Lorsqu’il y a quelques mois ( 2014), ma fille, revenant d’un voyage professionnel en Islande, me raconta avoir rencontré de nombreuses personnalités pour écrire l’article demandé par son journal.

Elle avait notamment croisé Doorit Moussaief, la Première Dame d’Islande. Tu sais qu’elle est juive d’Israël ? Me demanda-t-elle, je ne le savais pas, ne m’étant jamais intéressé à ce pays ni à ses dirigeants.

olafur ragnar grimson

Cette anecdote me revint en mémoire ces jours derniers lorsque la presse nous abreuva de moult informations sur les déboires de notre « first Lady ». C’est vrai, j’avais oublié l’Islande et surtout quid des Juifs dans ce pays des glaces ? 103.000 Km2, 320.000 habitants, température annuelle moyenne 5°. Les étés les plus chauds, le thermomètre peut monter jusqu’à 13°. Voici les renseignements trouvés dans les dictionnaires, mais rien sur les Juifs.

Approfondissant mon enquête, j’appris que depuis le 11e siècle des textes islandais évoquent l’existence des Juifs qu’ils nomment le peuple de Dieu, mais la présence physique avérée d’un individu juif peut se dater au 17e siècle, lorsqu’un certain Daniel Salomon, marchand polonais, récemment converti au christianisme, se hasarde sur cette île inhospitalière. Aucune trace d’installation pérenne n’est retrouvée.

En 1704, un Juif danois d’origine portugaise, Jacob Franco, obtint la charge de Fournisseur royal des tabacs, décernée par la Couronne danoise, sur les îles d’Islande et les îles Feroé. Jusqu’à la fin du 18e siècle, cette charge ne fut tenue que par des Juifs, mais aucun n’avait l’autorisation de s’installer en Islande.

En 1815, Ruben Moses, riche armateur de Copenhague, tenta d’affréter un vaisseau, «l’Ulrika», pour favoriser l’installation de quelques familles juives danoises. Le Parlement islandais ne permit pas le débarquement, car aucun Juif n’était autorisé à s’installer dans le pays.

Le Roi du Danemark, dont l’Islande dépendait, voulait favoriser la venue de marchands juifs pour le développement économique du Pays. Après deux ans d’âpres discussions, le Parlement islandais (l’Alpingi), accepta la proposition du Roi sous réserve qu’aucun marchand juif ne révèle son judaïsme aux insulaires.

Aucun Juif n’accepta cette offre. Pendant tout le 19e siècle, on dénombre très peu de Juifs en Islande, malgré cela un antisémitisme sévit sous la houlette du Président de l’Université, le Professeur Bjorn Olsen, qui dans un article du premier journal islandais racontait l’histoire d’une confrérie secrète de marchands juifs qui affamait le pays. Cette fiction s’incrusta profondément dans la mémoire islandaise.

Malgré cette hostilité, quelques commerçants juifs danois, comme la famille Arnhems, s’installèrent à Reykjavik. Le pays était particulièrement inhospitalier, tant par l’attitude des autochtones que par la nature elle-même. Le journaliste hongrois Max Nordau décrivait ce pays comme un désert glacé et il écrivait à sa famille que « mieux valait vivre comme un chien à Pest (qui forme avec Buda la capitale de la Hongrie), que comme en voyageur en Islande ».

A l’aube du 20e siècle si peu de Juifs s’étaient installés en Islande, qu’on ne trouve aucune trace de leur présence. Il ne faut pas oublier Fritz Nathan, Juif danois, qui laissa à la postérité le plus haut building d’Islande qu’il fit construire dans les années 1920.

Les lois très restrictives sur l’implantation des étrangers et singulièrement des étrangers juifs confortèrent encore la xénophobie ambiante. Les lois danoises sur l’immigration étaient appliquées avec rigueur, lorsque, en mai 1938, les Danois refusèrent l’asile politique aux Juifs autrichiens, les Islandais prirent les mêmes dispositions.

