Ces femmes qui ont changé le cours de l’histoire juive : Une galerie de portraits…

Du judaïsme, on dit souvent qu’il est la religion ou le peuple du livre ; en fait, il faudrait dire d’un seul livre, en l’occurrence, la Bible. Car tout en part et tout y revient. Y compris le statut des femmes et les caractéristiques des filles d’Israël qui ont pesé sur son histoire, au point, parfois, d’en modifier le cours : tout cela se trouve au sein des Écritures, plus précisément dans la Bible hébraïque.

Dans le livre de la Genèse : d’Ève aux matriarches

Comme son nom l’indique, ce livre entend remonter aux origines de l’univers et du genre humain. Et puisque le judaïsme (tout comme le christianisme qui en découle) est une religion orientale, une forte dose de régime patriarcal s’y manifeste dès le commencement. La femme est, depuis sa création, moins bien partagée que l’homme : alors qu’Adam, l’être au masculin, est créé directement, d’intention première, si j’ose dire, parce que le mâle ressent un vide, un manque, en raison  de l’absence de femme, celle-ci est présentée comme un complément ou un ajout.

Deux récits de la création se lisent dans les tout premiers chapitres de la Genèse : tout d’abord (Gen. 1 ; 26s), la créature humaine est à la fois mâle et femelle (la Bible : zakhar ou-nekéva : mâle et femelle Il les créa) ; c’est plus tard, au chapitre suivant (Gen. 2 ; 18s) que se lit une autre origine de la femme. Ayant constaté que le mâle se trouvait seul au paradis qu’il devait entretenir et garder, la Divinité décida de lui adjoindre un être qui fût son semblable (v. 20s). c’est ainsi que la Bible nous livre un tableau intrinsèquement mythologique puisque la Divinité agit d’une façon extraordinaire : elle plonge l’homme dans une profonde léthargie tel un médecin anesthésiste, doublé d’un chirurgien, lui retire une de ces côtes, recoud la zone ainsi opérée et, en fait, une femme qu’Elle conduit à Adam(1). Lequel s’émerveille en découvrant sa compagne ; le premier homme découvre avec ravissement que cette nouvelle créature lui correspond parfaitement, et que tous deux  sont des homéomères. Elle est, dit-il, l’os de mes os et la chair de ma chair… Il décide de l’appeler femme (isha), ce qui est le féminin de ish (le masculin) puisque c’est de lui qu’elle fut prise…

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Le décor est planté pour les millénaires à venir : la femme, nommée Ève, en hébreu (Hawwa) est un sous produit, un dérivé de l’homme et l’on souligne l’attribut majeur de son statut, celui d’enfanter, de donner naissance à la vie : elle est la mère de tout vivant, ce que la tradition ultérieure corrigera en stipulant qu’Ève est la mère de tous les êtres humains.

Les caractéristiques fondamentales de la femme apparaissent dans l’épisode suivant qui met en présence le serpent et le fruit interdit. Au chapitre III ;7 le drame se noue : alors que la Divinité avait permis de consommer les fruits de tout arbre, à l’exception d’un seul, non nommé, mais que la tradition chrétienne identifie au pommier, la femme, nous dit-on, contempla les formes séduisantes du fruit interdit et, décida d’en manger. Le trouvant à son goût, elle en proposa à l’homme qui en mangea, lui aussi.. C’est alors, poursuit le récit, que leurs yeux se dessillèrent et qu’ils prirent conscience de leur nudité. Alertée, la divinité demande comment ce couple paradisiaque a pu prendre conscience de sa nudité, donc, du mal ; et la réponse ne se fit point attendre : la femme que tu m’as donnée en a mangé et m’en a donné pour que j’en mange… Prise à partie, à son tour, par la divinité, la femme se défausse sur le serpent, préalablement présenté comme le plus rusé de tous les animaux : c’est le serpent qui m’a induit en tentation (la Bible de La Pléiade traduite : m’a dupée). Un éminent sage talmudique, nommé Resh Laqish, a superbement interprété l’arrière-plan mythologique de ce récit de la Genèse en expliquant que le serpent du paradis, le mauvais instinct de l’homme et l’ange de la mort sont les multiples désignations d’une seule et même chose : l’aspect le plus sombre de la nature humaine. Ce fait mérite d’être signalé, car il est l’un des tout premiers exemples d’exégèse allégorique au sein de la littérature talmudique.

