Le décès de Jack Tramiel, l’ancien créateur de Commodore, est l’occasion de revenir sur son histoire, d’Auschwitz aux premiers micro-ordinateurs grand public. Philippe Nieuwbourg, directeur du musée de l’Informatique, nous raconte son destin.

Jack Tramiel, jeune garçon, passa par Auschwitz.

Sa famille y fut exterminée, mais il survécut.

Libéré par les Américains en avril 1945, il choisit alors d’émigrer aux Etats-Unis et rejoignit l’armée américaine pour y réparer les machines de bureau, en particulier les machines à écrire.

En 1955, il rachète un petit magasin dans le Bronx à New York pour y développer son activité de réparateur et l’appelle Commodore Portable Typewriter, car son objectif est de commercialiser de nouvelles machines.

Il créé en 1955 à Toronto (Canada) la société Commodore Business Machines pour assembler des machines importées de la Tchécoslovaquie de l’époque.

Il aurait choisi « Commodore » qui signifie « contre-amiral », tout simplement parce qu’il souhaitait un nom proche des militaires et que « Général » et « Amiral » étaient déjà réservés !

Il développe ensuite avec plus ou moins de succès une gamme de machines à calculer, en Amérique du nord, en Europe et au Japon.

Ce n’est qu’en 1977 que Jack Tramiel arrive sur le marché des micro-ordinateurs, en proposant l’un des premiers modèles de micro-ordinateur au monde. A l’époque, l’Altair est encore jeune et peu accessible aux non-spécialistes.

Avec le Commodore PET, machine tout-en-un à la tête de sympathique extra-terrestre, Commodore arrive sur le marché en même temps que Apple, Sinclair et Tandy.

Développé autour d’un micro-processeur Motorola 6502, le Commodore PET est présenté à Chicago en 1977 et Commodore est vite débordé par le succès.


Commodore PET / Rama / Wiki Commons

Mais la concurrence est à l’affût et l’arrivée de l’Apple II, puis de l’Atari 800 et son écran couleur, imposent à Jack Tramiel de réagir.

Commodore lance alors le VIC-20 puis surtout le Commodore 64, dont ils vendront plusieurs millions d’exemplaires.

C’est ce « C64 » qui reste, encore aujourd’hui, en mémoire de milliers de quadragénaires qui ont découvert l’informatique en pianotant des programmes en Basic jusque tard dans la nuit.


Commodore 64 / via Wikimedia Commons by Bill Beltram / CC Licence By

Une machine compacte, robuste, performante et… puissante : Commodore 64, pour 64… kilo-octets de mémoire vive.

Un luxe pour l’époque !

Imaginez-vous 65536 caractères disponibles pour vos programmes…

Jamais à l’époque on n’aurait imaginé la remplir un jour.

Trente ans après, mon iPhone me propose 64 Go de mémoire de stockage, soit 1 000 000 de fois plus, dans un espace cinquante fois plus réduit.

Pour Jack Tramiel, l’ordinateur doit être utile à tous, pas réservé à une élite.

Il aurait d’ailleurs dit publiquement son souhait de fabriquer des ordinateurs pour les masses, pas pour les classes.

Un objectif que l’on retrouve parfaitement dans la publicité diffusée à cette époque par Commodore à la télévision.

Petite musique entêtante, graphiques « pixellisés » pour faire informatique, mais l’analyse de cet écran publicitaire nous en apprend beaucoup plus : enseignant, « geek » dans sa chambre, commerçant… chacun a droit à son ordinateur.

Et le message est sibyllin, le Commodore 64 convient à tout le monde !

Par la suite, Jack Tramiel quittera Commodore, qui disparaitra rapidement des linéaires ; Il reprend alors Atari.

Mais le C64 n’est pas mort pour autant et la vague du vintage et des « retrogeeks » lui donne une nouvelle jeunesse en 2011.

Le C64 est réédité par les propriétaires actuels de la marque Commodore.

Bien sûr, c’est un PC à l’intérieur, mais habillé dans un bon vieux boîtier du début des années 80…

Magique !

Philippe Nieuwbourg/Musée de l’Informatique/ NouvelObs Article original

PS:

Jack Tramiel, cet homme au parcours atypique, dont on se laisse dire qu’il aurait viré de son bureau deux huluberlus du nom de Steve Jobs et Steve Wozniak, venus lui proposer un prototype d’ordinateur, quand il était encore chez Commodore! (et qu’il n’étaient pas encore aux prémices …d’Apple).

Il est aussi un des créateurs du Musée de L’holocauste à Washington.

Jack Tramiel (son nom polonais était Idek Tramielski) s »est éteint le 8 avril 2012, à l »age de 84 ans .

C’est à la fois le monde de l’informatique et celui du jeu vidéo qui perdent l’une de leurs figures emblématiques.

Tags : Micro Informatique Jack Tramiel Commodore Apple Atari

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