La Ligue arabe dans sa lancée , devrait également exiger de la Grande-Bretagne des excuses pour avoir créé de toute pièce la Transjordanie , sur la province de Palestine , après la défaite des Hachémites chassés des lieux saints de l’islam par les Wahhabites.

Et si la Ligue Arabe est sérieuse , ce que je ne crois pas, elle devrait s’occuper de régler les conflits entre pays arabo-musulmans qui font des victimes chaque jour au lieu de faire diversion avec la Palestine. ( Maroc/Algérie -Yemen -Liban- Syrie-Irak-Somalie-Soudan etc )

La Transjordanie n’est rien d’autre qu’un Etat artificiel créé par la Grande-Bretagne et dont la majorité de la population est composée de plus de 70% de palestiniens.

Un grave problème des sionistes, heureusement pas tous, est que dès le premier congrès de Bâle de 1897, ils manquaient de confiance en eux et de Réalisme. En 1914, l’Empire Ottoman allait s’effondrer et les Juifs avaient là l’opportunité, à saisir, de reconquérir la terre de leurs ancêtres. Malheureusement, ils ne voyaient pas à l’époque un état Juif indépendant, mais une simple autonomie, par exemple intégrée dans le Commonwealth Britannique.

Un état Juif indépendant impliquait de lourdes responsabilités et un gros effort de construction des structures étatiques. Aussi, se placer sous la tutelle, et l’exploitation, du protectorat d’une puissance impérialiste, permettait aux sionistes de fuir leur responsabilités. Malheureusement, comme l’a souligné le Juif Raymond Aron, les fondateurs d’État sont toujours condamnés à la violence, et la récréation de l’État Juif n’y échappait pas. Tant que les Juifs ne voulaient pas payer le prix nécessaire de la guerre, ‘du sang, de la sueur et des larmes’, l’État Juif ne verrait pas le jour. Il n’y avait pas de raccourci à cela. Dieu n’aide que ceux qui s’aident eux-mêmes, et l’obtention de la Déclaration Balfour fut, plus qu’une erreur, non pas une faute, mais une bévue totale.

Dès 1897, les Sionistes avaient crée l’expression ‘foyer national’, qui n’a aucun sens en Droit International, pour éviter le terme d’État Juif que les Turcs auraient trouvé provocateur, et en 1917 Sokolov avait suivi cette approche ‘prudente’, dans la lignée d’Herzl et son utopie d’Altneueland.

Les arabes, eux, avaient en 1914 la vision de leur indépendance et souveraineté totale. Ainsi, l’émir Abdullah, fils aîné du shérif hachémite Hussein de la Mecque et Médine, a su saisir l’opportunité de l’effondrement Ottoman, pour négocier d’abord au Caire avec le général Kitchener, puis avec le Haut Commissaire Britannique en Égypte, Sir Henry Mac Mahon, la lettre du 24 octobre 1915, précisant que l’Angleterre était préparée à ‘ reconnaître et soutenir l’indépendance des arabes en Syrie, Arabie et Mésopotamie, à l’exception des territoires situés à l’ouest de Damas, Homs, Hama et Alep’ en échange de quoi, les arabes hachémites participeraient à l’effort de guerre allié contre la Turquie. On connaît tous l’affaire du colonel Laurence d’Arabie qui a mené le soulèvement de seulement 10.000 arabes contre les turcs.

Bien sûr, en plus de l’Angleterre, la France impérialiste voulait sa part du gâteau, dont l’ouest de la Syrie, et en janvier 1916 on est arrivé aux accords Sykes-Picot, approuvés par le ministre russe Sezonov, et en prime le traité de Saint Jean de Maurienne de septembre 1917 a amené l’Italie dans le jeu, réclamant aussi sa part du gâteau.

Et les Juifs dans tout cela? Nada! Clum! Depuis 1914, les Sionistes intelligents laissaient les Juifs s’entretuer en combattant, en Europe de l’ouest comme de l’est, pour des causes qui ne les regardaient pas. En attendant qu’Allenby attaque les turcs, et en laissant les cavaliers australiens prendre Beer Sheva, que pouvaient ensuite revendiquer les sionistes? Au lieu de prendre en charge leur propre peuple, l’armer et le préparer à la guerre, ils ont cherché des alliances, mais aucune puissance, Allemagne, France, Angleterre, Russie, ne voulait les soutenir. En termes simples, la Déclaration Balfour fut un os que les anglais ont jeté au petit chien sioniste

En juin 1917, pourtant, le sioniste Sacher proposait une déclaration mentionnant ‘un État Juif et foyer national du Peuple Juif’. Quel effronté pour les anglais impérialistes ! Sokolov, lui, l’a limitée au ‘Foyer National du Peuple Juif’. Le Juif anglais, Montagu, Secrétaire d’État de l’Inde, voyait avec horreur ‘l’ aspiration Juive à une entité nationale’ et s’y est fermement opposé jusqu’au bout. En Réalité, c’est le Juif Américain Brandeis qui a incité le Président Wilson à imposer aux anglais cette déclaration.

Bien sûr, la Déclaration Balfour n’a pas précisé les frontières de ce ‘Foyer National Juif’ mais 5 ans après, la Transjordanie y a été détachée, 15 ans après, les anglais continuaient à chercher à en amputer des territoires. Le Peuple Juif, le Yishuv comme la Diaspora, a payé très cher cette tutelle impérialiste britannique. Dès 1930, les anglais ont répudié le foyer national Juif, ils facilitèrent la shoah en bloquant l’immigration Juive, tout en favorisant l’immigration arabe en Palestine. Les arabes, eux, ont rapidement obtenu des états indépendants et souverains, l’Angleterre a refusé de voter pour la création de l’État Juif à l’ONU, et a armé les arabes contre les Juifs.

En conclusion, pour les Juifs, c’est ‘bien fait pour eux’ d’être restés divisés en 1914-18, et n’avoir pas cherché à comprendre que sans la guerre ils ne recréraient jamais leur propre état souverain. Quant aux arabes, non seulement ils doivent remercier les anglais pour avoir eu des états indépendants, mais de plus c’est aux américains, et non aux anglais, qu’ils devraient reprocher la Déclaration Balfour.