Paris: l’auteur des menaces de mort contre l’ex-proviseur du lycée Ravel condamné à une amende
L’auteur qui avait menacé de mort sur les réseaux sociaux l’ancien proviseur du lycée Maurice-Ravel de Paris a été condamné à une amende et à un stage de citoyenneté. Pas suffisant pour l’avocat du plaignant, qui dénonce un abandon des personnels de l’éducation et compte bien faire appel.
C’est une condamnation qui ne passe pas. Ce lundi, l’auteur des menaces de mort contre l’ancien proviseur du lycée Maurice-Ravel (XXe) de Paris a été condamné à 600 euros d’amende et l’obligation d’effectuer un stage de citoyenneté de cinq jours, à ses frais.
Le tribunal correctionnel l’a également condamné à verser 3 000 euros en réparation du préjudice moral à l’ex-chef d’établissement, au sujet duquel il avait écrit sur le réseau social X : « C’est une dinguerie. Faut le brûler vif, ce chien ». Pas suffisant pour l’avocat du proviseur, qui ne décolère pas depuis qu’il a pris connaissance de ce délibéré.
Par Frédéric Gouaillard
L’homme de 27 ans qui avait menacé de mort l’ancien proviseur du lycée Maurice-Ravel (Paris XXe) sur le réseau social X a été condamné, ce lundi, à 600 euros d’amende et à l’obligation d’exécuter un stage de citoyenneté de cinq jours à ses frais. Il devra également verser 3 000 euros au titre du préjudice moral au chef d’établissement et 500 euros pour les frais de procédure. Le tribunal correctionnel de Paris n’a pas retenu l’inscription de la condamnation au casier judiciaire.
« C’est une peine adaptée. Mon client a toujours eu à cœur de s’excuser. Il l’a refait aujourd’hui par courrier puisqu’il était absent, car il travaille. Je n’en ai pas discuté avec lui, mais je serais surpris qu’il fasse appel », a réagi Me Thibault Kempf, son avocat.
Présent lors du délibéré, l’ex-proviseur de Ravel s’est lui contenté de quelques mots à la sortie de la salle d’audience : « J’ai de nouveau entendu ses excuses. Mais c’est bien qu’il ait été condamné. C’est important qu’il y ait des condamnations, sinon tout ça ne sert à rien. »
Il avait posté un message appelant à « brûler vif » le proviseur
Le jeune homme à l’origine des menaces avait été renvoyé devant la justice pour « provocation publique non suivie d’effet à commettre une atteinte volontaire à la vie ». Placé sous contrôle judiciaire, il encourait cinq ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende.
Fin février 2024, ce Parisien avait posté un message où il appelait à « brûler vif » le chef de la cité scolaire Maurice-Ravel située dans l’est de la capitale. Son tweet fait alors suite à un autre message où un internaute affirme que le proviseur de Ravel a « claqué une étudiante à cause de son voile » et dénonce « une ambiance islamophobe ».
Tout est parti en réalité d’un incident, le 28 février 2024, entre le proviseur et une élève de BTS, majeure au moment des faits. La jeune fille de confession musulmane s’était recouverte la tête au moment de quitter le lycée, et avait refusé d’ôter son voile malgré les injonctions du proviseur alors qu’elle se trouvait dans la cour.
La plainte de l’élève classée sans suites
Aux policiers qui l’ont entendu peu après les faits, l’élève âgée de 18 ans a expliqué qu’elle avait refusé de s’exécuter parce que ça ne lui avait pas été « demandé gentiment ». Elle pensait que porter le voile, « c’était autorisé même dans le lycée ». Elle avait également affirmé que le proviseur l’avait « poussée et frappée sur l’avant-bras gauche ». Mais sa plainte pour violences sera finalement classée sans suite.
Reste que le mal est fait. Les réseaux sociaux s’enflamment et le nom de l’ancien proviseur est jeté en pâture sur la toile. Ce dernier sera contraint de se mettre en retrait de ses fonctions trois semaines plus tard pour assurer sa sécurité, ainsi que celles des personnels et des élèves du lycée. Il n’a jamais repris son travail et, désormais âgé de 64 ans, bénéficie de ses droits à la retraite depuis le 1er octobre.
Au tribunal, le 2 octobre, il avait témoigné : « Au début, je n’ai pas vu les choses en face, même si des choses avaient changé. Je n’arrivais plus à sortir dans le quartier. Je ne prenais plus le métro, je me déplaçais systématiquement en voiture. Je regardais les gens autour de moi comme si j’étais en danger. Le 1er mars, il y a eu un blocus devant le lycée. Un des slogans était : On va te couper la tête. Ça faisait clairement référence à l’affaire Samuel Paty. C’est pour ça que je me suis mis en retrait. »
L’affaire des menaces de mort contre l’ancien proviseur du lycée Maurice-Ravel de Paris a remis au cœur de l’actualité la question du respect de la laïcité dans les établissements scolaires et suscité de multiples réactions. La ministre de l’Éducation Nicole Belloubet s’est rendue début mars au lycée Ravel pour soutenir le responsable et déplorer des « attaques inacceptables. »
L’ex-chef d’établissement avait ensuite été reçu à Matignon, par Gabriel Attal alors Premier ministre. Celui-ci avait annoncé que l’État déposerait plainte pour dénonciation calomnieuse contre l’étudiante à l’origine de l’affaire. Ce qu’a également fait l’ex proviseur en son nom propre quelques semaines plus tard. Le dossier est toujours en instruction.
Et l’élève de 18 ans n’a pas été condamnée alors que c’est elle qui a mit de l’huile sur le feu, c’était à elle de calmer le jeu mais elle n’a rien fait !!!