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Le 27 février 2016, des personnes se disant « palestiniens d’Israël » ont organisé, dans une salle de cinéma à Nazareth, une conférence en faveur du mouvement Boycott Désinvestissement Sanction (BDS). Le thème de cette conférence était libellé ainsi « les Palestiniens de 1948 : entre l’influence internationale et le contexte local » (sic). Le sujet de la conférence portait sur la possibilité pour les 1.6 millions de palestiniens d’Israël (qu’Israël appelle arabes israéliens) de promouvoir le Boycott en Israël (sic). S’est également posée la question de savoir si  les députés arabes (se présentant comme étant des « palestiniens ») devaient boycotter la Knesset.  

Mohamed Barakeh, ancien député arabe de la Knesset (entre 1999 et 2015), a prononcé le discours d’ouverture de la conférence en rappelant l’importance du mouvement : « BDS est une forme importante de solidarité avec les Palestiniens et cause une panique croissante parmi les dirigeants israéliens » (sic). L’ancien député arabe de la Knesset (sanctionné par Israël en 2011, pour s’être rendu dans le camp d’Auschwitz au nom de l’Autorité palestinienne), a alors confirmé la centralité du mouvement de boycott des produits israéliens dans le devenir des palestiniens : « Il y a un lien entre le soutien à BDS et notre survie dans les conditions actuelles de montée du racisme israélien, l’assassinat de Palestiniens par les forces de sécurité israéliennes, l’expansion des colonies et l’enracinement de l’occupation » (sic).
Mohamed Barakeh a alors évoqué le problème posé par les israéliens qui boycotteraient les palestiniens et l’argument auquel il est classiquement recouru en Israël (comme c’était le cas en Afrique du Sud) : « Les combattants anti-apartheid en Afrique du Sud avait une réplique simple : l’apartheid nous nuit plus encore ». Il a néanmoins estimé qu’il existait des inconvénients pour « les palestiniens d’Israël » : « Nous devons être prudents. Beaucoup de Juifs israéliens boycottent déjà les communautés palestiniennes à l’intérieur d’Israël, comme Nazareth. Nous ne désirons pas alimenter ce genre de racisme avec notre propre forme de boycott contre leurs cités » (sic). Pragmatique, il a toutefois reconnu qu’il n’était pas possible de tout boycotter : « Nous avons besoin d’écoles, de passeports, de sécurité sociale. Nous avons le droit d’être des citoyens et de vivre dans notre patrie » (sic).
La conférence, sponsorisée notamment par le « comité boycott 48 » (en référence à aux populations arabes vivant en Palestine en 1948), a rappelé que l’une des finalités était de faire en sorte que « la minorité palestinienne cesse d’être impliquée dans la propagande sioniste contre BDS » (sic). Aussi, ont-ils critiqué la chanteuse arabe Mira Awad qui s’est produite dans des spectacles à l’étranger (Espagne, Inde) ou encore à l’Eurovision en représentant Israël. De même, ils ont fustigé l’Université d’Ariel (implantée en Cisjordanie) puisque ce centre universitaire symbolise la coexistence pacifique judéo palestinienne avec les 300 étudiants palestiniens inscrits.
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Mira Awad, représentante d’Israël en tant qu’Arabe Israélienne.
C’est la Cour Suprême israélienne qui a permis la tenue de cette Conférence. En effet, celle-ci a, le 15 avril 2015, assoupli les conditions de mise en œuvre de la Loi anti-boycott adoptée en juillet 2011. Cette Loi a prévu des sanctions pour les personnes qui, en Israël, appellent au boycott des produits israéliens en provenance des implantations juives de Cisjordanie et notamment une interdiction de bénéficier de commandes publiques ou d’émarger au budget de l’Etat. Dans les cas les plus graves, il est même prévu la fermeture judiciaire de l’établissement concerné. Par ailleurs, les structures privées telles les associations culturelles, les partis politiques, les écoles, les bibliothèques… sont susceptibles de perdre les subventions allouées par l’Etat. De leur côté, les plaignants, entreprises israéliennes ou personnes physiques, pouvaient réclamer des dommages et intérêts dans des proportions considérables.
En 2015, la Cour Suprême a atténué la mise en œuvre de la réparation. Saisie d’un recours en annulation contre la Loi anti-BDS, la Haute Cour a refusé d’annuler le texte mais a posé des limites pour ce qu’il en est du droit à indemnisation : un plaignant ne peut désormais réclamer des dommages intérêts qu’en prouvant que l’appel au boycott lui a causé un dommage et s’il existe un lien de causalité entre le militantisme et le dommage subi. Le soutien à BDS n’est donc plus automatiquement sanctionnable en l’absence de référence à une entreprise visée par le boycott.
Cette décision de la Cour Suprême est pour le moins surprenante puisque dans le monde démocratique, les Tribunaux et les Législateurs s’affairent pour interdire le Boycott des produits israéliens. Le 20 octobre 2015, la Cour de cassation française a confirmé la condamnation de militants du groupe BDS qui avaient incité à boycotter des produits en provenance d’Israël « en raison de la politique menée par ce gouvernement ». Aux Etats Unis, la Californie, New York, l’Indiana, la Virginie, la Pennsylvanie et la Floride envisagent de mettre en place des mesures anti-boycott afin de pénaliser les personnes ou les entreprises qui soutiennent le mouvement BDS. Au Royaume Uni, le gouvernement doit prochainement modifier les règles de passation des marchés pour empêcher les conseils locaux d’adopter des mesures boycottant les entreprises israéliennes…Mais la Cour Suprême est plus libérale. 
Naturellement, la Conférence a débattu sur le point de savoir si les députés palestiniens devaient boycotter la Knesset (comme l’ont décidé les partis politiques  laïc Abnaa al-Balad, et le Mouvement Islamique désormais illégal en Israël). En effet, la Knesset tire son nom et le nombre de ses membres de la Knesset Haguedolah, conseil juif représentatif réuni à Jérusalem par Ezra et Néhémie, lors du retour de l’exil des juifs de Babylone (en 480 avant l’ère vulgaire). Or, cette institution juive vote la Loi juive pour le peuple juif. Il serait donc naturel que les palestiniens s’en excluent d’eux-mêmes. Or, les boycotteurs palestiniens (et Mohamed Barakeh en tête), ne parviennent pas à se déterminer sur la nécessité de boycotter la Knesset,  ni ne suggèrent aux députés de la Liste Arabe Unifiée de le faire. Sur ce point, il a été évoqué la demande formulée (deux ans plus tôt) par l’ancien Ministre des Affaires Etrangères Avigdor Libermann visant à évincer le Maître de Conférences Yousef Jabareen de l’Université de Haïfa en raison de sa participation à un débat sur BDS. Cet universitaire fait désormais partie des députés palestiniens de la Knesset.
En tout état de cause, Si les députés palestiniens refusent de boycotter la Knesset, rien n’interdit à Israël de les destituer de leur fonction puisqu’ils ne sont pas, ni ne se considèrent eux-mêmes comme des nationaux israéliens. Il suffit, pour ce faire, de s’inspirer de la philosophie de la convention du 30 août 1961 sur la réduction des cas d’apatridie. L’article 8 de ce texte offre à un Etat signataire de retirer la nationalité d’un individu en cas de manquement de loyalisme à l’égard de l’Etat, s’il apporte son concours à un autre Etat, s’il a un comportement de nature à porter un préjudice grave aux intérêts essentiels de l’État, s’il a fait une déclaration formelle d’allégeance à un autre État, ou a manifesté de façon non douteuse par son comportement, sa détermination de répudier son allégeance envers l’État contractant. Comme ces comportements justifient une déchéance de nationalité, a fortiori, ils peuvent, à minima, fonder une déchéance de l’éligibilité aux scrutins nationaux.
Dans le monde démocratique, aucun pays n’accepte des « non nationaux » au sein des Parlements. Qu’Israël en fasse de même. Les boycotteurs pourront alors se targuer d’avoir été boycottés par l’Etat qu’ils boycottent.
Par Maître Bertrand Ramas-Muhlbach