La population islandaise demandait avec insistance aux autorités que les emplois soient réservés aux seuls nationaux. De plus, elle se rapprochait des thèses nazies, Hitler ayant promis de la délivrer du joug danois. Des citoyens islandais avaient contacté un Prince allemand afin qu’il devienne Roi d’Islande.

Ce Prince, membre du parti nazi, était un haut dignitaire du 3e Reich et ce projet était fermement soutenu par Goebbels. Un parti nazi fut formé en Islande dès 1933, rattaché au parti allemand, il ne parvint jamais à avoir des Députés au Parlement. Ce parti disparut faute d’ennemis à combattre, les Juifs étaient si peu nombreux qu’on ne pouvait en faire de crédibles boucs émissaires.

Les quelques Juifs avaient peu à craindre des nazis islandais mais beaucoup plus des autorités totalement inféodées à l’idéologie nazie En 1939, le plus haut responsable nazi chargé de l’étude des émigrations juives enEurope, se félicitait de la position intransigeante du Parlement islandais.

Le Premier Ministre Jonasson déclara dans un grand élan de lyrisme antisémite « l’Islande a toujours été un pays de pure race nordique, sans présence juive, et ceux qui s’y sont installés doivent partir ». Ce beau programme s’écroula lorsque advint la 2e guerre mondiale. Les troupes britanniques débarquèrent rapidement en Islande (considérée comme une position stratégique pour empêcher l’invasion allemande en Grande Bretagne), et s’installèrent durablement.

Beaucoup d’Islandais les considéraient comme des ennemis. Quelques centaines de combattants britanniques étaient juifs et ils décidèrent d’organiser un office religieux pour la fête de Kippour 1940. C’était la première fois dans l’histoire de l’Islande que l’on célébrait un office religieux autre que chrétien.

A l’arrivée des troupes américaines, la Communauté militaire de confession juive s’étoffa considérablement. En 1944, sur 70 000 soldats américains on pouvait dénombrer quelques 2 000 Juifs. Des réfugiés allemands purent enfin, en petit nombre, trouver asile en Islande, ils furent, dès leur arrivée, obligés de changer de nom afin d’islandiser leur patronyme pour ne pas heurter la population. Harry Rosenthal devint Haradu’r Magnusson, Karl Friedlander, Hjortur Haraldsson.

La république d’Islande fut proclamée en 1944 lorsque les Allemands envahirent le Danemark mais l’antisémitisme viscéral des Islandais n’avait pas disparu pour autant, l’un des ministres les plus influents du gouvernement fit publier les fameux « Protocoles des Sages de Sion » et dénonça un complot juif pour la gouvernance du Monde.

Devenir Islandais était très difficile dans ces conditions, pourtant un petit nombre de Juifs voulaient devenir de vrais citoyens, après avoir changé de nom, souvent de religion, malgré leurs efforts ils ne purent jamais jouer un rôle dans la vie de leur nouvelle Patrie.

Bien que l’Islande fût l’un des 37 pays qui votèrent la résolution de l’ONU le 29 novembre 1947 en faveur de la création de l’Etat d’Israël, elle ne fut jamais réellement « jew’s friendly ».

N’oublions pas que quelques membres du parti nazi islandais se firent les auxiliaires zélés des SS en devenant gardiens de nombreux camps de concentration en Allemagne notamment à Dora. Le propre fils du premier Président de la nouvelle République était membre de la SS. Poursuivi, il se réfugia en Argentine. Pour beaucoup de dignitaires, il fallait rapidement faire oublier ce lourd passé en accédant aux plus hauts postes de la société islandaise.

En 2000, l’Islande participa à la Conférence de Stockolm sur l’Holocauste et signa la charte obligeant les Etats membres à enseigner la Shoah dans les écoles. De nombreux lecteurs des journaux qui relataient ces faits écrivirent des lettres aux rédactions disant que cet enseignement mettait en danger la cohésion du Pays.

Cela reflète une forme exacerbée d’ethnocentrisme. Le conflit israélo-palestinien permit de fortes poussées d’antisionisme, Les journaux et beaucoup d’hommes politiques se complaisaient à établir le parallèle entre les actions menées par l’armée israélienne à Gaza et les exactions des nazis pendant la guerre.

