Allemagne: un groupe juif anti-islam qui combat la radicalisation de Pegida

Blessé par l »étiquette « judeo-nazie » qui lui colle à la peau, il est aussi critiqué par la communauté juive

courtesy
courtesy« Un militant juif américain à une manifestation contre l’islamisation à Berlin le 25 mai 2015 »
 

Il s’agit du mouvement politique le plus détesté en Allemagne. Méprisés à la fois par la droite et la gauche, redoutés par les Musulmans et incompris par la communauté juive, les membres de JewGida sont isolés et se considèrent comme étant la première ligne de défense contre l’islamisation ainsi que la radicalisation de ses opposants.

“Notre vraie motivation est la protection de la vie des Juifs en Allemagne”, assurent les membres de la Pegida juive, en dépit de l’étiquette raciste, voire même judéo-nazie qui leur est collée. “c’est exactement le contraire, nous sommes les gardiens contre les Nazis, au détriment de notre propre sécurité”.

JewGida a débuté son activité par la création d’un groupe Facebook l’année dernière, avec pour but d’opposer à la fois à l’antisémitisme et à l’islamisation qui “marchent main dans la main” d’après la description faite par le groupe.

“En Allemagne il y a une nouvelle vague d’antisémitisme importée en grande partie par les immigrants musulmans”, explique Michael, un Allemand d’origine juive et l’un des membres les plus actifs du mouvement, qui a préféré cacher sa vraie identité pour préserver sa propre sécurité. Il a rejoint le groupe par le biais d’un ami et est devenu à son tour un habitué des manifestations hebdomadaires de Pegida à Berlin, appelées aussi Bergida.

JewGida regroupe actuellement environ 150 militants à travers l’Allemagne, y compris des non-Juifs pro-Israéliens, cependant peu d’entre eux sont actifs en dehors du monde virtuel. Cette poignée d’activistes participe à diverses activités, comme l’inscription de slogans dans les zones à majorité musulmane “tu ne tueras point”, ou encore la préservation d’un mémorial profané à plusieurs reprises du jeune Israélien assassiné à Berlin au début du mois d’avril.

“Nous ne sommes pas opposés aux Musulmans ou à leurs droits”, souligne Michael. “C’est seulement que nous ne voulons pas que l’Islam fasse partie de notre système judiciaire et social. Les Musulmans sont la seule minorité à exiger de plus en plus de droits, et ce n’est parce qu’ils parlent plus fort qu’on devrait les autoriser à importuner les autres avec leur foi. Ils sont libres de pratiquer leur religion chez eux dans leurs foyers, mais on ne peut pas s’expatrier et attendre de la société qu’elle s’adapte à vous. Le nombre de concessions déjà faites à leur égard est effrayant”.

“Nous ne sommes pas islamophobes”, insiste Sam Inayat-Chisti, un autre militant important. “L’islamophobie est une peur irrationnelle, or je ne tremble pas, je suis inquiet. Ce qui me préoccupe c’est le désir musulman affirmé de conquête, soit par l’épée, ce qui ne fonctionnera pas en Europe, soit par le gain des cœurs et des esprits. Ainsi, ils trompent intentionnellement et aveuglent les Européens sur leur programme déguisé. Nous voulons libérer l’Allemagne des politiques d’apaisement vis-à-vis de l’Islam et retrouver la souveraineté allemande telle qu’accordée par les Etats-Unis”.

Sam, un Juif américain âgé de 60 ans qui vit en Allemagne depuis 26 ans, a décidé de rejoindre le mouvement après un discours prononcé par un militant israélien, Rotem Avitouv, lors d’une manifestation de Pegida à Francfort, en janvier dernier.

Avitouv, qui fut par la suite vivement critiqué en Israël “pour avoir pardonné aux Allemands”, avait appelé la foule à sauver leur pays de l’Islam. Sam, qui considère Avitouv comme un pionnier, estime que les apparitions du militant israélien, tout comme le travail accompli par JewGida, ont la capacité d’être des plus efficaces. “Les Juifs peuvent dire des choses que les Allemands ne peuvent pas se permettre. Si un Allemand s’exprimait de cette manière, on le qualifierait de nazi. Mais lorsque c’est un Juif, on peut l’entendre”.

Ce détail n’a pas non plus échappé aux plus activistes des radicaux de Pegida, et laissé craindre au sein de nombreux membres de JewGida qu’ils pourraient être exploités au profit du programme de l’extrême-droite.

Polina Garaev/i24news
Polina Garaev/i24news« Des membres de JewGida à une manifestation de Pegida contre l’islamisation de l’Europe le 25 mai 2015 »
 

“Tandis que les vrais nazis souhaitent nous voir hors du mouvement, il y a des nazis modérés préférent nous utiliser et dire ‘voyez, nous ne sommes pas extrémistes, nous avons même des Juifs parmi nous’ et cela est écœurant”, explique Michael. “Je ne veux pas être instrumentalisé. Certains d’entre eux ont même tenté de s’infiltrer dans notre groupe, mais nous avons toujours su les repérer”.

