Réévaluer les principales menaces sécuritaires sur Israël : le Hezbollah sur le Golan, la miniaturisation nucléaire nord-coréenne, un coup d’Etat djihadiste en Egypte. 

Un ancien Directeur de l’Agence Centrale des Renseignements (CIA) a récemment déclaré que la communauté des renseignements aux Etats-Unis dispose d’un palmarès parfait dans l’identification des menaces futures, puisque :  » Nous n’avons jamais eu raison »!

S’il y a bien une chose sur laquelle nous ne savons rien, c’est bien l’avenir. Quoi qu’il en soit, nous n’avons pas d’autre choix que d’essayer de percer cet épais brouillard et d’identifier au moins ces menaces potentielles qui semblent actuellement les plus probables et de tenter de nous mettre dans la meilleure position possible pour y faire face.

Security fence on the Israel-Egypt border. / Reuters

 

Une chose dont on peut être à peu près sûr, c’est que les menaces potentielles qui obtiennent le plus d’attention et de publicité ne sont probablement pas celles qui sont en fait les plus probables. Illustration : on, dit que si l’Iran aboutit à la capacité nucléaire par la fabrication d’une bombe, ce qui apparaît actuellement très probable à un certain point, Israël doit se préparer à une attaque nucléaire de la part de l’Iran.

Faux : Israël dispose des forces armées les plus puissantes dans la totalité de la région Moyen-Orient-Afrique du Nord. Des sources étrangères estiment qu’Israël a des dizaines (entre 150 à 300) têtes nucléaires (missiles Jéricho) prêtes au décollage. L’Etat Juif a donc la capacité d’atteindre par des dizaines de missiles simultanés l’Iran, et ses sous-marins Dolphin basés dans le Golfe ne se trouvent qu’à quelques miles marins de la côte iranienne et Téhéran est dans leur ligne de mire. Prendre les principales cibles militaires et politiques dans le viseur ne poserait aucun problème. Il semble extrêmement improbable que l’Iran puisse déclencher une guerre nucléaire contre Israël, même avec à sa tête un régime très suicidaire.

Donc, quelles sont les menaces externes les plus probables à l’encontre de la Sécurité israélienne? Je dirais qu’il y en a trois principales :

1)  Actuellement, soit le Hezbollah, soit l’Etat Islamique (Daesh) -soit les deux en même temps- sont sur le point d’occuper le Golan syrien et d’y consolider leurs positions. Si c’est le Hezbollah qui l’emporte et qu’il est en partie relevé et soulagé de ses préoccupations de devoir protéger le régime Assad en Syrie (puisque c’est la Russe qui s’en occupe), Israël peut être attaqué simultanément, depuis deux régions à la fois, par les groupes armés du supplétif de l’Iran, par des dizaines de milliers de roquettes : du Golan et du sud-Liban. Si c’est Daesh qui l’emporte et occupe la région de la frontière syrienne, le problème apparaît plus simple à résoudre, puisque Daesh ne contrôlera pas, de toute évidence, le Sud-Liban simultanément, disposera de bien moins de roquettes que le Hezbollah et ne sera pas en mesure de compter sur un appui extérieur, du même poids que l’Iran et la Syrie. Quoiqu’il en soit une telle évolution serait (et elle l’est actuellement) extrêmement inquiétante, le Hezbollah et Daesh étant des ennemis jurés d’Israël,mais on considère généralement que seul Daesh est totalement psychotique et donc plus imprévisible. Israël est tout-à-fait conscient de cette menace potentielle qui peut évoluer d’un jour à l’autre et a positionné des forces substantielles sur le Golan ainsi que tout le long de la frontière libanaise.

2) Bien que nous ayons démontré qu’une attaque « régulière » de missiles atomiques de la part de l’Iran est extrêmement improbable, on peut supposer que dès que l’Iran disposera de cette capacité, il se penchera sur le développement de sa capacité de miniaturisation de son arsenal nucléaire. Cette année, la Corée du Nord a annoncé qu’il avait réalisé cette capacité après des années de recherches. On peut supposer que les Nord-Coréens, comme ils l’ont toujours fait, mettront leur savoir et leurs capacités technologiques au service des Iraniens, en écourtant énormément leurs propres délais nécessaires à un tel développement. Introduire un engin nucléaire miniature en Israël, actuellement , si c’est loin d’être facile, reste certainement faisable. Pour contrer cette menace potentielle requerra la mise en place d’une barrière High Tech tout le long des frontières libanaise et syrienne, comme cela existe actuellement le long des frontières égyptienne et gazaouïe et telle qu’on en construit aussi une le long d’une partie de la frontière avec la Jordanie.

3) Peut-être que la menace potentielle la plus effrayante de toute serait un renversement du régime El-Sissi en Egypte et son remplacement par un gouvernement djihadiste. A présent, la collaboration entre les services de renseignements et de sécurité d’Israël et d’Egypte sont excellents et le Hamas est cerné par les deux pays. Un gouvernement djihadiste au Caire, coopérant activement avec le Hamas, serait un véritable cauchemar et exigerait de lourds renforts sur les frontières du Sud du pays, peut-être exactement au même moment où il faudrait les renforcer autant au nord (Golan).

On a remarqué, au moins dans ces colonnes, qu’en fait et paradoxalement, l’essentiel du chaos actuel au Moyen-Orient bénéficie effectivement à Israël, au moins dans le court et peut-être dans le moyen terme. D’autres évolutions positives récentes comprennent la résolution de la controverse sur le gaz au large des côtes et le bourgeonnement d’un Consortium entre Chypre/l’Egypte/Israël afin d’exploiter les ressources dans un cadre régional. Le passage du budget met de côté pour le moment, la question du choix atrocement difficile entre la nécessité de défendre le pays et celle d’avoir un pays qui vaille encore plus le coup d’être défendu, mais c’est aussi une autre évolution positive.

Mais les planificateurs de la sécurité n’ont aucun droit au répit. Dans le cadre des contraintes disponibles du présent et des ressources probables à l’avenir, permettant d’atteindre les objectifs de défense et de sécurité, toutes les menaces possibles doivent être minutieusement examinées et les mesures prises pour y faire face.

Norman A. Bailey, Docteur, est Professeur-adjoint de Gestion Economique à l’Institut des Politiques Intenrationes à Washington, D.C.,et chercheur au Centre d’Etudes sur la Sécurité Nationale à l’Université de Haifa. Cet éditorial a aussi été publié par Globes, le quotidien israélien des affaires.

Par Norman Bailey

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worldtribune.com

Adaptation : Marc Brzustowski.

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