Salomé Laborde Balen, directrice des ventes France de la start-up israélienne Bringg, a présenté l’entreprise à une délégation de patrons rennais. (Philippe Créhange) © Le Télégramme

Dans un périple la conduisant de Tel Aviv à Jérusalem, une délégation de chefs d’entreprises rennais découvre l’énergie de l’économie numérique israélienne.

« Dans ce Proche-Orient compliqué, avançons avec des idées simples. Nous sommes ici pour percer les savoir-faire de la start-up nation. Nous avons tout pour devenir une start-up région ! »

Hervé Kermarrec, président de l’Union des entreprises 35, ne masque pas l’ambition bretonne, lors de son discours dans les jardins de l’Ambassade de France à Tel Aviv ce dimanche soir, alors qu’une délégation de quelque 200 patrons rennais est en déplacement jusqu’à mercredi en Israël.

Le monde économique breton est tout simplement séduit par ce jeune pays – il n’a que 70 ans – dont les performances économiques tiennent quasiment à sa seule capacité à mobiliser sa matière grise.

Et il aimerait bien s’en inspirer pour ramener dans la péninsule bretonne cette énergie. À l’image de Salomé Laborde Balen, pétillante et virevoltante directrice des ventes France de la start-up israélienne Bringg.

Devant un auditoire conquis, dans un espace de coworking de Tel Aviv, la jeune femme illustre ce dynamisme d’un pays sans complexes, et pourtant si complexe. Créée il y a tout juste quatre ans, Bringg emploie déjà 130 salariés. « Et dans six mois on en recrute 50 de plus », souligne-t-elle. S’il n’est pas communiqué, son chiffre d’affaires atteint, lui, « plusieurs millions de dollars ».

L’entreprise spécialisée dans l’optimisation des tournées logistiques pour le monde de la distribution ne manque pas d’ambition. Et de partenaires. À son capital, on trouve des investisseurs de poids, comme Coca-Cola et Salesforce.

Avec d’autres, ils ont apporté quelque 30 millions de dollars. Des bureaux ont été ouverts à New York, Londres, Sao Paulo…

Et la start-up, sorte de « Uber de la livraison du dernier kilomètre », compte de beaux clients tels que McDonald’s en Amérique du Sud ou Boulanger et Cdiscount en France. Un Hexagone qui constitue le deuxième marché pour Bringg après les USA.

Comme il n’y a pas de marché local et qu’il n’y a pas de ressources naturelles, ils transforment la contrainte en opportunité. Ils prennent l’avion comme ils prennent le métro

Quelques minutes avant Salomé Laborde Balen, le tout aussi jeune Daniel ElKabetz ne manque pas, lui non plus, de peps. Le directeur commercial de Breezometer peut avoir le sourire. Créée également en 2014 à Tel Aviv, la start-up va approcher les 30 salariés. Sa spécialité : le traitement des données de la qualité de l’air partout dans le monde.

Sa solution, vendue à de grandes entreprises comme Google, Dyson, Johnson Controls, Faurecia ou encore Loreal, permet de délivrer un taux de pollution en temps réel et tous les 250 mètres dans une rue. Et tout ça dans 83 pays. Grâce à de puissants algorithmes, elle traite 1,6 terabytes à l’heure à partir d’informations transmises par des capteurs météo ou des satellites.

Meilleur moment pour faire son footing matinal, alerte à la pollution dans sa maison, aide à la décision pour les professionnels de l’immobilier dans le recyclage de l’air… Breezometer propose même d’aider les consommatrices à choisir leur crème de jour, puisque certains produits peuvent être nocifs pour la peau s’ils sont associés à des polluants circulant dans l’air.

Autant d’exemples illustrant le dynamisme de l’économie numérique israélienne, formée de 7 700 start-up.

Un écosystème qui brille pour plusieurs raisons. « Israël n’est pas un marché pour les Israéliens. Comme il n’y a pas de marché local et qu’il n’y a pas de ressources naturelles, ils transforment la contrainte en opportunité.

Ils prennent l’avion comme ils prennent le métro », explique Cynthia Phitoussi, du club d’investisseurs Seedil.

Les créateurs de start-up pensent donc d’abord États-Unis quand ils se lancent dans leur projet. Mais il y a aussi 150 000 Français installés en Israël. Certains profitent donc de leur double nationalité pour se lancer à l’assaut du marché hexagonal.

L’influence de l’armée

Autre spécificité locale, quand on évoque le monde des start-up en Israël, « on parle de technologies lourdes, et pas seulement un site internet comme c’est parfois le cas en France », poursuit l’experte en nouvelle économie. L’obligation d’effectuer un service militaire long permet aussi à bien des projets de naître, comme ce fut le cas pour Breezometer.

« Des start-up sont issues des unités d’élite de l’armée », confirme Cynthia Phitoussi. Autant de points forts qui font réfléchir les patrons bretons. « Nous sommes probablement devant les portes du nouveau monde qui se construit ici en Israël. Nous avons notre place dans ce monde qui émerge », veut croire le Breton Hervé Kermarrec.

À Jérusalem, carrefour de trois religions monothéistes, on lui répondrait sans doute : « Si Dieu veut ».

www.letelegramme.fr

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