Nous avons tous en mémoire cette belle citation d’Abraham Lincoln : « la démocratie est le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple. » et qui est plus explicite lorsqu’on affirme qu’il s’agit d’un régime politique dans lequel le peuple est souverain .

Mais cette méthode de gouvernement ne se limite pas à la politique, puisqu’elle peut s’appliquer au fonctionnement de tout corps ou organisation sociale ( établissement public, entreprise, association,..) qui repose sur l’égalité des membres du groupe et sur une décision qui est prise à la majorité.

Soit.

Mais le principe fonctionne-t-il toujours de manière satisfaisante ? Cela est loin d’être évident car nombreux sont les exemples où la masse populaire a été entraînée à adopter des prises de position contraires même à ses intérêts.

Divers paramètres peuvent expliquer ces décisions collectives : une communication à outrance, une manipulation habile ,un développement inconsidéré de préjugés ou d’idées préconçues, sans omettre bien sûr l’influence prépondérante de certaines personnalités fortes .

Le leadership, qui est la capacité à fédérer et mobiliser les énergies autour d’une action collective ,est à même d’entrainer des foules dans un sens qui ne s’identifie pas forcément avec le souhait de ce même groupe .

Heureusement ce n’est pas toujours le cas et nous avons tous en tête des exemples de leaders dont le charisme a été déterminant pour changer la face des choses dans une famille, dans un groupe, dans un pays .

Ces considérations me font penser à cet épisode décrit dans la sidra de CHEMOT ( II,12) :

« Moïse grandit .Il sortit vers ses frères ; il vit leurs labeurs ; il vit un homme égyptien qui frappait un hébreu de ses frères .

Il se tourna çà et là et vit qu’il n’y avait pas d’homme ; il frappa l’Egyptien… »

Deux interprétations sont ici possibles :soit Moïse, se sentant coupable, regarde de tous les côtés pour vérifier que personne n’a surpris son geste et qu’il n’y a pas de témoin, soit, pour reprendre le commentaire de Rav Elie Munk ,Moïse, constatant que personne ne bouge et reste silencieux, se tourne pour voir « si quelqu’un parmi ses frères allait s’avancer…mais il vit que personne ne venait et il décida alors d’agir par lui-même. »

Cet épisode est significatif du comportement des leaders qui n’attendent pas que le groupe, auquel ils appartiennent , se décide enfin à bouger .

Trop souvent dans nos sociétés , la majorité silencieuse, assiste sans rien dire, même si elle n’approuve pas les décisions prises par leur maire, leur député, leur rabbin ou leur président .

Par indifférence, par léthargie, par faiblesse on accepte les projets, les objectifs et, pire encore, l’accomplissement de certains actes qu’on réprouve.

Trop souvent la démocratie associative, elle aussi, aboutit à certaines formes de silence complice, par intérêt matériel ou par la recherche des honneurs.

Moïse , lui, n’hésite pas à mettre en péril son poste de Prince d’Egypte pour accomplir un acte de justice ,donnant ainsi l’exemple de l’intégrité et de la sincérité de ses sentiments.

Moïse Cohen
Président d’Honneur du Consistoire de Paris

Tags: Consistoire Politique France Lincoln Ethique Leadership

Psychologie de Groupe Passivité Démocratie Communauté

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