Jérusalem s’apprête à prendre le relais de l’UNRWA, mais des inquiétudes persistent quant aux lacunes des services

Alors que le ministère de Jérusalem affirme avoir finalisé les préparatifs pour remplacer les services de l’UNRWA à Jérusalem-Est, des voix s’élèvent pour dénoncer des insuffisances qui pourraient plonger les habitants dans une situation précaire. Une loi interdisant la coopération israélienne avec l’UNRWA doit entrer en vigueur ce jeudi, marquant un tournant dans la gestion des services publics dans cette région. Cependant, les organisations de la société civile mettent en garde contre des préparatifs jugés insuffisants, laissant planer le doute sur la continuité des services essentiels.

Les services de l’UNRWA à Jérusalem-Est
L’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine) joue un rôle central à Jérusalem-Est, notamment dans les domaines de l’éducation, de la santé et de l’assainissement. Une grande partie de ses activités se concentre dans le camp de réfugiés de Shuafat, un territoire qui, bien que sous juridiction municipale, est physiquement isolé du reste de la ville par la barrière de séparation. Ce camp, exclu des programmes de développement urbain, dépend largement des services externes pour répondre aux besoins de ses habitants.

Selon le ministère de Jérusalem, 788 élèves sont actuellement scolarisés dans sept établissements gérés par l’UNRWA, dont environ 650 fréquentent trois écoles situées dans le camp de Shuafat. À court terme, ces élèves seront redirigés vers des écoles situées de l’autre côté de la barrière de séparation. La municipalité prévoit de prendre en charge le transport, l’équipement et les rénovations nécessaires. À moyen terme, une école temporaire sera installée dans des caravanes mobiles au sein du camp, un projet qui devrait prendre huit mois. Enfin, à long terme, un « campus éducatif » sera construit dans le camp, avec un budget de 20 millions de shekels alloué à cette fin.

Santé et services sociaux
En matière de santé, l’UNRWA gère deux centres à Jérusalem-Est : un dispensaire dans le camp de Shuafat et une clinique pour nourrissons (« Tipat Chalav ») à la Porte des Fleurs, dans la Vieille Ville. Pour compenser la fermeture de ces services, le ministère a renforcé le personnel des centres de santé existants, tant à Jérusalem-Est qu’au-delà de la barrière de séparation. Cependant, des questions subsistent quant à la capacité de ces structures à répondre aux besoins spécifiques des habitants, notamment en ce qui concerne la distribution de médicaments sans frais supplémentaires, un service offert par l’UNRWA mais absent du système de santé israélien.

De plus, les requérants d’une pétition déposée devant la Haute Cour de justice ont souligné que les solutions proposées par la municipalité ne tiennent pas compte des contraintes liées aux contrôles de sécurité à la barrière de séparation, qui risquent d’allonger considérablement les trajets quotidiens des élèves. Ils critiquent également le recours à des structures temporaires, jugées inadéquates pour remplacer les services éducatifs de l’UNRWA de manière pérenne.

Une transition sous tension
La loi mettant fin aux activités de l’UNRWA à Jérusalem-Est, publiée le 30 octobre dernier, prévoit une période de transition de trois mois avant son entrée en vigueur. Une seconde loi, visant à mettre un terme à la coopération israélienne avec l’UNRWA dans d’autres régions, notamment Gaza et la Cisjordanie, a également été adoptée. Ces mesures font suite à des allégations selon lesquelles certains employés de l’UNRWA auraient été impliqués dans les attaques du Hamas le 7 octobre, ainsi qu’à des accusations d’infiltration du Hamas au sein de l’agence à Gaza.

Malgré les assurances du ministère de Jérusalem, les critiques persistent. Les pétitionnaires ont notamment déploré l’absence de solutions pour les services de sécurité sociale et nutritionnelle, qui constituent pourtant un pilier de l’aide apportée par l’UNRWA. Par ailleurs, bien que le ministère de la Santé ait lancé un appel d’offres auprès de la Croix-Rouge internationale pour assurer la continuité des services de santé dans le camp de Shuafat, cette initiative n’a pas été mentionnée dans le communiqué officiel du ministère, ajoutant à l’opacité entourant cette transition.

Alors que Jérusalem s’apprête à assumer la responsabilité des services autrefois fournis par l’UNRWA, les défis restent nombreux. Les critiques soulignent des lacunes dans les préparatifs, notamment en ce qui concerne l’éducation et la santé, deux domaines essentiels pour les habitants de Jérusalem-Est. Si les autorités israéliennes affichent leur détermination à assurer une transition fluide, les inquiétudes exprimées par les organisations de la société civile et les résidents laissent entrevoir un avenir incertain pour les populations concernées. La question de savoir si les solutions proposées pourront réellement remplacer les services de l’UNRWA sans compromettre la qualité de vie des habitants reste en suspens.

Bien que le transfert des services de l’UNRWA vers les autorités israéliennes soit complexe et risque de placer les Palestiniens bénéficiaires dans une situation précaire, il est important de rappeler que l’UNRWA porte une part significative de responsabilité dans cette situation. Depuis des décennies, cette organisation, bien que destinée à fournir une aide humanitaire, a été largement infiltrée par des factions terroristes, qui ont exploité ses ressources financières et techniques pour servir leurs propres agendas. Cette instrumentalisation, couplée à des allégations récurrentes de complicité avec des groupes comme le Hamas, a créé un climat de méfiance et d’instabilité.

Pour Israël, cet état de fait a perduré bien trop longtemps. Les récentes révélations concernant l’implication présumée d’employés de l’UNRWA dans les attaques du 7 octobre ont été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Il est devenu impératif de mettre un terme à cette coopération, malgré les défis que cela implique pour les populations dépendantes de ces services.

Si la transition s’annonce difficile et pourrait engendrer des difficultés pour les Palestiniens de Jérusalem-Est, elle s’inscrit dans une nécessité plus large de rompre avec un système qui, au fil des années, a été détourné de sa mission initiale. Pour Israël, il s’agit d’un pas nécessaire, bien que douloureux, vers une gestion plus transparente et sécurisée des services publics dans la région.

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