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L’avenir de Cameron suspendu au vote sur le Brexit

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Brexit : le résultat du référendum déterminera l’avenir de Cameron

Photo : Brexit ou pas, David Cameron s’attachera à ressouder une majorité qui s’est déchirée pendant la campagne. – Photo Justin Tallis/AFP

Partisan du maintien dans l’Union, le Premier ministre britannique a voulu ce scrutin et il en a dramatisé l’enjeu. Un Brexit conduirait probablement à son départ anticipé et marquerait à jamais son bilan à la tête du pays.

« Comment pourriez-vous rester si le Brexit l’emporte ? Cette question posée à David Cameron par une électrice, dimanche, en direct sur la BBC, est dans tous les esprits outre-Manche. Le sort du Premier ministre est lié de façon irréductible au résultat du référendum . Le chef du gouvernement a eu beau jurer qu’il resterait à son poste quoiqu’il arrive, personne ne doute qu’une victoire du Brexit signerait la fin de son mandat à plus ou moins court terme. C’est lui qui a décidé de tenir ce référendum.

C’est lui aussi qui a dramatisé l’enjeu de la consultation afin de mobiliser les électeurs. « C’est le vote le plus important de cette génération », « le résultat sera irréversible », a-t-il martelé pendant la campagne. « Il ne pourra pas rester trente secondes à son poste si le Brexit l’emporte », juge le conservateur Kenneth Clarke, ancien ministre et député pro-européen. D’autant que la question de l’indépendance de l’Ecosse reviendrait alors rapidement sur la table, poussée par les nationalistes écossais pro-européens.

Il est peu probable que David Cameron démissionne dès vendredi. « Ce serait irresponsable. Le pays ne pourrait pas se retrouver sans leader dans une période aussi incertaine », explique Victoria Honeyman, professeur de sciences politiques à l’université de Leeds. « Il devrait rester au moins pour enclencher les négociations avec l’Union européenne », avance Anand Menon, du King’s College.

Rumeur de putsch

Le chef du gouvernement pourrait toutefois indiquer assez rapidement son intention de partir, laissant le temps au Parti conservateur de désigner son successeur. « Il est peu probable qu’il s’accroche très longtemps en cas de Brexit, car il serait considérablement affaibli », juge Tim Bale, de l’université Queen Mary. Les rumeurs de putsch au sein de la majorité se font d’ores et déjà insistantes. Cent-vingt-huit députés tories, sur 330, ont fait campagne pour le Brexit et il n’en faut que 50 pour déclencher un vote de confiance. Même si Cameron remportait techniquement ce vote, il serait « trop fragilisé » pour rester au pouvoir jusqu’à la fin de la législature en 2020, estime Tim Bale, pour qui « il partira avant d’être poussé dehors. »

Quel que soit le résultat du référendum, la succession de David Cameron, au pouvoir depuis 2010, est déjà ouverte. Le Premier ministre a indiqué, il y a plus d’un an, qu’il ne briguerait pas de troisième mandat. Boris Johnson, l’ex-maire de Londres, partisan de la sortie de l’UE, apparaît comme l’un des successeurs probables, et ses chances seraient renforcées en cas de Brexit.

Si c’est le maintien dans l’Union qui l’emporte, David Cameron ne sera pas sauvé pour autant. « Si le résultat est serré, les conservateurs eurosceptiques maintiendront la pression, et le gouvernement aura toutes les peines du monde à faire voter ses lois », prévoit Tim Bale. Le Premier ministre ne jouit que d’une courte majorité à la Chambre des communes. Seule une franche victoire – au moins 55 % des voix – lui permettrait de rester en poste jusqu’à la fin de son mandat, juge-t-il.

Tendre la main à l’autre camp

Brexit ou pas, David Cameron s’attachera à ressouder une majorité qui s’est déchirée pendant la campagne. « Ce sera aussi difficile qu’en 1992 au moment du traité de Maastricht », estime Victoria Honeyman. Un remaniement ministériel est probable dans les prochains mois, une occasion pour tendre la main à l’autre camp.

Cameron ne se doutait certainement pas que le référendum aurait des conséquences aussi spectaculaires sur son parti et sur son propre sort lorsqu’il a lancé sa promesse en 2013. Si le maintien dans l’Union l’emporte, il restera dans les mémoires comme le Premier ministre qui a gagné deux élections, maintenu l’Ecosse en Grande-Bretagne et la Grande-Bretagne dans l’Union européenne. « Mais en cas de Brexit, les livres d’histoire ne retiendront qu’une chose, prédit Tim Bale. Il sera l’homme qui a fait sortir son pays de l’Europe. »

Vincent Collen, Les Echos

Correspondant à Londres

@VincentCollen
VINCENT COLLEN Le 23/06 à 07:00


Source : lesechos.fr

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