106.000 manifestants à travers la France, éclipsés par les scènes de violence sur la plus belle avenue du monde.

Ce sont, à coup sûr, les images qui resteront de l’acte 2 du mouvement des gilets jaunes.

Plusieurs dizaines de militants radicalisés ont mis une section de l’avenue des Champs-Élysées à feu et à sang pendant une bonne partie de la journée.

Ce samedi 24 novembre devait être le « jour d’après » pour ces citoyens en colère mobilisés contre les taxes sur le carburant et l’injustice fiscale.

Mais une semaine après le 17 novembre et une première journée d’actions réussie, les rassemblements nationaux ont été largement éclipsés par les scènes de guérilla urbaine sur la plus belle avenue du Monde.

Symbole parmi les symboles, les images de l’Arc de triomphe effacé derrière une épaisse fumée émanant de feux de barricades en mobilier urbain disposées sur l’avenue des Champs-Élysées marqueront les mémoires.

Dans le reste du territoire la mobilisation était certes en hausse par rapport aux derniers jours mais bien plus faible que le 17 novembre.

Bololo sur les Champs-Élysées

Mais c’est bien sur Paris que tous les regards étaient braqués avant ce deuxième acte.

Lancée très rapidement après les premiers blocages réussis, l’idée de faire converger tous les gilets jaunes vers la capitale pour « marcher sur l’Élysée » devait aboutir à un ras-de-marée.

Il n’en a rien été. Si le nombre de manifestant a augmenté d’une semaine à l’autre dans les rues de Paris – contrairement au reste du territoire – il est resté bien loin des prévisions des organisateurs.

Dès la matinée, des groupes de manifestants ont convergé vers la capitale, pour beaucoup venant de banlieue ou de province sans trop savoir exactement où se rassembler.

La manifestation n’avait été autorisée qu’au Champ-de-Mars,entouré de barrières et ceinturé de forces de l’ordre. De petits groupes épars, gilet fluo sur le dos, ont rapidement afflué vers l’avenue, barrée par des cordons de CRS et de gendarmes mobiles à partir du rond-point des Champs-Elysées jusqu’à la Concorde, toujours dans l’optique d’être au plus près de l’Élysée.

Mais la situation a très rapidement dégénéré: de jeunes gens au visage souvent masqué par des foulards et capuches, disséminés dans le cortège, ont fait face aux forces de l’ordre, essayant d’aller au contact.

Tirs de grenades lacrymogènes et jets des canons à eau répondaient alors aux tirs de mortiers d’artifice et jets de projectiles de toutes sortes comme vous pouvez le voir ci-dessous. Les dégâts seront sans doute considérables.

Les responsables? Des « séditieux » de « l’ultradroite » qui « ont répondu à l’appel notamment de Marine Le Pen », selon le ministre de l’Intérieur qui a tenu un point presse à la mi-journée. De quoi particulièrement agacer les oppositions qui, de concert, ont dénoncé « la manipulation » du gouvernement qui chercherait à décrédibiliser les gilets jaunes en ne parlant que des « imbéciles » qui ne représentent pas le mouvement.

La mobilisation s’essouffle

Plusieurs groupes de dizaines de personnes ont aussi défilé place de la Madeleine, près de la Concorde. Au Champs-de-Mars, seul endroit initialement autorisé par la préfecture, une centaine de « gilets jaunes » se sont rassemblés, dont Jean Lassalle.

Et comme l’échec de la mobilisation parisienne le laissait présager, les chiffres avancés par le ministère de l’Intérieur marquent une mobilisation qui s’essouffle. Au total, près de 106.000 « gilets jaunes » ont été recensés ce samedi à 17 heures dans toute la France, dont 8000 à Paris, contre 283.000 au total samedi dernier à la même heure, selon un décompte du ministère de l’Intérieur. À titre de comparaison, la plus grosse manifestation contre les ordonnances réformant le code du travail qui a eu lieu le 21 septembre 2017 avait rassemblé 224.000 personnes en France selon la même source.

Il n’empêche que de nombreuses actions ont été menées en province, berceau de cette contestation. Les gilets jaunes ont ainsi manifesté à Lille, à Quimper, Angers, Bordeaux, Limoges, Rochefort. A d’autres endroits, ils étaient mobilisés sur des barrages filtrants, des opérations escargots comme à Orly par exemple, des opérations sur des axes routiers, notamment auprès de péages ou des zones commerciales.

Mais même si de fortes perturbations ont été notées par exemple à hauteur de Villefranche-sur-Saône entraînant la déviation du trafic sur l’autoroute A6 du nord de Lyon jusqu’à Mâcon – la résonance de ces actions est sans commune mesure avec celle des blocages du 17 novembre.

De quoi signifier la fin du mouvement? Rien n’est moins sûr. D’autant que les nombreux témoignages de gilets jaunes encore mobilisés montrent à quel point la base du mouvement est déterminée. Les annonces d’Emmanuel Macron au sujet de la Transition écologique risquent fort, d’ailleurs, de ne pas changer grand chose au problème tant les revendications des gilets jaunes sont multiples et parfois incompatibles.

Par Anthony Berthelier

Le HuffPost

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