Dans « de Feu et de Fureur », la question d’Israël est placée au centre de la lutte intestine pour le pouvoir entre Bannon et Kushner

Les peuples aiment les histoires à la Borgia.

Lucrèce Borgia, et Juan Borgia, dans les Borgia (Season 2, Episode 2) – Photo: Jonathan Hession/SHOWTIME – Photo ID: Les Borgia_202_0194

Un nouvel épisode de la saga Trump devrait nous éloigner durablement de la nécessité de s’atteler aux véritables menaces. Aujourd’hui le portrait du mauvais garçon, du félon, de la « balance », Steve Bannon… Une nouvelle illustration du vieux thème de Caïn et Abel. 

 

Le haut-conseiller a tenté de décrire le gendre de Trump comme un être trop faible en matière d’appui à apporter à l’Etat Juif, alors que les deux rivaux se battaient pour obtenir l’aval du Président, selon ce que prétend Michaël Wolff dans son livre-brûlot. 

Stephen Bannon, left, and Jared Kushner attending a White House swearing-in ceremony of senior staff, January 22, 2017. (Andrew Harrer-Pool/Getty Images via JTA)
Stephen Bannon, à gauche, et Jared Kushner assistant à la cérémonie de nomination du chef d’Etat-Major de l’équipe Trump à la Maison Blanche, le 22 Janvier 2017. (Andrew Harrer-Pool/Getty Images via JTA)

WASHINGTON — Le nouveau livre qui défraie la chronique à Washington, et diffusé en avance depuis vendredi dernier, expose certains détails sur la manière dont Israël s’est trouvé pris au milieu d’une lutte féroce pour le pouvoir, entre le gendre de Donald Trump Jared Kushner et le stratège en chef Stephen Bannon.

 

« De Feu et de Fureur : au cœur de la Maison Blanche de Trump », de Michaêl Wolff, qui est au centre du dernier cycle (-one) de controverses au sujet de la présidence Trump, décrit une situation dans laquelle Bannon tourne Kushner en dérision, alors que ce dernier vient de se voir confier, par le Président, la mission de retisser les conditions d’une médiation dans les négociations de paix entre Israéliens et Palestiniens.

L’éducation juive de Kushner l’a amené à établir de fréquents contacts avec Israël, y compris jusqu’à accueillir le premier ministre Binyamin Netanyahu dans sa chambre, selon un reportage du New York Times. Dimanche, le Times a aussi rapporté que Kushner et sa compagnie familiale ont lourdement investi dans des accords commerciaux avec Israël.

Cependant, peut-être par esprit de surenchère ou parce qu’il ne bénéficiati pas de ces atouts de départs, Bannon a accusé Kushner d’être trop faible dans sa défense de l’Etat Juif et il a utilisé la question de l’aide  àIsraël comme une façon de rabaisser Kushner », insiste Wolff dans son livre devenu best-seller dès sa publication.

« Une des accusations de Bannon contre Kushner, la personne-ressource nommée par l’administration sur les questions du Proche-Orient, est que Kushner n’est pas assez solide dans sa défense d’Israël », pointe Wolff. « Bannon n’a pas hésité à attaquer Kushner sur Israël, en en faisant une sorte de test décisif pour mesurer qui était de droite (le plus à droite). Bannon cherchait à appâter les Juifs sur cette question -en particulier des Juifs qu’il décrit comme mondialisés, cosmopolites et libéraux comme Kushner – parce que, plus on va loin dans une rhétorique de droite, plus on a l’air (« sioniste ») d’être juste sur la question d’Israël ».

Les reportages sur les tous premiers jours de l’Administration Trump décrivent Kushner et Bannon comme fréquemment à couteaux tirés et rivalisant à qui-mieux-mieux pour obtenir l’approbation du président. Plusieurs reportages ont fait surface où on voit Bannon accuser Kushner de chercher à le faire expulser de la Maison Blanche, dont il a fini par démissionner à la suite du rassemblement néo-nazi de Charlottesville, en Virgine, en juillet.

Ivanka Trump, fille du Président Donald Trump, son mari, le principal conseiller de Jared Kushner, leurs deux enfants Arabella Kushner et Joseph Kushner, le Stratège en chef Steve Bannon, second à partir de la droite, et le chef d’Etat-Major Reince Priebus, à droite , marchent versAir Force One sur la base aérienne d’Andrews,  Md.,le vendredi 17 février 2017. (AP Photo/Andrew Harnik)

 

Ces attaques sur fondement de soutien à Israël, selon Wolff, dérangeaient profondément Kushner, qui les ressentaient comme reposant sur un fond d’antisétisme revenant au galop.

‘Les efforts de Bannon pour s’emparer du label de l’homme le plus fort sur Israël étaient profondément déconcertants pour Kushner, qui a grandi en tant que Juif orthodoxe », écrit Wolff. « Pour Kushner, la défense d’Israël de Bannon, centrée à la droite de la droite et adoptée par Trump, devenait en quelque sorte un exercice permanent de JuJitsu pour contrer ces injonctions condescendantes dirigées contre lui », de manière autoritaire, et qu’il ressentait comme une forme d’antisémitisme avançant masqué [ou antisémitisme paradoxal par excès de zèle, de philosémitisme outrancier, style qui trop embrasse mal étreint?].

« Bannon semblait déterminé », poursuit Wolff, « pour présenter Kushner comme un faible, inadapté au profil de poste – un « cocu », selon la terminologie fleurie de l’alt-right.