Ils allèrent jusqu’à trouver une justification symbolique conquérante dans le drapeau israélien. Les 2 lignes horizontales bleues figurant le Nil et l’Euphrate et l’étoile de David figurant le peuple juif, seul légitime possesseur de la terre entre ces deux fleuves.

Aujourd’hui la Communauté juive d’Islande se compose de 50 à 100 personnes, aucun recensement officiel ne vient étayer ce nombre, c’est réellement une goutte d’eau dans cet océan de « luthériens au sourire de glace » comme aime à qualifier ses compatriotes, un grand auteur islandais.

La grande majorité des Juifs qui vivent en Islande, soit une centaine de personnes environ, s’y trouvent parce qu’ils ont épousé un (ou une) de ses citoyens, et résident presque tous dans la capitale, Reykjavik. 

Pas de lieu de culte, pas de salle communautaire, un temple luthérien dont on couvre les symboles chrétiens sert à célébrer les grandes fêtes.

Le judaïsme n’est pas reconnu comme une religion officielle et ce n’est pas la « first lady », qui n’entretient d’ailleurs aucun lien particulier avec ses coreligionnaires, qui changera quoi que ce soit dans leur existence. J’ai découvert cette Communauté qui s’est maintenue contre vents et marées dans ce pays de glaces, de geysers et de fjords et je me pose la question sur la volonté d’une poignée de femmes et d’hommes de se maintenir malgré des difficultés journalières et de s’intégrer malgré l’environnement hostile.

Cela pour le moins mérite notre respect.

Jean-Claude Nerson

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Mais ils ne sont pas pour autant détachés de leurs origines: l’arrivée d’un émissaire du mouvement Loubavitch dans la capitale islandaise au printemps dernier, pour les fêtes de Pessah, a été très bien accueillie.

Le rav Berel Pewzner raconte que puisqu’il ne savait pas où trouver les Juifs d’Islande, il a passé une annonce dans le journal local invitant les membres de la communauté à assister au seder de Pessah.

« C’était le premier seder célébré en Islande, et plus de 50 personnes nous ont rejoints », se souvient-il. Il est ensuite revenu pour les fêtes de Tichri, organisant « le premier minyan depuis la Seconde Guerre mondiale ». Pour nombre des participants, « ce fut la première fois qu’ils entendaient le shofar ».

Dorrit Moussaieff est israélienne et aussi la femme du président islandais Olafur Ragnar Grimsson

Mais en plus, elle est fan de football et super fière de la victoire de l’Island contre l’Autriche lors des matchs de poules de l’Euro 2016. Elle a déclaré : « Je suis tellement fière de notre équipe de notre équipe de football mais leur victoire n’est pas due au hasard».

olafur ragnar grimson

L’épouse du président islandais, Olafur Ragnar Grimsson a expliqué que l’Island avait énormément investi dans le football chez les jeunes dès l’âge de quatre ans car le pays ne compte qu’a peine 300 000 habitants.

Elle s’est confié au journal Ynet : «Vous devez comprendre que l’Islande investit beaucoup dans ses enfants pour créer une atmosphère de groupe». « Quand les joueurs islandais jouent collectivement, ils gagnent et Israël peut arriver aux mêmes résultats s’ils emploient les mêmes méthodes »  a-t-elle lâché à Ynet. « Une grande partie de la victoire dépend de l’état d’esprit et de l’esprit d’équipe, et je conseille à Israël de commencer à investir dans le football dès l’âge de quatre ans. Je serais très heureuse d’aider Israël à profiter de l’expérience de l’Islande « .

Dorrit  Moussaieff est citoyenne israélienne, islandaise et britannique.

par Roger Haddad –

Islande: Reykjavik modifie son boycott israélien

Le maire de Reykjavik a annoncé aujourd’hui qu’il allait annuler une décision « mal préparée » de la municipalité de boycotter les produits israéliens et présenter une nouvelle proposition ne visant que les produits fabriqués dans les Territoires palestiniens.

