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Des unités spéciales russes pour abattre les déserteurs

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Guerre en Ukraine : des unités spéciales chargées de tirer sur les déserteurs

Le patron des forces russes en Ukraine, le général Sergueï Sourovikine, a accusé Kiev d’utiliser des “zagradotriady” – des unités chargées de tirer sur ceux qui tentent de battre en retraite. Une accusation régulièrement adressée à ses propres troupes, où cette fonction serait assurée par les hommes de Ramzan Kadyrov et les mercenaires de Wagner.

Dans le jargon militaire russe comme ukrainien, ces forces spéciales s’appellent zagradytelnyï otriad (ou zagradotriady, en abrégé), littéralement “unités de barrage”, et sont chargées de dissuader – parfois en leur tirant dessus – les soldats réguliers de battre en retraite ou de se constituer prisonniers. Leur existence remonte à très loin dans l’histoire militaire russe, mais elle reste surtout associée à Staline et à la Seconde Guerre mondiale – ou “Grande guerre patriotique”, pour les Russes –, lorsque ces unités, particulièrement redoutées, étaient constituées par des troupes du NKVD (l’ancêtre du KGB).

Aujourd’hui, le mot refait surface dans le contexte de la guerre en Ukraine, les deux parties s’accusant réciproquement d’avoir recours à ces “unités de barrage” pour dissuader toute défection de la première ligne de front. Le nouveau commandant en chef de “l’opération spéciale”, selon la terminologie du Kremlin, le général Sergueï Sourovikine, en a parlé lors de son allocution du 18 octobre. “Pour empêcher la fuite des lignes de front, les autorités ukrainiennes – ce régime criminel – utilisent des troupes de barrage composées de nationalistes qui tirent sur toute personne tentant de quitter le champ de bataille”, a-t-il dit, selon l’agence de presse officielle Tass.

Il a ainsi retourné contre l’Ukraine une accusation qui est régulièrement adressée à la Russie, et ce, depuis les premiers jours de la guerre. Selon Tatiana Vaksberg, journaliste d’origine russe pour la section bulgare de Radio Free Europe/Radio Liberty, dès le mois de mars 2022, des informations ont fait état de l’utilisation par l’armée russe de zagradotriady. “À l’époque, ils étaient constitués par les hommes du leader tchétchène Ramzan Kadyrov”, poursuit-elle. D’après des conversations téléphoniques interceptées par le SBU, le service de contre-espionnage ukrainien, des membres de la Rosgvardia (la Garde russe) racontaient en détail à leurs proches leur mission consistant à veiller à ce que les troupes régulières ne battent pas en retraite. “Aujourd’hui, les zagradotriady reviennent sur le devant de la scène. Mais sur une autre partie du front, et avec d’autres acteurs”, poursuit Tatiana Vaksberg.

“Même Staline n’était pas allé si loin”

À Bakhmout, par exemple, dans la région de Donetsk (dans l’est de l’Ukraine), qui est curieusement l’un des seuls axes où l’armée russe n’a de cesse d’essayer d’avancer malgré ses lourdes pertes (de l’ordre de 50 personnes par jour, selon Kiev). Pourquoi ? À cause justement de l’utilisation massive des zagradotriady, à en croire Oleksiy Arestovitch, conseiller influent du président ukrainien. Sur Feïguine Live, où il s’entretient tous les soirs avec Mark Feïguine, avocat russe et militant pour les droits de l’homme, il explique : “Ils ont mis en place, là-bas, un double barrage de zagradotriady. Si les premiers ne tirent pas sur ceux qui battent en retraite, ils se font eux-mêmes tirer dessus.” “Même Staline n’était pas allé si loin”, poursuit-il.

Dans cet axe, ce sont surtout les troupes de mercenaires de Wagner qui sont à la manœuvre. Récemment, ces derniers ont beaucoup recruté au sein des prisons, promettant l’amnistie après six mois de service sur le front ukrainien. Dans une vidéo qui a fuité à la mi-septembre, on voyait Evgueni Prigojine, le patron de cette “armée privée” russe, haranguer des prisonniers à Iochkar-Ola, capitale de la république des Maris, à l’est de Moscou. Il leur expliquait les règles d’engagement au sein de Wagner. “Le premier péché chez nous, c’est la désertion.” Et pour les déserteurs, et même pour ceux qui décideraient brusquement de changer les termes de leur contrat, il ne faisait aucun mystère du traitement qui leur serait réservé. “On vous met dans la case ‘déserteur’, puis on vous passe par les armes.” “Car chez nous, personne ne bat en retraite et personne ne se constitue prisonnier”, concluait-il.

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