De son côté, Sam ne considère pas nécessairement l’instrumentalisation comme étant négative, tout dépend dans quel but. “Je peux m’auto-instrumentaliser et me servir de mon identité juive pour faire passer un message, mais cela reste mon choix”. Jusque-là, il assistait à toutes les manifestations de Pegida avec une Kippa, une étoile de David bien visible pendue à son cou, un tee-shirt dénonçant la Charia, et accompagné d’amis brandissant le drapeau d’Israël. “On me jette des regards, mais j’ai la peau dure”, assure-t-il. “Vous ne voulez pas voir de Juifs ? Et bien il va falloir tout de même vous y faire”.

Néanmoins, il admet qu’il s’agit d’une lutte futile. “La radicalisation de Bergida est déjà en marche, les nazis en font partie et ils vont probablement prendre le relais”, explique-t-il. “Les responsables de Bergida ont participé à plusieurs évènements du NPD (Parti national-démocrate d’Allemagne, néo-nazi, ndlr) et se sentent parfaitement à l’aise parmi les nazis. Cependant, il existe encore des personnes qui tentent de les combattre et nous nous tiendrons à leurs côtés aussi longtemps que nous pouvons”.

D’autres sont moins déterminés. Michael a juré de rester hors des manifestations de Bergida depuis qu’il a repéré l’un des représentants du parti d’extrême-droite NPD parmi les militants. “Se joindre aux manifestations de Pegida était peut-être une erreur”, note-t-il avec le recul. “C’était ridicule de pensere que nous pouvions les arrêter uniquement par notre présence, mais pendant un certain temps, nous pensions que cela fonctionnait, les nazis avaient soit disparu, soit restaient silencieux. Peut-être que finalement les critiques sur Pegida sont justifiées”.

Pourtant, il reste convaincu que le cause de Pegida est juste. “Nous sommes la majorité. La plupart des gens voudraient soulever les mêmes questions que nous, mais ils ont trop peur. Il n’y a pas de place en Allemagne pour ceux qui ne sont ni gauchiste, ni d’extrême-droite. Tous ceux qui ne sont pas totalement pro-Islam ou en faveur de l’immigration sont maintenant considérés comme des nazis. Comment une personne normale en faveur de la paix peut être comparée à un nazi uniquement parce qu’il se veut critique ? Ce mot est bien trop galvaudé et ridiculise les victimes”.

Polina Garaev/i24news
Polina Garaev/i24news« Des membres de JewGida à une manifestation de Pegida contre l’islamisation de l’Europe à Berlin le 25 mai 2015 »
 

Il trouve notamment le terme judéo-nazi particulièrement blessant. “Moi, et d’autres au sein de notre groupe, avons perdu de la famille pendant la Shoah, alors comment peut-on nous qualifier de nazis ?

Comment pourrions-nous discriminer des gens après ce qui est arrivé à nos grands-parents ?” questionne-t-il, rappelant les critiques que le groupe a reçues. “Je n’attends absolument rien de la droite ni de la gauche, mais je pensais que la communauté juive essaierait au moins de comprendre nos motivations, et c’est ce qui me déçoit le plus. Nous tentons de les protéger et nous payons le prix fort pour cela”.

Officiellement, les organisations juives d’Allemagne s’opposent à Pegida de crainte que ses membres ne s’en prennent aux Juifs une fois qu’ils en auront fini avec les Musulmans. Michael comprend cette inquiétude, alors que Sam reste sceptique.

“Je ne pense pas qu’il y ait davantage de risques que les Juifs soient visés maintenant à cause de Pegida. Néanmoins, je n’attendais pas de soutien de la part des représentants officiels jde la communauté juive. C’est honteux de voir comment le Conseil central des Juifs d’Allemagne amadoue les Musulmans et leur lèche les bottes. Je ne pense pas qu’ils devraient dire “tuez-les tous”, mais s’acoquiner avec eux en refusant de voir la vraie nature de l’Islam, ce n’est pas kasher”.

Polina Garaev est la correspondante de i24news à Berlin

 

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

1 Commentaire
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Armand

Au debut en lisant l’article j’ai eu tout de suite de la sympathie pour ce petit groupe , je le trouvais meme
courageux .

Mais la fin de cet article m’a refroidi quand on apprend que ca ne le gene pas de se rapprocher et d’etre instrumentalise par des partis nazis .

Il ne faut quand meme pas deconner non plus .

Il y a un minimum de regles morales a respecter quand on est Juif . Penser toujours a Israel et a notre Peuple .

Les vivants mais surtout les morts .