Dôme de fer: le cafouillage aura démontré le fort soutien américain à Israël

L’inquiétude avait été forte après le report de l’approbation de l’enveloppe d’aide ; mais le vote de 420 voix contre 9 a prouvé un soutien bipartisan quasiment unanime

La décision prise mardi par les dirigeants démocrates de la Chambre de supprimer un projet de loi de dépenses gouvernementales d’urgence l’enveloppe prévue pour soutenir le système israélien de défense antimissiles du Dôme de fer, suite aux pressions exercées par un petit groupe de progressistes, avait suscité l’inquiétude dans les cercles pro-israéliens.

Les républicains avaient alors affirmé haut et fort que ce cafouillage législatif, qui avait amené la présidente de la Chambre, Nancy Pelosi, à sortir du projet de loi le milliard de dollars d’aides prévues pour Israël, était la preuve que le parti démocrate avait été officiellement coopté par les critiques de l’État juif de la dite Squad, formée de députés progressistes.

La question s’était posée : Les démocrates modérés, qui insistent depuis longtemps sur le fait que de telles voix sont le fait d’une minorité bruyante – mais inefficace – s’agissant des problématiques liées à Israël, avaient-ils eu tort ? Après tout, c’était bien ce petit groupe qui s’était opposé à la législation proposée, avec le potentiel de causer des préjudices importants aux capacités d’Israël à se défendre – au moins à court-terme.

Les organisations pro-israéliennes avaient condamné avec force le retrait de l’enveloppe dans la loi, noyant les boîtes courriels des journalistes sous des seaux d’indignation.

A Jérusalem aussi, il y avait eu des inquiétudes et le ministère des Affaires étrangères Yair Lapid avait appelé le leader de la majorité à la Chambre, Steny Hoyer, pour obtenir des informations sur ce qui se préparait. Il avait ensuite émis un communiqué faisant le lien entre la décision prise par Pelosi et les années de négligence des relations avec les démocrates de la part de l’ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Mais avant que qui que ce soit n’ait pu terminer l’éloge funèbre des liens unissant l’État juif au parti démocrate – et peut-être en réponse à l’importante indignation qui s’était exprimée – un groupe de démocrates modérés était parvenu à rallier Hoyer et à persuader ce dernier de prévoir un vote indépendant seulement quarante-huit heures plus tard.

De gauche à droite : Rashida Tlaib, (Démocrate-Michigan, Ilhan Omar, (Démocrate-Minnesota), Alexandria Ocasio-Cortez, (Démocrate-N.Y.), et Ayanna Pressley, (Démocrate-Massachusett), prennent la parole au Capitole à Washington, le 15 juillet 2019. (AP Photo/J. Scott Applewhite, File)

Était ensuite arrivé le vote lui-même : 420 députés – la moitié démocrate, l’autre moitié républicaine – avaient voté l’octroi à Israël du milliard supplémentaire de financement pour le Dôme de fer.

Et il était apparu clairement à ce moment-là que la victoire remportée par le petit groupe de progressistes avait été de courte durée, voire une sorte de victoire à la Pyrrhus – et que les réactions continues suscitées par leur initiative n’auront finalement servi qu’à démontrer la profondeur et la vivacité du soutien envers Israël au Congrès.

Cette allocation massive de financement vient s’ajouter aux 73 millions de dollars approuvés au début de l’année pour l’achat du système de défense, et elle n’entrera pas dans le cadre des 3,8 milliards de dollars octroyés à l’État juif en aides à la défense par les États-Unis, chaque année. Ce milliard de dollars représente 60 % de tout ce que les États-Unis ont pu débourser pour le système depuis 2011.

Seuls neuf membres du Congrès ont voté contre le projet de loi – huit démocrates et un républicain – ce qui représente moins de 2 % de la Chambre des représentants toute entière.

Et ces neuf législateurs ne comprennent même pas la Squad dans son intégralité. Alexandria Ocasio-Cortez, qui avait dans un premier temps pris la tête de cette initiative, a finalement choisi de s’abstenir aux côtés de l’un de ses collègues progressistes, le représentant Hank Johnson.

Dans un long courrier écrit vendredi à ses partisans, elle a néanmoins attaqué les dirigeants du parti pour avoir imposé le vote, tout en insistant sur le fait qu’Israël ne méritait pas d’obtenir des financements supplémentaires pour le Dôme de fer sans avoir à offrir de justification en échange – et que l’État juif n’en avait pas besoin. Elle a pourtant fait le choix de s’abstenir, craignant de toute évidence d’éventuelles répercussions auprès des électeurs et des lobbyistes pro-israéliens.

Le projet de loi a même été soutenu par législateurs qui critiquent fréquemment Israël.

Le représentante Betty McCollum, qui avait présenté un projet de loi dont l’objectif était de limiter les aides apportées à Israël et qui a régulièrement dénoncé l’État juif en raison des constructions dans les implantations et du traitement réservé aux Palestiniens, s’est alignée dans son vote sur des représentants comme Ted Deutsch ou Ted Cruz.

Et lors d’une conférence de presse qui avait été organisée pour présenter un projet de loi visant à conserver en vie la solution à deux États – qui comprenait des dispositions se référant à la Cisjordanie, à Jérusalem-Est et à la bande de Gaza en tant que territoires illégalement occupés par l’État juif – les représentants Andy Levin, Alan Lowenthal, Sara Jacobs et Peter Welch avaient annoncé fièrement qu’ils prévoyaient tous de voter en faveur du financement du Dôme de fer, à la fin de la même journée.

Et aujourd’hui, le groupe progressiste dirigé par Leads doit sûrement rêver d’obtenir le même soutien continu pour sa législation sur la solution à deux États que celui dont ont bénéficié les démocrates modérés qui ont réclamé le vote sur le projet de loi de financement du Dôme de fer.

Le représentant Andy Levin s’exprime lors d’une conférence de presse présentant sa « Loi sur la solution à deux États » au Capitole, le 23 septembre 2021. Il est entouré, de gauche à droite, de : Hadar Susskind, président et PDG d’Americans for Peace Now ; le représentant Alan Lowenthal ; la représentante Sara Jacobs ; le représentant Peter Welch ; et le président de J Street Jeremy Ben-Ami. (Crédit : Ron Kampeas/JTA)

Finalement, le positionnement traditionnel pro-israélien est encore largement d’actualité au Capitole. Ceux qui cherchent à critiquer le gouvernement israélien ou qui prônent une souveraineté palestinienne sont, c’est indiscutable, plus représentés que cela pouvait être le cas dans le passé, mais cela ne se traduit pas pour autant en puissance législative : Même après qu’une autre guerre à Gaza a encore plus polarisé le débat américain sur le conflit israélo-palestinien, moins de 2 % des représentants de la chambre ont voté contre un soutien robuste apporté à l’État juif.

Dans le courrier envoyé à ses électeurs, vendredi, Ocasio-Cortez s’est interrogée sur la raison justifiant l’avancée du projet de loi de financement du Dôme de fer « sans les débats en commission qui sont habituellement nécessaires, sans balisage, sans progression normale du texte ».

Indépendamment des plaintes procédurales, la réponse à sa demande est d’une grande simplicité : A Washington, en dépit des clivages, le soutien en faveur de la sécurité d’Israël est un sujet qui ne saurait faire l’objet d’un débat.

Par JACOB MAGID 29 septembre 2021, 18:56

fr.timesofisrael.com

Les résultats du vote final sur le financement du Dôme de fer, le 23 septembre 2021. (Capture d’écran/C-SPAN)

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