En résumé, on ne peut dire que la place de la femme dans le monde et donc dans la société humaine est expressément inférieure à celle de l’homme. On nous fait croire que l’expulsion du paradis du premier couple formé par Adam et Ève, l’inéluctable interruption de la vie humaine en raison de la mort, bref les souffrances et les malheurs de l’existence sur terre, sont, à moins que tout ne trompe, largement imputables à la gent féminine dont la nature tentatrice a causé le désastre d’une humanité contrainte de quitter le paradis.[2]

Les religions monothéistes sont des religions d’hommes, faites par des hommes pour des hommes, les femmes semblent n’y faire que de la figuration. Mais elles restent indispensables pour donner naissance aux enfants et donc perpétuer la vie sur terre. Et aussi, comme on le verra infra, elles peuvent jouer un rôle crucial dans l’histoire du peuple d’Israël.

C’est ce même rôle qui sera dévolu aux matriarches qui est, cependant, un peu mieux traitées qu’Ève. Et pourtant, lorsque leurs couples éprouvent des difficultés pour enfanter, et donc donner à leurs époux une descendance sans laquelle le dessin Divin ne saurait se réaliser, cette stérilité supposée leur est imputée exclusivement. Jamais un seul des trois patriarches n’est jugé responsable du fait qu’un enfant tarde à naître…. Alors que, dès le chapitre 11 ;20 de ce livre de la Genèse, on signale un seul détail à propos de la matriarche Sarah : elle n’a pas d’enfant !

On connaît les conséquences de cette stérilité supposée ou de ce probable reflux vaginal : Agar, la servante égyptienne, va entrer en scène et donnera à Abraham ce fils tant espéré : au chapitre 16, Agar donne naissance à Ismaël , ce qui change les équilibres au sein du couple et de la maisonnée. Dans l’attente d’un heureux événement, Agar fait preuve de désinvolture envers sa maîtresse, laquelle s’en offusque et demande son bannissement immédiat. Mais quelques chapitres (21) plus loin,  la Divinité visite Sarah qui donne enfin un fils à Abraham. Et, ici aussi, les Écritures font état d’une exigence de la matriarche : elle refuse que le fils aîné Ismaël soit le cohéritier de son fils Isaac, celui là même que le chapitre suivant (22), celui de la célèbre ligature sur le Mont Moriya, décrira en des termes sans équivoque : prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, c’est-à-dire Isaac…

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Si Sarah n’avait pas si maltraité Agar et Ismaël, le cours de l’histoire, même contemporaine, eût été fort différent. Les relations entre Juifs et arabo-musulmanes en ont subi les conséquences depuis plus d’un millénaire.

Une autre matriarche, Rébecca, en l’occurrence, va, à son tour, peser sur le cours de l’histoire : ayant eu, elle aussi, des difficultés à enfanter, elle finit par donner naissance à des jumeaux (Ésaü et Jacob) ; elle favorisera ce dernier en l’aidant à gruger son frère grâce à un subterfuge assez incroyable : comme Ésaü était velu et très poilu, elle revêtit son fils chéri Jacob d’une peau de bête afin que son père Isaac, malvoyant, pût lui réserver sa bénédiction, tout en pensant qu’il s’agissait bien d’Ésaü… Là aussi, c’est une femme qui était à la manœuvre, c’est Rébecca qui a privé Ésaü de la bénédiction qui lui revenait en raison de sa primogéniture. Ésaü passe pour la personnification de Rome et subséquemment de la chrétienté dans la littérature rabbinique : d’un côté, Sarah a suscité des sentiments d’injustice chez les descendants d’Ismaël, d’un autre côté, Rébecca a nourri le ressentiment des païens et de l’Empire romain christianisé à l’encontre des Juifs : dans les deux cas, les descendants d’Israël sont mis en cause…

Dans les deux cas, l’avenir du peuple d’Israël a reposé entre les mains de femmes.

Le livre de l’Exode : Sephora, l’ épouse madianite de Moïse et Myriam, sa sœur

La transition du livre de la Genèse à celui de l’Exode se caractérise par un total changement de perspective : on passe d’une égyptophilie intégrale incarnée notamment par Joseph à une égyptophobie tout aussi flagrante: l’Égypte est devenue l’antithèse d’Israël, le creuset de l’impureté et la maison de l’esclavage.

