Hollande consent un effort budgétaire «considérable» pour l’armée

 
  • François Hollande l’issue Conseil défense mercredi.

    François Hollande à l’issue du Conseil de défense ce mercredi. – STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

     

     

     

+ VIDEO – Le chef de l’Etat a conforté le budget 2015 de la défense et décidé une rallonge de 3,8 milliards jusqu’à la fin de la loi de programmation militaire en 2019. L’armée a obtenu de sauver 18.500 postes sur les 25.800 restant à supprimer.

Noël avant l’heure pour l’armée. A l’issue d’ un Conseil de défense ce mercredi matin, François Hollande a annoncé que les crédits de la loi de programmation militaire allaient bénéficier d’un effort « considérable » pour tirer tous les enseignements des attentats de janvier et du très haut niveau de déploiement des forces en opération extérieure. Au total, ce sont 6 milliards d’euros de crédits supplémentaires que le chef de l’Etat a décidé d’allouer à la grande muette et, ce, malgré les impératifs de réduction des déficits publics.

François Hollande a d’abord rappelé que les 31,4 milliards prévus en 2015 seraient bien au rendez-vous. Mais, et l’inflexion est notable, tout proviendra de crédits budgétaires en bonne et due forme. « Le ministère de la Défense est sûr de pouvoir disposer de ces crédits », a promis le chef de l’Etat. Autrement dit, adieu – au moins pour cette année – au très controversé projet de location de matériel à l’étude depuis plus de six mois.

 

Défendu par la Défense, faute de mieux, mais combattu par Michel Sapin, pour ses effets nocifs sur l’endettement, ce projet devait permettre de récupérer 2,2 milliards initialement attendus de la cession des fréquences de la TNT, la télévision numérique terrestre. L’idée était de créer une ou deux sociétés spéciales (« SPV » en anglais), capitalisées grâce à la cession par l’Etat de quelques participations publiques, et qui auraient acheté à l’armée des matériels pour les lui re-louer aussitôt, avion de transport A400M ou frégate multi-missions. D’où une rentrée d’argent frais.

Le retour au « classicisme » ne concerne d’ailleurs pas que 2015, puisque toutes les recettes à caractère exceptionnel prévues par la suite de la loi de programmation, soit 3,7 milliards environ, vont aussi être transformées en crédits budgétaires, sachant de toutes façons que leur origine n’était pas connue…

18.500 postes préservés

Deuxième annonce majeure : pour financer la prolongation dans la durée de l’opération Sentinelle – c’est-à-dire pouvoir déployer 7.000 hommes affectés à la surveillance des points sensibles du territoire – autant que pour poursuivre le haut niveau de déploiement des troupes à l’extérieur (Sahel, Irak, Centrafrique…), ce sont 3,8 milliards supplémentaires qui vont être alloués sur la période 2016 à 2019, en tenant compte des économies dégagées sur l’inflation ou le prix du pétrole : 600 millions en 2016, 700 millions en 2017, 1 milliard en 2018 et 1,5 milliard en 2019, selon Reuters.

François Hollande n’est par rentré dans les détails, déclarant seulement que cette somme recouvre « pour beaucoup des crédits de personnes et d’équipements ». L’armée a fait ses comptes : elle estime qu’il fait sauver 18.500 postes sur les 34.000 promis à la suppression dans la loi de programmation militaire pour mener à bien toutes les missions qu’on lui assigne. Ce qui lui a été accordé lors du Conseil de défense. Compte tenu de ce qui a déjà été fait, les effectifs de la grande muette ne diminueront donc « que » de 7.300 postes d’ici à 2019. C’est un allégement majeur de son plan social.

Pour l’UMP, le compte n’y est pas

Les 3,8 milliards de crédits supplémentaires serviront aussi à financer la maintenance des matériels, qui sont très éprouvés par les Opex, mais aussi à en acquérir de nouveaux. Là encore pas de détail, le chef de l’Etat évoquant juste l’aéronautique, la cyberdéfense ou encore le renseignement. Les choses ne vont par traîner puisque la loi de programmation actualisée sera présentée au Conseil des ministres du 20 mai, a ajouté François Hollande.

A droite, les premières réactions critiques n’ont pas tardé. Pour le député UMP de Paris Jean-François Lamour, « le compte n’y est toujours pas ». Ces 3,8 milliards d’euros de crédits budgétaires supplémentaires, estime-t-il, « permettent de financer soit la moindre déflation des effectifs, soit la poursuite des programmes d’armement (…) mais certainement pas les deux, ce qui aurait nécessité environ 4 milliards d’euros de plus sur la période. »

S’il salue, comme Jean-François Lamour, l’abandon du projet de location de matériel, François Cornut-Gentille (UMP, Meuse), met en avant le caractère « plus évasif » de François Hollande quand il s’agit d’expliquer d’où va provenir l’argent promis. Qualifiée de « sanctuarisation de papier », la garantie apportée au budget 2015 ne tient pas car, justifie-t-il, « les dépenses ont considérablement augmenté par rapport aux prévisions à la suite des attentats de janvier. Les armées devront se serrer la ceinture et sans doute reporter l’acquisition d’équipements militaires. »

ALAIN RUELLO / CHEF DE SERVICE ADJOINT |

 

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