Photo AFP
La société civile, souvent louangée ici pour sa lucidité, a l’opportunité historique de faire de la politique. Le mérite d’Emmanuel Macron est d’avoir fait exploser le vieux monde, retranché derrière les partis et la professionnalisation des élus. Il faut reconnaître au nouveau président de la République d’avoir, avec En Marche!, donné l’exemple de la force spectaculaire qu’un mouvement dirigé comme une start-up, ouvert sur le numérique et la société, peut produire.

Il ne s’agit pas ici de se laisser abuser par la « révolution » que Macron prétend porter : le groupe social sur lequel il a trouvé appui reste pour l’essentiel celui de privilégiés (jeunes, diplômés, urbains, riches) qui vont d’abord perpétuer le système élitaire déjà en place. Il est d’ailleurs cocasse de voir la gauche confirmer sa prolophobie en se bousculant à la porte des vainqueurs.

Ceux-là ont déjà l’arrogance de la classe dirigeante. Pour s’en persuader, il suffit d’observer la délectation avec laquelle les Macron’s boys and girls ont décidé d’humilier publiquement Manuel Valls, qui s’est proposé mardi pour une investiture d’En Marche ! aux législatives. Le nouveau monarque républicain, qui pourfend les passions tristes et ne jure que par la bienveillance, semble avoir la rancune tenace. Mais passons pour l’instant sur cette immature médiocrité, qui reste à confirmer. Retenons le meilleur : Macron est en train de bouleverser la vie politique, et c’est très bien.

Quand Benoît Hamon annonce, ce mercredi, son intention de créer son propre mouvement, « large et transpartisan », le leader socialiste prend acte de la fin programmée des partis poussiéreux.

La décision de Marion Maréchal Le Pen de se retirer du FN pour rejoindre la vie réelle procède de cette même analyse, même si se comprend aussi sa volonté de « consacrer plus de temps » à sa petite fille. « Je ne renonce pas définitivement au combat politique », précise celle qui n’était pas en accord avec la ligne anti-libérale de Marine Le Pen, sanctionnée au second tour par des électeurs affolés par l’impréparation et la désinvolture de la candidate. L’esprit clanique et boutiquier qui se devine au FN est à comparer avec l’organisation très professionnelle d’En Marche !, révélée lundi soir par un documentaire hagiographique diffusée sur TF1.

La guerre des tranchées, voulues par les partis pour justifier leurs rentes, est déjà de l’histoire ancienne.

Ce qui est à reconstruire, à l’image d’un Tea Party ou d’un Podemos, doit avoir pour but de rompre avec à l’inertie des appareils politiques. Rien n’est plus absurde que l’incapacité dont font preuve les dirigeants des droites, incapables de se rapprocher sur rien. Cet objectif doit être désormais celui de la société civile et de son bon sens. Reste à trouver les fédérateurs de tous ceux qui ne se reconnaissent pas dans le mondialisme libertarien de Macron.

Ivan Rioufol

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