La capitale islandaise, qui a rejoint hier la liste noire des lieux déconseillés aux touristes juifs par le Centre Simon-Wiesenthal, devrait se prononcer sur le nouveau texte dans le courant de la semaine prochaine. « Le texte aurait dû être clair. Je vais proposer au conseil municipal qu’il soit retiré en l’état », a déclaré Dagur Eggertsson à la télévision publique islandaise. « Cela n’a pas été bien préparé. Je m’en veux de n’y avoir pas veillé ».

Le conseil municipal, sous l’impulsion de sa majorité de gauche, avait adopté mardi une résolution pour demander à son service d’achats de ne plus se fournir en Israël tant que le pays « occupera militairement les territoires palestiniens ». Le lendemain, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères israélien, Emmanuel Nahshon, avait dénoncé « un volcan de haine (…) sans aucune raison ni justification ».

Le gouvernement de centre-droit au pouvoir en Islande a critiqué la municipalité, affirmant que ce boycott instituait une discrimination, donc était illégal. La résolution « n’est ni conforme à la loi islandaise ni aux obligations en matière de marchés publics dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce », a écrit le ministère des Affaires étrangères dans une déclaration. Il a relevé que le réseau diplomatique et les offices de tourisme islandais avaient été contactés par des voyagistes inquiets, et qu’il y avait « déjà eu un certain nombre d’annulations » de voyages vers le pays, pour lequel le tourisme est une ressource cruciale.

La Turquie est le seul autre endroit au monde pour lequel le Centre Simon-Wiesenthal, organisation non gouvernementale qui a son siège à Los Angeles, a lancé un « avertissement » aux juifs du monde entier.  Le Figaro.fr avec AFP

 

Des députés islandais proposent d’interdire la circoncision religieuse

Des députés de quatre partis politiques ont déposé jeudi 1er Février une proposition de loi au parlement visant à interdire la circoncision pour des raisons non médicales avant l’âge de 18 ans. La proposition de loi prévoit une peine de prison pouvant aller jusqu’à six ans pour quiconque enfreindrait la loi.

Les députés qui ont déposé cette proposition de loi sont membres du parti Ecolo, du Parti progressiste, du Parti populaire et du Parti Pirate. Ces quatre partis représentent 46 % des 63 sièges du parlement islandais.

La proposition de loi se base sur l’interdiction de la mutilation génitale féminine promulguée en 2005, et considère que les jeunes garçons doivent être protégés de la même façon.

Dans l’ensemble de la Scandinavie, la circoncision non médicale des garçons de moins de 18 ans fait l’objet d’un débat sur le droit des enfants et la liberté de culte. Les associations de défense des droits des enfants de Finlande, d’Islande, du Danemark, de Suède et de Norvège ont signé une déclaration conjointe dès 2013 pour proposer une interdiction de cette pratique religieuse commune aux juifs et aux musulmans.

En Allemagne, en 2012, un tribunal de Cologne avait statué que la circoncision rituelle des mineurs était un acte criminel. Le jugement avait ensuite été cassé en appel mais le débat s’était étendu jusqu’en Autriche et en Suisse.

www.medias-presse.info

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

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Nitzotz

Article intéressant ! J’avais à plusieurs reprises ces dernières années lu des informations témoignant du fort antisionisme des Islandais, mais j’ignorais qu’il reposait sur une base d’antisémitisme multiséculaire mâtiné de chauvinisme.
On reste toutefois sur sa faim, puisque l’auteur n »est pas allé à la rencontre de ces quelques dizaines de braves : qui sont-ils, comment vivent-ils, comment pratiquent-ils et… à quelle heure rentre Chabbat en hiver ?

yacotito

charmant pays, visiblement si j’y fais mon Alya, je serais bien accueilli.
mais je me contenterai du tapis rouge à la descente d’avion

Jge france

Cette communaute Juive va fondre comme neige ! ce n rst pas un pays a visiter ! ( pour un Juif )