la longévité de ce régime oppresseur et sanguinaire.

Depuis plus de 16 ans, Recep Tayyip Erdoğan maîtrise son pays d’une main de fer en le plongeant de plus en plus dans l’obscurantisme. Sa dernière victoire renforce son pouvoir totalitaire et mégalomane et brouille toutes les cartes géopolitiques régionales.

L’Ayatollah Khamenei souhaite faire flotter l’étendard chiite dans toutes les capitales du Moyen-Orient et devenir le leader d’un nouvel Empire perse, tandis qu’Erdoğan veut recréer, un de ces jours, l’Empire Ottoman et devenir son nouveau Sultan.

Erdoğan (à droite) et le président iranien Rohani entourant Vladimir Poutine

Ces deux Etats non arabes menacent aujourd’hui la stabilité de toute la région. Leurs intentions hégémoniques et les interventions par le biais de proxys, tels que les Frères musulmans ou le Hezbollah, risquent de franchir des lignes rouges que l’Etat Juif ne pourra jamais accepter.

Avec la Turquie nous avons plusieurs fois tourné des pages tumultueuses. Seule l’affaire de la flottille du Marmara avait empoisonné durant plusieurs longues années les relations entre les deux pays. Toutefois, nous avons toujours réussi à surmonter les difficultés en cours, et avons à chaque fois relancé le dialogue diplomatique et économique avec Ankara.

Soulignons que la Turquie fait partie de l’OTAN et a été le premier pays musulman à reconnaître l’Etat juif. Ce grand pays charnière entre l’Europe et l’Asie demeure riche et prospère en dépit de la dernière crise. La majorité écrasante de la population est chaleureuse, ouverte au dialogue et souhaite ardemment entretenir de bonnes relations commerciales avec l’extérieur, notamment avec Israël. La population iranienne comme celle de Turquie ne peut tolérer la mise en quarantaine économique, les sanctions et l’isolement politique. La Turquie dépend toujours des Américains mais souhaite vivement s’intégrer à l’Europe et au Moyen-Orient. L’Iran dépend toujours de l’ouverture à l’économie occidentale. En maintenant des relations économiques avec Ankara et Istanbul, Israël en tirera un très grand profit et des avantages commerciaux considérables en exportant également aux Turcs du gaz naturel.

Toutefois, nous devrions adopter à l’égard de la mégalomanie d’Erdoğan une politique ferme et suivre avec vigilance ses pas et discours. Dans le contexte actuel, nous ne pourrons plus admettre une intervention grotesque d’Erdoğan dans nos affaires et surtout que des fonds turcs s’infiltrent à Jérusalem-Est et financent des institutions islamiques et notamment celles appartenant aux Arabes israéliens.

Nos relations bilatérales sont donc à double tranchant et nous ne devrions pas hésiter ni nous inquiéter de leur avenir si demain nous reconnaissons, tout naturellement, le tristement célèbre massacre des Arméniens par les Turcs.

Nous ne pourrons plus tolérer aussi que l’Iran renforce le Hamas et soutienne ses actions terroristes en payant à chaque famille d’auteur d’attentats des récompenses. Nous continuerons également à détruire par des frappes aériennes et par d’autres moyens sophistiqués toute tentative d’acheminer des armes au Hezbollah ou d’acquérir une capacité nucléaire.

Face au fougueux Sultan turc et devant les intentions des obscurs Ayatollahs, l’Etat juif, seul véritable Etat démocratique de la région, devrait poursuivre une politique intransigeante et intelligente. Consolider les relations stratégiques avec l’Amérique de Trump et suivre parallèlement l’entente diplomatique avec la Russie de Poutine.

Freddy Eytan
Le CAPE de Jérusalem,  jcpa-lecape.org

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o.icaros

Si la Turquie est si puissante aujourd’hui n’est-ce pas un peu grâce à Israël qui, pendant des années, a eu les yeux de Chimène pour ce pays en espérant en obtenir de la reconnaissance. Les juifs qui, d’habitude, sont bien inspirés, ont fait, dans ce domaine une grande erreur et ont tout faux. Pourtant l’histoire aurait dû les maintenir dans la méfiance. Les Turcs ont toujours voulu dominer le monde, les mondes, chrétien et musulman.
C’est d’ailleurs pour cette raison, ne pas rompre cette idylle, qu’Israël a toujours refusé de reconnaître le génocide des Arméniens par les Turcs et je dis bien Turcs et non ottomans comme font beaucoup par euphémisme.

Marc

La Turquie qu’Israël a contribué à construire est celle des accords de 1996 et de l’entente avec l’armée turque contre des ennemis communs à l’époque. Erdogan est monté au pouvoir (2002) et n’a bouleversé la société que progressivement, après 2002. Les tensions et ruptures datent de Davos 2009 et Mavi Marmara, 2010, ne reprennent que modérément après 2016 et rechutent totalement en 2018. C’est la courbe en dents de scie. Si votre propos est de mettre les fautes de l’OTAN et de l’Amérique sur les épaules d’Israël, vous faites fausse route. Les Etats-Unis avaient besoin de cette alliance de circonstance pour parer à d’autres influences. Aujourd’hui l’Europe de Merkel se prostituerait pour une politique de retenue des migrants, on la comprend. Et les entreprises privées échangent entre elles avec peu d’imprimatur des Etats. « Les yeux de Chimène », même quand Lieberman a promis de renforcer le PKK, et que cela a, entre autres, donné l’émergence des YPG en Syrie, quelques années plus tard? Gardez vos leçons d’échanges diplomatiques, Israël n’a pas énormément de solutions régionales et les essaient avec des succès variables (Golfe actuellement). Le débat sur la reconnaissance du Génocide Arménien a été soulevé et se représentera. L’autre question dans l’angle mort, ce sont les excellentes relations avec l’Azerbaïdjan, qui livre 40% du pétrole en Israël et est un grand acheteur d’armes. Ce n’est peut-être pas uniquement en fonction d’Ankara, même si on ne comprend plus bien ce ménagement.