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8 Commentaires
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Garou

La haute cour doit se réformer car les décisions qui elle prend sont inconsidérées et allant contre des décisions de la knesset qui représente la population d israel!!!comment comprendre d autoriser BDS???? Comprendre que les députés qui se disent palestiniens doivent être mis hors d état de nuire israel
Or ils voyagent et font de la propagande antiisraelienne???!sommes nous fous??en temps de guerre
Qu attendent donc nos élus de la knesset pour assainir l avenir d israel??sont ils sourds à ces dysfonctionnements??

Camus Christian

de toute évidence , ces gens là ne sont pas israeliens , mais plutôt des musulmans de la pire espèce , qu’ Israel paye pour le trahir et l’insulter .. attention Israel , tes faiblesses pourraient te coûter très cher .

Lechartier

Dans une démocratie, toute personne a droit, de s’exprimer, à condition, qu’il nuise, à personne ou à autrui, dans le cas présent, l’appel à la haine de sang de Juifs, parce que Juif ( en allant soutenir, les familles d’assassins), rentre dans la nuisance d’autrui, nuis,, à la démocratie donc à l’état et par conséquent à l’état d’Israël…

Hamid

Je pense qans un pays démocrate comme Israêl tout le monde à le droit de s’exprimer que je sache !

pénélope

c’est ce qu’on fait patate

Richard

Selon un viel adage en France on disait Heureux comme un juif en France ……
Je dirai aujourd’hui Heureux comme un arabe israélien en Israël ……..
A quelque centaines de km au Caire ces députés semaine salit llinches encagés et condamnés à mort
En Jordanie ce serait la Même sentence en Syrie ou au Liban en Arabie saoudite etc….il se ferait couper en rondelle avant de se faire décapité en place publique ..et en Israël à la Knesset avec sa collègue La Zouabi ils s illustrent dans le Denis d Israël vont rendre visite aux familles des terroristes qui ont rie des juifs au couteau et cerise sur le gâteaux ils ne sont pas content une ligne rouge a été Dean hie et Natanuahou leur concocte une loi qui va les exclure à vie ….

Et si......

Excellent commentaire !

Arrêtons de tergiverser! Ces anciens ou actuels députés doivent être déchus de la nationalité, renvoyés de la Knesset (depuis le temps que je le demande!) et expulsés!