Pour conférer un aspect miraculeux à la naissance de Moïse, on relate une histoire extraordinaire, imaginée de nouveau par sa mère et menée à bien par sa sœur. Le pharaon, alerté par des mages qui lui conseillent de redoubler de vigilance au motif que son propre trône est menacé, décrète, afin de conjurer le danger, de jeter au Nil tous les nouveau-nés de sexe mâle . Il donne des ordres très clairs aux accoucheuses des Hébreux, lesquelles n’en tiennent pas compte, sauvant ainsi le petit Moïse d’une mort certaine. Prises à parti par le monarque égyptien, ces deux sages-femmes (Ex. 1 ; 17) expliquent que les mères juives sont plus vigoureuses que les femmes égyptiennes, elles accouchent bien avant l’arrivée des sages-femmes… C’est ainsi que Moïse ne finira pas noyé dans les eaux du Nil. Et ce sont encore deux muses, sa propre mère et sa sœur, qui vont se pencher sur son berceau. Cette naissance miraculeuse rappelle celle du roi Sargon II, recueilli par un jardinier alors que Moïse aura droit, quant à lui, à la luxueuse bienveillance de la propre fille du pharaon.

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Pour des raisons, qui demeurent mystérieuses, Moïse est à nouveau menacé au chapitre suivant (Exode 4 ; 24-26) par Dieu lui-même qui cherche à le faire mourir ! Sephora, l’épouse madianite pratique alors la circoncision sur son fils et sur son mari. C’est une nouvelle fois, une femme qui n’est même pas juive, qui sauve l’avenir du peuple d’Israël : que serait-il devenu sans son guide attitré, Moïse ? Mais ce passage demeure obscur, même si l’intention de souligner l’importance vitale du rite de la circoncision est absolument univoque. Ce qui l’est moins, c’est ce que soit une femme, non juive de surcroît, qui opère alors que la loi rabbinique spécifie depuis toujours que seul un homme peut pratiquer la circoncision.  

Il faut dire aussi un mot de la prophétesse Myriam [3] que l’on pourrait considérer comme l’ancêtre des majorettes ou des chœurs de femmes (Ex. 15 ; 20-21) : Miriam, la prophétesse, sœur d’Aaron, prit le tambourin en sa main et les femmes sortirent derrière elle avec des tambourins et en chœurs. Miriam leur entonnait :  chantez à Dieu, car il s’est couvert de gloire, il a jeté dans la mer le cheval et son cavalier. Certes, le cantique de la sœur est nettement plus court que celui de son frère Moïse qui ne compte pas moins de vingt-huit versets ! Mais il a au moins le mérite d’exister et prouve que même les femmes ont pris part à cette épopée de la sortie d’Égypte, premier événement de portée nationale du peuple d’Israël en tant que tel.

Des livres de Josué et des Juges  au livre de Samuel

Avant d’en venir à l’émouvante prière d’Anne dans le second chapitre du premier livre de Samuel, mentionnons l’action décisive d’une aubergiste cananéenne, Rahab, qui facilite la mission des espions hébreux dépêchés par Josué dans la ville de Jéricho afin de recueillir des informations sur les défenseurs de cette cité. Rahab accueillit les espions, leur livra des renseignements sur le moral de ses compatriotes et consentit à fournir de fausses informations aux autorités contre la promesse d’avoir la vie sauve, pour elle-même et tous les membres de sa famille. 

Dans le livre des Juges, ce sont à nouveau deux femmes qui sont à l’origine d’une victoire militaire sur les Cananéens. Déborah ordonne à Barack ben AviNoam de mobiliser une armée afin de briser le joug des Cananéens.  Il y réussit, mais le chef militaire ennemi parvint à s’échapper et trouve refuge sous la tente d’une femme, Yaël, qui le cache sous une couverture. Perclus de fatigue, le fuyard sombre dans un sommeil profond que Yaël met à profit pour lui planter un piquet dans la tête à l’aide d’un marteau. Cet «acte de bravoure» lui vaut  d’être distinguée entre toutes les femmes (Juges 5 ; 24) : Bénie soit parmi les femmes, Yaël,… parmi les femmes sous la tente qu’elle soit bénie.

Il est une femme à laquelle la Bible hébraïque attribue le plus beau cantique d’amour et de crainte révérencielle pour Dieu. Il s’agit d’Anne, la mère de Samuel, lequel établit la jonction entre le dernier des Juges et le premier des prophètes. Anne est l’une des deux épouses d’Elqana. Elle souffre, car elle n’a pas d’enfant. Mais après s’être rendue dans le sanctuaire de Silo, le vieux prêtre Élie -qui la prend d’abord pour une ivrogne et la prie d’aller cuver son vin ailleurs alors qu’elle ne faisait que prier en silence- est sensible à sa détresse et lui promet la naissance prochaine d’un fils. Elle promet de le consacrer au service du Dieu d’Israël. Lorsque Samuel naît, elle entonne un cantique à la gloire de l’Eternel. Jamais la piété d’Israël n’atteint de tels sommets. Dans les rituels de prière séfarades, c’est cette prière d’Anne qui figure sur le toute première page: Car à Dieu sont les colonnes de la terre et sur elles il a posé le monde. Il garde les pieds de ses dévots tandis que les méchants périssent dans les ténèbres, car ce n’est point par la force que l’homme l’emporte… (I Sam. 2 ; 8-9)

