Table de seder Caroline Haïat

De nombreux nouveaux immigrants (olim), fraîchement arrivés en Israël ou installés depuis quelques temps, ont célébré les fêtes de début d’année en Israël.

Pour certains, elles ont pris tout leur sens ici tandis que pour d’autres, plus nostalgiques, le moment familial dans leur pays d’origine était incontournable.

Cette année, les fêtes ont une saveur nouvelle pour Hannah, jeune immigrante française tout juste libérée de l’armée après deux ans de service intense au sein d’une unité combattante.

Sa famille proche étant en France, elle va passer le repas traditionnel de Roch Hachana (nouvel an juif) chez son oncle dans la ville de Zikhron Yaakov (nord).

« C’est particulier en Israël parce que c’est la terre où coule le lait et le miel, on peut aller au Kotel (mur des Lamentations) pour faire les selihot (prières) avant Rosh Hachana car c’est très important, et ça a une signification symbolique parce qu’on est dans notre pays. Ça donne une petite touche un peu plus spirituelle », assure la jeune fille à i24NEWS.

 

Caroline Haïat Table de séder  Caroline Haïat

« Faire partie d’un tout »

Si les fêtes en Israël sont l’occasion pour les nouveaux immigrants de se réunir avec des proches qu’ils ne connaissent pas forcément très bien, voire de les rencontrer uniquement à ce moment-là, pour ces « olim » (nouveaux immigrants) le fait de célébrer le nouvel an juif dans l’Etat hébreu, c’est faire partie de la « même famille ».

« Ici tout le monde fait la même fête, on n’est pas seul chacun dans son coin, c’est une atmosphère nationale, tout le monde en parle. On reçoit même des cadeaux au travail », se réjouit Daphné, installée à Tel Aviv depuis cinq ans. « J’imagine que c’est ce que les Chrétiens vivent à Noël en France », déclare-t-elle à i24NEWS.

 

Caroline Haïat Table de séder  Caroline Haïat

Un avis sur cette idée « d’unité nationale » propre à l’Etat hébreu que partagent Sarah et Andréa: ‘ »Ici, c’est normal de le faire, et on n’a pas besoin d’expliquer pourquoi on le fait, on rencontre du monde, les gens sont souriants, ce n’est pas comme en France », affirme Sarah, qui vit à Raanana en banlieue nord de Tel Aviv, depuis 11 ans avec sa mère et sa sœur.

« Pour la première fois de ma vie, en Israël, j’ai l’impression de faire partie d’un tout, alors qu’en France on est un peu exclus puisqu’on fait les fêtes pour nous-mêmes avec une petite communauté. Etre en Israël, c’est être rattaché à quelque chose de plus grand, à un ensemble, à une grande communauté. C’est agréable de pouvoir suivre tous les rituels juifs et d’être compris dans son pays, c’est primordial même! », souligne Andréa à i24NEWS.

Un moment unique

Pour Stéphanie, arrivée il y a trois ans, la question ne se pose même pas, elle insiste notamment sur le sentiment de liberté qui règne selon elle en Israël: « Notre agenda de tous les jours correspond aux fêtes religieuses donc on peut vraiment profiter, tout s’arrête, les gens vous souhaitent Hag Sameah (bonne fête), alors qu’à Paris on ne peut pas se le dire dans la rue, ici on peut parler librement, on peut partager, toute la vie s’articule autour des fêtes », témoigne-t-elle.

Caroline Haïat Corbeille de Roch Hachana  Caroline Haïat

Pour les immigrants non-juifs comme Louise, installée à Tel Aviv depuis avril 2016, la période des fêtes est aussi un moment unique: « C’est toujours important pour moi car elles (les fêtes) me permettent de mieux comprendre la culture israélienne. J’ai la chance de pouvoir le vivre de l’intérieur et de m’ouvrir à la beauté de cette religion que je connaissais à peine quand je suis arrivée. Rosh Hachana symbolise un moment de renouveau: on fait un bilan de l’année écoulée afin de mieux commencer celle qui arrive. C’est une période où on apprend à être humble. »

La nostalgie du pays

Pour certains nouveaux immigrants, la période des fêtes est toutefois synonyme de nostalgie et ils ne conçoivent pas l’idée de ne pas rentrer au pays pour retrouver leurs proches:

« J’adore Tel Aviv, mais pour moi les fêtes ça se passe uniquement en France avec toute ma famille. A Paris on a nos habitudes, c’est un rendez-vous, chaque année on est plus d’une quinzaine, on rigole on chante et on parle jusque tard dans la nuit, c’est l’occasion de couper le rythme », indique Ruben, installé en Israël depuis 4 ans, originaire d’une famille traditionaliste du Maroc.

