Le chef des services de renseignement américains a averti que les frappes israéliennes en cours contre des cibles iraniennes en Syrie augmentent la menace d’une guerre régionale.

« Nous estimons que l’Iran cherche à éviter un conflit armé majeur avec Israël », a déclaré mardi le directeur du renseignement national Dan Coats au Comité spécial du renseignement du Sénat américain. « Cependant, les frappes israéliennes faisant des victimes iraniennes augmentent la probabilité de représailles conventionnelles iraniennes contre Israël. »

Les responsables israéliens ont, à plusieurs reprises, fait part de leurs préoccupations concernant la présence de l’Iran en Syrie et la contrebande d’armes sophistiquées de Téhéran au Liban via le Hezbollah, en passant par la Syrie, en soulignant que les deux points sont des lignes rouges pour l’État juif.

« Les efforts déployés par l’Iran pour consolider son influence en Syrie et pour armer le Hezbollah ont déclenché des frappes aériennes israéliennes aussi récemment que janvier 2019 contre les positions iraniennes en Syrie et ont mis en évidence l’inquiétude grandissante que suscite la trajectoire à long terme de l’influence iranienne dans la région et le risque d’une aggravation du conflit », A déclaré Coats.

Son évaluation fait écho aux préoccupations exprimées par les responsables israéliens selon lesquelles l’Iran augmenterait l’ampleur de ses réactions face aux frappes de l’IAF en Syrie.

S’exprimant lors d’une conférence à Tel Aviv lundi, le président israélien Reuven Rivlin a averti que Téhéran « intensifierait ses réactions » aux attaques israéliennes contre ses forces en Syrie.

« Je pense que l’Iran exercera des représailles plus fortes dans le nord d’Israël », a déclaré le président israélien, ajoutant qu’il « semblait que l’Iran serait freiné par nos ententes avec la Russie et ses défaites sur le front nord, mais que la tendance change ces derniers mois ».

Israël fait rarement des commentaires sur les opérations supposées de l’armée de l’air israélienne sur le front nord, mais l’ancien chef d’état-major de Tsahal, le lieutenant-général. (à la retraite) Gadi Eisenkot a déclaré qu’Israël avait tiré 2 000 missiles contre des cibles iraniennes et du Hezbollah rien qu’en 2018.

Mais, selon Coats, les frappes israéliennes n’ont pas dissuadé les Iraniens qui continuent « à poursuivre le projet d’installer des bases militaires permanentes et de passer des accords économiques en Syrie et veut probablement maintenir un réseau de combattants étrangers chiites, en dépit des attaques israéliennes sur les positions iraniennes en Syrie. »

Au début janvier, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré qu’Israël avait pour politique permanente d’empêcher le maintien de l’Iran en Syrie et qu’elle serait appliqué de la même manière, que ce soit en Israël ou à l’étranger.

Lundi, le major-général (à la retraite) Nitzan Alon, qui était en charge d’un projet spécial de Tsahal, visant à coordonner toutes les questions liées à l’Iran, a déclaré que les opérations israéliennes en Syrie ont «dans une grande mesure» réussi à bloquer les objectifs de l’Iran d’établir une présence militaire permanente dans ce pays déchiré par la guerre.

«Dans une large mesure, nous avons stoppé les aspirations iraniennes en Syrie. Il y a un écart important entre les aspirations des Iraniens et leur situation actuelle », a-t-il déclaré lors d’une table ronde avec l’ancien commandant de l’armée de l’air (IAF), le général (à la retraite) Amir Eshel, et l’ancien stratège militaire, le Général de Brigade (res) Yoram Hamo.

L’année dernière, Alon avait averti que les chances de guerre à la frontière nord d’Israël étaient plus grandes que jamais, grâce aux victoires remportées par le président syrien Bashar al-Assad, soutenu par l’Iran et le Hezbollah.

«Dans l’arène nord, un changement s’annonce en raison des développements stratégiques dans les combats internes en Syrie. Les Iraniens et le Hezbollah, qui soutiennent [Assad], ont les mains libres pour commencer à renforcer leur puissance militaire « , a-t-il déclaré, ajoutant que » nous ne permettons pas que cela se produise sans notre implication. Nous agissons et continuerons à agir.  »