Ken Loach est un grand cinéaste, mais le jury de Cannes a joué les idiots utiles en donnant des ailes à l’utopie socialiste. En faisant pleurer dans les chaumières sur le destin des laissés-pour-compte, Ken Loach fait un choix que nul ne saurait reprocher à l’artiste. Mais quand il se livre à une critique politique de l’ «austérité néo-libérale» ayant «entraîné dans la misère des millions de personnes, de la Grèce au Portugal», il affiche un parti pris idéologique éminemment contestable.

Le film Moi, Daniel Blake se veut un brûlot contre l’Angleterre de Cameron parce que la Big Society que celui-ci prône comme modèle est l’anti-Etat providence. Les conservateurs britanniques ont entrepris avec succès de rendre leur responsabilité aux citoyens et ils sont en passe d’y réussir. C’est ce qui tourmente et fait enrager l’intelligentsia d’extrême-gauche.

Car l’économie anglaise surpasse désormais l’économie française. Le Royaume Uni compte au total près de 4,8 millions PME contre seulement moins de 2,2 millions en France, soit plus du double. Avec un taux d’impôt sur les bénéfices des sociétés de 20% (33 ,33% en France) et des charges sociales trois fois inférieures aux charges françaises! Les multinationales se précipitent également outre-manche. Si bien que le taux d’emploi y est de 71,9%, soit son niveau de plein-emploi, contre 64,3% en France. Le nombre de personnes au chômage s’élève chez nous à environ 3 millions (catégorie A) contre 1,7 au Royaume-Uni

Certes, les emplois anglais sont parfois peu payés et moins sécurisés que ceux des fonctionnaires français. Mais ne vaut-il pas mieux de petits jobs que le RSA alloué à plus de 2,5 millions de Français? C’est ce que pensent les jeunes Français qui émigrent de plus en plus nombreux en Angleterre. Lorsque «l’austérité» consiste à réduire les prélèvements sociaux et fiscaux pour restituer aux citoyens la liberté d’exercice de leur responsabilité, c’est toute une dynamique qui est retrouvée. C’est le pari qui permet aux Anglais de se réapproprier leurs écoles, leur travail, leurs institutions et de retrouver une croissance deux fois supérieure à celle de la France.

Pour autant, l’Angleterre n’abandonne pas les gens à la misère comme voudrait nous le faire croire Ken Loach. Mais ses dépenses sociales, qui représentent 23,8% du PIB, sont plus raisonnables que celles de la France qui y affecte près des deux tiers de son budget, soit 33% du PIB.

Ken Loach nous dit qu’«un autre monde est possible et nécessaire». Bien sûr que le propre de l’Homme est de travailler à l’amélioration de son sort et à celui de ses semblables en même temps que de poursuivre la quête, sans doute éternelle, du Bien, du Beau et du Vrai. Mais cet élan sans lequel l’humanité se perd ne peut exister sans la liberté. Lorsque l’Etat prétend faire le Bien des individus à leur place, le pire est toujours à craindre parce qu’il ne sait pas mieux que nous, ce qu’est le bien.

Et jusqu’à présent ce ne sont pas les idées libérales qui nous ont mené à la catastrophe comme le prétend le nominé, pour la deuxième fois, de la Palme d’Or, mais bien plutôt tous ceux qui ont pensé qu’il était possible et meilleur de vivre aux dépens des autres plutôt qu’à son propre crédit. L’Europe a été plombée par les Grecs prodigues qui nous ont menti sur leurs comptes avant que de réclamer le secours de l’Europe. Le modèle social français que tout le monde nous envie, paraît-il, mais que personne ne copie, ne cesse de créer de la pauvreté au pire et de la médiocrité au mieux. Ce rêve de Ken Loach ressemble à un cauchemar.

Ne négligeons pas la force des mots et des images, l’effet d’entraînement de la culture. Ken Loach pourrait être dans la lignée de Jean-Luc Godard qui annonçait Mai 68 dans La Chinoise en 1967 en dénonçant la «culture de classe». La pauvreté est une préoccupation prioritaire, mais on la combattra moins en renforçant l’Etat providence, qui a fait aveu de faillite, qu’en libérant l’économie et les énergies individuelles. Puisse cette leçon être celle que retiendront les hommes politiques désireux de prendre la relève dans la France abîmée par tant d’années de socialisme rampant ou avéré selon les époques.

Jean Philippe Delsol est avocat fiscaliste, président de l’IREF, Institut de Recherches Economiques et Fiscales, auteur de L’injustice fiscale ou l’abus de bien commun (février 2016) chez Desclée de Brouwer.

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Salmon

PETITION POUR INTERDIRE BDS

http://www.europe-israel.org/2016/03/petition-pour-linterdiction-du-mouvement-antisemite-et-islamiste-bds-en-france-et-en-europe/

Cette pétition sera envoyée au gouvernement Français, à l’Union Européenne ainsi qu’à chaque gouvernement de l’Union