La chute potentielle d’un règne : Bachar el-Assad face à un défi sans précédent
Le régime de Bachar el-Assad, marqué par des décennies de domination autoritaire et une guerre civile interminable, semble vaciller sous le poids de récents bouleversements. Malgré des années de soutien militaire de la Russie et de l’Iran, le président syrien, au pouvoir depuis 2000, fait face à l’une des crises les plus sérieuses de son règne, alors que les forces rebelles avancent rapidement et que ses alliés montrent des signes de distraction.
Les récentes victoires des insurgés dans l’ouest de la Syrie représentent une menace directe pour la dynastie Assad, qui contrôle le pays depuis plus d’un demi-siècle. Dans les zones conquises, des symboles du pouvoir sont violemment renversés : statues détruites, portraits brûlés, affiches déchirées. Ces actes traduisent un rejet profond de l’autorité du régime. Pendant ce temps, la présidence syrienne affirme qu’Assad reste à Damas, continuant à exercer ses fonctions, malgré des rumeurs de fuite.
Assad, fils du président Hafez el-Assad, a hérité du pouvoir en 2000. Il a maintenu la domination de la minorité alaouite dans un pays majoritairement sunnite, tout en s’érigeant en allié de poids pour l’Iran dans la région. Cependant, son mandat a été défini par la guerre civile qui a éclaté en 2011, après la répression sanglante des manifestations pro-démocratie du Printemps arabe.
Grâce à l’appui aérien de la Russie et à l’intervention des milices iraniennes, Assad avait réussi à récupérer une grande partie des territoires perdus aux rebelles. Pourtant, ces victoires n’ont jamais été décisives. Aujourd’hui, alors que ses alliés sont absorbés par d’autres conflits, son régime semble vulnérable face à une rébellion qui gagne du terrain de manière fulgurante.
Alors que les combats s’intensifiaient, la Syrie s’est enfoncée dans une crise économique aggravée par les sanctions internationales. Si Assad a tenté de rétablir des liens avec certains pays arabes, notamment les Émirats arabes unis, il demeure largement isolé sur la scène internationale. À l’intérieur du pays, la corruption, le népotisme, et la destruction de l’infrastructure nationale ont laissé des millions de Syriens dans une pauvreté extrême.
Bien qu’Assad se soit présenté comme un défenseur du nationalisme arabe laïc, le conflit syrien a exacerbé les divisions sectaires. L’arrivée de combattants chiites soutenus par l’Iran et le soutien de puissances sunnites, comme la Turquie et le Qatar, aux groupes rebelles, ont transformé la guerre civile en un conflit régional.
Le président syrien a été accusé d’utiliser des armes chimiques, d’ordonner des bombardements aveugles sur des zones civiles et de maintenir un système de torture systématique dans ses prisons. Bien qu’il ait toujours nié ces accusations, elles ont renforcé son image de dirigeant impitoyable, déterminé à rester au pouvoir à tout prix.
Les récentes avancées rebelles, notamment à Alep et dans l’ouest du pays, montrent un niveau de coordination et de détermination qui pourrait poser un défi insurmontable pour le régime. Même si les groupes rebelles restent fragmentés politiquement, leur objectif commun de renverser Assad pourrait leur offrir une chance de changer le cours de l’histoire syrienne.
La situation actuelle marque un tournant potentiellement décisif pour le régime d’Assad. Alors que les insurgés progressent et que son emprise sur la Syrie se réduit, une question demeure : Bachar el-Assad, formé à Londres pour être ophtalmologue avant d’être propulsé à la tête d’un régime autoritaire, peut-il survivre à ce qui pourrait être l’épreuve la plus grave de son règne ?
Le sort du régime de Bachar el-Assad semble désormais suspendu à la volonté de ses deux principaux alliés, la Russie et l’Iran. Si ces derniers choisissent de ne pas intervenir face à l’avancée des forces rebelles, cela signifierait un abandon tacite d’Assad et un feu vert laissé à la rébellion pour s’emparer de Damas. Une telle inaction pourrait également suggérer l’existence d’un accord discret entre les grandes puissances, notamment les États-Unis, la Russie, et peut-être l’Iran, visant à redéfinir l’échiquier géopolitique syrien sans opposition directe.
Ce scénario marquerait la fin d’un demi-siècle de domination de la famille Assad et pourrait ouvrir une nouvelle page pour la Syrie, bien que l’issue reste incertaine. Une transition aussi brutale risquerait d’accentuer les tensions internes et régionales, mais elle symboliserait également un tournant dans l’histoire moderne du Moyen-Orient, avec des implications profondes pour les équilibres de pouvoir dans la région.
Les prochains jours seront cruciaux pour l’avenir de la Syrie et pourraient redessiner les équilibres du pouvoir au Moyen-Orient. Une chose est certaine : le règne d’Assad, autrefois inébranlable, est désormais plus fragile que jamais.
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