Raul, qui est arrivé dans l’Etat hébreu il y a six ans de Turquie avec sa mère, estime que les fêtes en Israël « ce n’est pas pareil ». « Cette année je serais obligé de travailler, c’est un peu paradoxal car en Turquie je n’ai jamais raté un seul repas de fête en famille, et ici je suis d’astreinte à l’hôtel. A l’approche des fêtes, on est toujours un peu nostalgique car la famille manque, ce n’est pas comme chez nous à Istanbul », regrette le jeune homme.

Michael Assous Table de séder  Michael Assous

Pour pallier à la frustration des nouveaux immigrants qui n’ont pas la chance de passer les fêtes en famille, LiAmi Lawrence a créé le programme Keep Olim il y a trois ans, dont la formule « Aucun Olé [nouvel immigrant] seul », permet aux jeunes d’être placés dans des familles israéliennes au moment des fêtes et de se sentir « comme à la maison ». Plus de 1.000 jeunes du monde entier ont déjà pu en bénéficier.

« Cette année nous avons placé plus de 100 personnes. Pour être honnête, aucun Olé ne veut être loin de sa famille en période de fête, c’est un moment difficile pour eux car leurs proches leur manquent. Nous n’avons pas les moyens de leur payer un billet d’avion pour qu’ils rentrent chez eux mais nous sommes très attentifs à leurs demandes et nous les plaçons dans des familles qui leurs correspondent », a déclaré LiAmi Lawrence à i24NEWS.

Keep Olim Famille israélienne accueillant un jeune immigrantKeep Olim

« Ils reviennent ravis car ils ont pu échanger et découvrir de nouvelles cultures, et aussi de nouvelles régions qu’ils n’auraient peut-être jamais approchées seuls. C’est une expérience unique pour eux, et c’est là où réside toute la beauté de notre action », a-t-il précisé.

 

Les fêtes en Israël coûtent cher

Alors que le moment des fêtes en Israël rime avec joie et réunion, il peut aussi souvent être synonyme d’appréhension pour les familles dont les revenus sont moindres.

C’est le cas de Ronit, mère de quatre enfants, qui arpente les rayons du supermarché en hésitant avant de poser les articles dans son panier:

« Au moment des fêtes, on doit se serrer la ceinture encore plus que d’habitude car les prix sont élevés et la table plus grande. Le soir du repas de fête j’accueille plus de 20 personnes chez moi, entre les cousins, les frères et soeurs et les enfants. On essaye d’économiser quelques semaines avant mais je dois rester vigilante et faire attention aux produits que je choisis. Des voisins nous ont apporté quelques fruits et légumes, les gens sont très solidaires », a-t-elle déclaré à i24NEWS.

Les associations au secours des plus démunis

De nombreuses associations viennent en aide aux familles dans le besoin. C’est le cas du Coeur des mamans née il y a 5 ans et gérée par Samantha Assuli.

« Cette année nous avons pu aider plus de 400 familles. Nous avons reçu des aides de France, des Etats-Unis, et de Suisse notamment grâce à notre campagne Facebook qui a bien fonctionné. Les donateurs et les bénévoles ont été incroyables », confie Samantha à i24NEWS.

 

Caroline Haïat Supermarché israélien Caroline Haïat

« Concrètement, quand on reçoit des dons, on achète des cartes Rami Levi (un supermarché israélien), et on les donne aux familles, ça leur permet de faire le plein, les montants vont de 800 à 1.200 shekels (193 à 290 euros). Cette année, des magasins de chaussures nous ont donné leurs fins de séries, on a donc pu offrir de belles paires neuves aux familles, elles ont été gâtées », ajoute-t-elle.

L’association caritative israélienne Leket Israel, distribue également des excédents de nourriture aux personnes dans le besoin et a aidé plus de 9.000 familles cette année, selon le Jerusalem Post.

« À l’heure où nous commençons la nouvelle année, il est incroyablement décourageant de voir la quantité de nourriture gaspillée lors de la préparation des repas. Nous travaillons sans relâche pour que les Israéliens nécessiteux puissent célébrer Roch Hachana autour d’un bon repas comme tout le monde », a déclaré Joseph Gitler, fondateur et président de Leket Israel, cité par le journal israélien.

Roch Hachana a marqué le début de l’année civile en Israël. Elle est notamment marquée par la traditionnelle sonnerie du chofar à la synagogue.

Alors que la population juive mondiale est constituée aujourd’hui de 14,7 millions de personnes, selon les chiffres de l’Agence juive pour Israël (AJPI), 6,6 millions résident en Israël.

i24News

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