Le djihadiste est jugé en Belgique pour avoir tiré sur des policiers en mars 2016 à Bruxelles.

Le djihadiste français Salah Abdeslam, qui risque 20 ans de prison en Belgique pour sa participation à une fusillade avec la police en mars 2016 à Bruxelles, sera fixé sur son sort ce lundi 23 avril.

C’est la première fois qu’un tribunal se prononcera concernant le seul membre encore en vie des commandos djihadistes qui ont attaqué Paris le 13 novembre 2015 faisant 130 morts.

Lors du procès en février, Abdeslam, incarcéré en région parisienne, n’avait fourni aucune explication au tribunal. Au premier jour de l’audience, il avait défié la justice affirmant « placer sa confiance en Allah et c’est tout ».

Il n’était pas revenu le second jour, laissant son coprévenu Sofiane Ayari, un djihadiste tunisien de 24 ans, seul face aux juges.

Une peine de 20 ans de prison assortie d’une période de sûreté des deux tiers a été requise contre les deux hommes accusés de « tentative d’assassinat sur plusieurs policiers dans un contexte terroriste ».

 Comment s’est déroulé le procès ?

Soldats armés en faction, hélicoptère tournoyant dans le ciel, véhicules blindés : une sécurité hors norme avait été mise en place dans et autour du Palais de justice.

L’intérêt médiatique était énorme, avec près de 300 journalistes accrédités, en place lundi dès le petit matin. Un chiffre bien supérieur à la capacité de la petite salle du tribunal correctionnel où ont comparu le Français d’origine marocaine et son coprévenu, tout deux entourés en permanence par deux policiers belges cagoulés ne les quittant pas des yeux.

L’effervescence de la première journée est cependant retombée quand Abdeslam, emprisonné dans le nord de la France le temps du procès, a refusé de retourner à Bruxelles. Ce choix, ainsi que les réponses évasives d’Ayari, ont écourté le procès sur deux jours – lundi et jeudi – au lieu des quatre initialement prévus.

Qu’a-t-on appris sur Salah Abdeslam ?

C’était l’un des enjeux principaux de ce procès. Abdeslam allait-il s’exprimer ou persister à se taire ? Le prévenu a finalement pris la parole mais très brièvement, et uniquement pour contester la légitimité du tribunal.

« Je n’ai pas peur de vous, je n’ai pas peur de vos alliés, de vos associés, je place ma confiance en Allah et c’est tout », a-t-il lancé, défiant, lors de son unique intervention lundi à l’audience, où il est apparu cheveux mi-longs coiffés en arrière, barbe épaisse et vêtu d’une veste grise sur un polo blanc.

Seules quelques lettres du terroriste présumé ont filtré dans la presse, dont une écrite en juin dernier à son cousin depuis sa cellule, où il l’invite à « délaisser les désobéissances envers Allah » et l’exhorte à « la prière. La prière. La prière!! ».

Selon un rapport d’expertise versé au dossier des attentats du 13 novembre 2015, le gilet explosif de Salah Abdeslam, n’a pas fonctionné parce qu’il était défectueux et non parce que ce dernier aurait renoncé à la dernière minute.

Son avocat, Sven Mary, a voulu remettre en question l’image de djihadiste déterminé renvoyée par son client. Que ce soit lors de la fusillade à Bruxelles, après les attentats de Paris ou au moment de son arrestation le 18 mars 2016, « il ne cherche pas l’affrontement », a-t-il souligné.

L’un des avocats des policiers, Me Tom Bauwens, a lui ironisé sur l' »opportunisme » du prévenu, qui « le matin fait le djihad, et l’après-midi ne fait que s’enfuir », allusion à son renoncement à comparaître.

Qui est son co-prévenu, Sofiane Ayari ?

Ce Tunisien de 24 ans s’est rendu en Syrie « fin 2014 » pour rejoindre l’organisation Etat islamique (EI) afin, dit-il, de venir en aide aux populations locales.

Il est ensuite venu en Europe, en septembre 2015, profitant du flux de migrants, avant d’être récupéré en Allemagne par Salah Abdeslam, qui l’a conduit en Belgique avec deux autres jihadistes.

Selon une note policière, il souhaitait « mourir en martyr », ce dont il se défend, expliquant que son seul objectif était de retourner en Syrie.

Son ADN a été retrouvé dans plusieurs planques de la cellule jihadiste, dont certaines ont servi à préparer les attentats de Paris. La France le réclame d’ailleurs à la Belgique pour l’inculper.

Le 13 novembre 2015, jour de ces attaques, il était à Amsterdam avec un complice, Osama Krayem. Les enquêteurs le soupçonnent d’avoir voulu commettre ou préparer un attentat à l’aéroport de Schiphol, mais il a refusé lors du procès de s’exprimer sur ces faits.

Quels liens avec les attentats de Paris et Bruxelles ?

Les enquêteurs sont convaincus que la découverte fortuite de la planque d’Abdeslam, 60 rue du Dries, dans le quartier de Forest, puis son arrestation, ont précipité les attentats du 22 mars 2016, quelques jours plus tard, dans l’aéroport et le métro de Bruxelles (32 morts).

« La fusillade de la rue du Dries s’inscrit dans un continuum entre le 13 novembre et le 22 mars », résume Me Guillaume Lys, qui défend des victimes des attaques bruxelloises.

L’enquête sur cette fusillade, puis le procès, ont mis un peu plus en lumière l’existence d’une seule et même cellule franco-belge liée au groupe Etat islamique.

L’appartement de Forest a, par exemple, été loué par l’un des kamikazes de Bruxelles et outre Abdeslam et Ayari, il servait de planque à Mohamed Belkaïd, tué arme à la main lors de la fusillade.

Cet Algérien de 35 ans avait été selon les enquêteurs le destinataire d’un SMS envoyé par les assaillants du 13 novembre le soir des attentats : « On est parti on commence ».

(Avec AFP et Reuters)

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