Personnage central du récit de ce livre, sur l’ascension au pouvoir de Trump et l’essentiel de sa première année à la Maison Blanche, Bannon aurait aussi déclaré à l’ancien driecteur exécutif de Fox News Roger Ailes, que l’équipe de Trump envisageait un plan visant à restituer le contrôle e la Rive Ouest du Jourdain à la Jordanie [moins les territoires annexés à Israël] et la Bande de Gaza à l’Egypte – et que le président élu du moment était « totalement d’accord » avec une telle proposition.

Le Président Donald Trump (AP Photo/Andrew Harnik)

Bannon avançait avec agressivité l’idée de déménager l’ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem dès le premier jour d’exercice de l’administration, qui n’était pas encore opérationnelle.

Selon Wolff,il avait dit à Ailes que ce déménagement était dans les tiroirs t qu’aussi bien le Premier Ministre Binyamin Netanyahu que le magnat des casinos de Las Vegas, Sheldon Adelson, un donateur incontournable pour le Parti Républicain et les causes pro-israéliennes les plus résolues, étaient 100% d’accord.

Trump, pour sa part, n’a pas immédiatement décrété le déménagement de l’ambassade, mais a mis au point des plans architecturaux pour sa relocalisation, le mois dernier et il a formellement reconnu la ville sainte come la capitale d’Israël.

« Dès le 1er jour, nous allons déménager l’ambassade américaine à Jérusalem. Netanyahu est à fond pour, de même que Sheldon, à 100% », aurait dit Bannon à Ailes, si on s’en tient à l’accent mis sur la question dans ce livre. « Nous savons vers uoi nous nous orientons sur ce sujet… Donnons la rive ouest du Jourdain à la Jordanie et laissons l’Egypte s’occuper de Gaza. Laissons-les se débrouiller avec ça. Ou couler en tentant de le faire ».

Cette idée devait constituer, selon Wolff, un changement majeur dans la politique étrangère de l’Amérique, en éliminant la possibilité d’une « solution à deux-Etats » au conflit palestino-israélien et l’établissement d’un Etat palestinien indépendant.

Ailes aurait alors demandé à Bannon : « Où se situe Donald, là-dessus? » (Wolff se sert de cette question pour démontrer « que Bannon était loin devant son bienfaiteur » sur ces questions)

Ce à quoi Bannon répondait : « Il est d’accord à 100% ».

« Je ne laisserais pas trop de temps à Donald pour y réfléchir à deux fois » [si j’étais toi], aurait alors répliqué Ailes.

« Trop de temps ou trop peu ne change pas foncièrement les choses », aurait répondu Bannon.

Parution du livre brûlot le 5 janvier à Corte Madera, Californie.(Justin Sullivan/Getty Images/AFP)

Depuis la parution du livre, les commentaires de Bannon -en particulier son allégation selon laquelle la rencontre secrète du fils du Président Donald Junior avec les Russes, au cours de la campagne constituait une « trahison » – l’ont mis sur le grill avec son ancien patron versatile, qui le désigne à présent sous le sobriquet de « Sloppy Steve » (le négligeant, peu soigné, manquant d’élégance, voire ivrogne), le dernier de ses surnoms désobligeants.

Le président exécutif de Breitbart Actualités a tenté de prendre ses distances avec ces commentaires explosifs, dimanche, en diffusant un communiqué, d’abord signalé par Axios, où il cire les pompes de Trump Junior, en le désignant comme un « patriote et un homme d’une grande bonté ».

Un détail important auquel « Fire and Fury »  donne corps, mais qui n’était pas nécessairement inédit avant la diffusion commerciale du livre, c’est la relation que Bannon a forgée avec Adelson, qui détient Israel Hayom, le quotidien de droite en Hébreu diffusé en Israël, situé comme pro-Netanyahu t parfois, « la voix de son maître ».

Sheldon Adelson au Capitole à Washington, DC le 20  Janvier 2017. (AFP PHOTO/Paul J. Richards)

« Sur Israël, Bannon a monté un partenariat avec Sheldon Adelson, le titan de Las Vegas, gros contributeur de droite et, dans l’esprit du président, quasiment le type le plus dur en affaires et en politique, en tant que Juif (ce qui veut aussi dire le plus riche) », écrit Wolff.

le livre prétend aussi qu’Adelson a tout fait pour défendre Bannon et obtenir sa grâce aux yeux du président, quand il envisageait de le limoger, à un certain moment, l’an dernier, en disant à Trump que Bannon est « la seule personne à qui il fait confiance concernant Israël ».

Michael Wolff (AP Photo/Carolyn Kaster)

« Feu et Fureur » est la source d’intenses controverses depuis que l’éditeur a anticipé sa date de sortie afin de créer un appel d’air pour que tous l’aient dans leur bibliothèque et croient tout savoir de « l’affaire », la semaine dernière. Trump et son équipe ont tenté de le faire interdire comme diffamatoire et l’attaquent sans répit sur le manque de crédibilité de l’auteur.

Certains aspects du livre sont sérieusement mis en question, à commencer par le passage qui prétend que Trump (présenté comme un bizut), juste élu, ne connaissait même pas le porte-parole du Congrès, John Boehner. Or, preuve est faite qu’ils ont fait du golfe ensemble par le passé.

« Michaël Wolff est un looser total qui raconte des histoires dans le but de vendre son bouquin vraiment ennuyeux et peu digne de foi »,  a une fois de plus, tweeté Trump.

« Il a manipulé Steve-le-négligeant, qui pourtant pleurait comme une madeleine quand il s’est fait viré et mendiait pour retrouver son poste. Maintenant, Steve le clodo s’est fait largué comme un chien par tout le monde. Monde cruel! »

Adaptation : ©JForum avec agences.

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amsallem

La gauche américaine a completement perdu les pédales et ne sait plus quoi inventer , un tombereau de fumier pour discrediter Trump , est on encore en democratie au pays de l’oncle Sam ?