Hanoucca nous rappelle la nécessité d’une action conjuguée entre l’action de la Providence et celle des hommes, ici des Hasmonéens qui en rallumant la Ménorah, Flamme du Sacré ont mérité la consécration de leur acte par un miracle qui est la manifestation éclatante de l’approbation par le Divin, la signature lumineuse de D.

Hanoucca 2018

De la soirée du dimanche 2 décembre
À la soirée du lundi 10 décembre

L’Histoire, celle qui avance dans le sens du projet divin ne peut se passer de l’action des hommes dotés du libre arbitre ce qui peut expliquer les méandres de l’histoire mais il est incontestable que parallèlement à nos égarements ou conjointement à notre lucidité préside la Providence qui veille.

Ce qui nous vaut soit le voilement de la face divine et ses moments de ténèbres dans le temps, soit ses clins d’œil, lumière de D. à ceux qui ont vu et voient encore aujourd’hui ses manifestations.

Si à Hanoucca il nous est recommandé de donner la priorité au miracle et à l’allumage des « Hanoukiot » , il est évident que nous ne pouvons donner sens au miracle et à cette fête sans en connaître les circonstances et les faits historiques, faits que tout le monde connaît, que je ne vais pas vous redire.

Mais c’est à une méditation sur la conception de l’Histoire dans la Pensée Juive que je vous invite.

« La philosophie juive de l’Histoire est une œuvre juive, et en un sens la dernière transformation de l’esprit prophétique. » a pu écrire Ernest Renan.

Cette pensée met en relief un des apports les plus précieux par lesquels le monothéisme a pu enrichir la civilisation humaine.

Le monothéisme implique l’idée d’une histoire universelle composée de multiples histoires particulières des peuples mais qui maintient à jour le jugement de l’humanité par la Providence.

Il détient la clé de l’Histoire. Sans le monothéisme au but messianique l’Histoire est un non sens.

D’autres conceptions de l’Histoire et celle du Christianisme entre autres ont été parasitées par le mythe ce qui ne peut conduire à une saine philosophie de l’Histoire.

Le peuple d’Israël a compris la notion de l’Histoire bien avant les « légendes hellénistiques ».

La Bible relate les débuts de l’humanité, les engendrements avec l’histoire réelle de leur vécu et dès le départ elle met en relief celui qui a présidé à la création de la nature et des hommes et qui présidera à leur histoire avec une orientation, un sens et une finalité.

Ce caractère théologique exclut toute conception vaguement pragmatique.

Elle implique une éducation progressive du genre humain. La vie des nations est déterminée par leur attitude vis-à-vis du droit et de la justice. C’est elle qui détermine la morale de l’Histoire.

Aussi, a-t-on pu écrire « L’Histoire Universelle est l’Histoire de la justice immanente ». Toute la face sombre représente les forces qui s’opposent à cette exigence de justice.

Dans ce cadre universel, l’Histoire du peuple juif est fonction de sa fidélité à l’Alliance, c’est à dire au respect des lois qui ont présidé à la Création et au projet divin.

C’est Abraham, père du monothéisme qui, le premier a compris et adhéré à ce projet. Aussi, a-t-il mérité ce que Rachi exprime dans un commentaire sur Lekh Lekha : « D. fait sortir Abraham du globe du monde et l’emporte au dessus des étoiles ».

Ce qui laisse entendre que la postérité d’Abraham se situera sur un plan supérieur au niveau terrestre et matériel. En effet alors que les destinées des autres nations sont commandées par des contingences naturelles, physiques, sociales et économiques, l’histoire d’Israël est celle de l’Esprit.

Il a pu poursuivre son histoire, douloureuse certes, mais pendant des millénaires sans pays, sans gouvernement, sans langue commune, mais selon le verset d’Isaïe que l’on peut lire aujourd’hui encore sur le fronton la synagogue de la rue de la Paix à Strasbourg : « Non par le glaive mais par la seule force de l’Esprit ».

Ses destinées nationales sont la manifestation éclatante de la réalité de l’ordre surnaturel et divin et de l’existence du miracle dans la vie terrestre.

Et c’est aussi Isaïe le prophète qui a pu exprimer cette vocation historique particulière : « Israël est le serviteur du Seigneur envoyé pour le salut des peuples jusqu’à la fin des jours »

Il résume ainsi ce qui n’a jamais cessé d’animer la conscience historique du peuple, les œuvres d’historiens juifs et tout ce qui touche à l’Histoire jusqu’à l’aube des Temps Modernes.

Notre Renaissance Nationale au XX ème siècle n’ayant fait que corroborer cette espérance messianique éclairée et éclairante pour notre Histoire et celle de l’humanité.

Même si au départ elle a été le fait de laïcs, elle porte en elle le germe d’un monde rédimé, axé sur le respect des valeurs qui sont : l’humain, la connaissance, les rapports pacifiés entre les hommes et la reconnaissance de l’Essence qui donne vie à tout ce qui est…

Avec l’histoire chacun prépare consciemment ou inconsciemment la réalisation de la Parole des prophètes.

Deux remarques pour résumer : Ce qui caractérise la divinité est le temps, l’Eternité. Abraham Heschel a écrit « D. en quête de l’homme » pour conduire avec lui un projet dans un déroulement historique.

Ce qui caractérise l’Histoire d’Israël c’est sa pérennité dans le temps avec des zones d’ombre et de lumière certes mais avec l’exigence d’une permanence de la sanctification du temps et l’acheminement vers une ère de paix.

Alors avec de telles similitudes comment Israël ne serait-il pas en quête de D. ? Le miracle de Hanoucca est là pour nous le rappeler.

AB

« Une réflexion à la lumière de la pensée de Munk »

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