Israël : le nucléaire iranien divise le gouvernement avant la reprise des négociations
Y aller ou pas

À l’approche du 29 novembre, date de reprises des négociations sur le nucléaire iranien, la tension monte en Israël. D’un côté, les tenants d’une ligne dure qui refusent tout dialogue avec l’Iran et sont prêts à recourir à des attaques ciblées. De l’autre, ceux qui seraient prêts à accepter malgré tout les arrangements que pourraient conclure Washington et Téhéran.
En Israël, dès qu’il s’agit d’évoquer le nucléaire iranien, les mots fusent comme des roquettes. « Nous sommes prêts à lancer une attaque contre l’Iran dès aujourd’hui », a ainsi lancé Amir Eshel, le directeur général du ministère de la Défense, à quelques jours de la reprise du dialogue entre Téhéran et Washington, prévue le 29 novembre.

« Israël doit être en mesure d’agir seul contre l’Iran. Je pense que cela serait compliqué d’un point de vue militaire, mais pas impossible », a renchéri Yossi Cohen, ancien patron du Mossad, le renseignement israélien, et cerveau de multiples cyberattaques et de mystérieuses explosions contre des installations nucléaires iraniennes.

Un vœu pieux de la part des nostalgiques de la période Trump ? Pas exactement. Pour financer cette stratégie, Naftali Bennett, le Premier ministre israélien, a d’ores et déjà débloqué une rallonge de centaines de millions de dollars supplémentaires au budget de l’armée avec comme priorité le développement de systèmes de missiles de haute précision. L’Armée de l’air doit aussi reprendre ses exercices d’entraînement en vue de bombardements de sites nucléaire iraniens.

Enfin, sur le terrain, le nombre de raids d’avions, de drones suicide et de missiles israéliens contre le Hezbollah libanais et les autres alliés de Téhéran en Syrie a battu des records ces dernières semaines. Reste à savoir, une fois que les États-Unis et l’Iran auront repris langue, si l’État hébreu mettra en pratique ses menaces sur le territoire iranien ou s’il se contentera de jouer la scène du « retenez-moi sinon je fais un malheur ».

MONTRER LES MUSCLES

La réponse à cette question dépend en grande partie des États-Unis. Pour le moment, l’administration de Joe Biden répète à l’envi que faute de parvenir à un accord que Donald Trump avait rayé d’un trait de plume en 2018, « il y a d’autres options sur la table ». Comprenez une option militaire, menace qui n’est pas prise très au sérieux. Et pour cause. Selon le New York Times les États-Unis auraient mis en garde Israël contre une guerre qui serait « contreproductive en poussant les Iraniens à reconstruire des installations nucléaires encore plus efficaces ».

Israël aura-t-il les capacités de passer outre un veto américain ? Sur cette question cruciale, quelques désaccords sont apparus derrière une unanimité de façade. D’un côté, Naftali Bennett ne veut surtout pas donner prise aux accusations de faiblesse, lancées par son prédécesseur Benyamin Netanyahou. Ce dernier, lorsqu’il était encore Premier ministre, n’avait pas hésité à défier Barack Obama en prononçant un discours contre l’accord de 2015 devant le Congrès américain.

COÛT ÉCONOMIQUE ET HUMAIN

« Bennett redoute d’apparaître comme quelqu’un qui n’est pas capable de résister aux pressions américaines, ce qui a tendance à le pousser à l’intransigeance », explique un diplomate israélien. Dans l’autre camp, le centriste Yaïr Lapid, le chef de la diplomatie, et Benny Gantz, le ministre de la Défense, hésitent à engager une épreuve de force avec Washington. « Je soutiens un accord plus large, plus contraignant et à plus long terme assorti d’inspections efficaces sur les sites nucléaires et de production d’armes », affirme ainsi Benny Gantz.

Seule certitude : la plupart des experts militaires estiment qu’Israël n’a pas les moyens de porter un coup fatal au programme nucléaire iranien, qui ne pourrait être au mieux que ralenti. L’État hébreu serait aussitôt confronté à des représailles sous forme de tirs massifs de missiles à partir de l’Iran, mais aussi du Liban, de la Syrie ou de l’Irak.

Ces attaques feraient de nombreuses victimes civiles et de très importants dégâts matériels, sans compter les attaques de bateaux dans le Golfe alors que les voies maritimes assurent plus de 90 % du commerce extérieur israélien. Autant de menaces qui pourraient mettre à genoux une économie israélienne qui connaît une embellie post-pandémique. De quoi faire réfléchir à deux fois Naftali Bennett avant de se lancer dans l’aventure.

Par Julien Lacorie , correspondant en Israël

Publié le 22/11/2021 à 13:30  www.marianne.net

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Merci

Biden fait de la gonflette , il doit réfléchir pour des sanctions plus fortes a couler les économies iraniennes et turques, sinon espérons un retour de Trump en 2024 ou un autre républicain si l’Iran se dote de la bombe atomique dans ce cas pas de cadeau il va falloir frapper fort vite et court …,

yacotito

Il ne faut évidement pas tenter l’aventure: c’est trop tard. il aurait fallu le faire en 2012, mais Israel en a été empêché. ce qu’il faut faire c’est perfectionner et multiplier les missiles capables de transporter une arme nucléaire. L’Iran reflechira à 2 fois avant d’utiliser son arsenal.