David et Bethsabée

Même si le roi David, ancêtre du Messie à venir, éclipse presque entièrement la figure de Bethsabée, la femme qu’il a ravie à son époux Uri le Hittite (ce que la tradition juive ne lui a jamais pardonné), c’est pourtant elle qui a assuré la permanence de la dynastie davidique en faisant couronner son fils Salomon, moins bien placé dans l’ordre de la succession au trône. Elle monte un véritable complot (I Rois 1 ; 28s) avec le prophète Nathan et se concerte avec lui afin d’évincer les autres prétendants.

Du chapitre 31 de Jérémie au chapitre 31 des Proverbes et au rouleau d’Esther

Dans ces deux chapitres si différents l’un de l’autre, c’est encore une femme qui est mise en avant, portée au pinacle. Le prophète Jérémie veut rassurer son peuple qui vient de subir une terrible défaite militaire. Sion est dévastée et ses fils sont soit morts au combat, soit conduits en captivité dans le pays de l’ennemi. Et c’est une femme, la matriarche Rachel qui incarne la souffrance de son peuple et à laquelle le prophète prodigue des paroles de consolation : elle sera le symbole du renouveau, l’incarnation de l’espoir : Une voix a été entendue à Ramah, un gémissement, un pleur d’amertume : Rachel pleurant sur ses fils et elle refuse de se consoler à cause de ses fils qui ne sont plus. Ainsi a parlé Dieu :  retiens les pleurs de ta voix et les larmes de tes yeux, car il y a, une compensation pour ton œuvre… et tes fils reviendront du pays de l’ennemi. Il y a donc espoir en ton avenir… et tes fils reviendront sur leur territoire (Jer.  31 ; 15-17).

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On notera que c’est une matriarche, une femme, qui incarne la résurrection du peuple d’Israël et non point un homme, son mari Jacob, l’archétype de l’identité juive.

Dans le chapitre 31 (v. 10-31) du livre des Proverbes,  un vibrant hommage est rendu à la femme vertueuse qui est l’authentique diadème de son époux. Ce chapitre est lu le vendredi soir à la maison juste avant la récitation des bénédictions sur le pain et le vin. C’est un idéal féminin que voici : La femme vaillante, qui la trouvera , son prix surpasse de loin celui des perles. Le cœur de son mari a confiance en elle… Elle lui fait du bien et non du mal tous les jours de sa vie.

Dans le rouleau d’Esther, une œuvre écrite par un Juif d’Alexandrie vers les VI-Ve siècles, qui se fait passer pour une histoire survenue dans les frontières du royaume perse, c’est à nouveau une femme qui sauve son peuple de l’extermination. Elle fait preuve d’esprit d’initiative, de courage et de détermination

Les mémoires de Gluckel de Hameln.

On pourrait s’étonner de voir apparaître à la fin de cet article une personnalité comme Glückel de Hameln ((1646-1724) qui naquit et grandit dans la ville de Hambourg où elle se maria à l’âge de quatorze ans. Cette femme fut la première Juive à tenir un journal intime à cette époque. A la mort de son premier mari, alors qu’elle avait déjà treize enfants, elle reprit la rédaction de ses mémoires en langue yiddish. Cette œuvre sera traduite en allemand sous le titre de Denkwürdigkeiten der Glückel von Hameln et plus tard en français par Léon Poliakov (Paris, Editions de Minuit, 1971). Femme pieuse, acceptant les coups du sort sans jamais douter de  la bienveillante providence Divine, elle se plongera dans les affaires commerciales de ses deux défunts maris, migrera de Hambourg vers Metz où elle renouera avec l’aisance. Pour sa nombreuse progéniture, elle trouvera d’excellents partis. Ces Mémoires sont précieuses ; elles nous renseignent sur la vie des Juifs d’Europe à cette époque et aussi sur les retombées du sabbataïsme dont Glückel se tiendra à distance.

Il est un tout dernier point qui marque un tournant et que le manque d’espace m’empêche de traiter en profondeur : c’est la victoire de la matrilinéarité sur la patrilinéarité, ce qui signifie que c’est la  femme, contrairement à ce qui avait cours jusqu’ici, qui transmet légitimement la judéité, la qualité de Juif. Cette sage évolution des érudits des Écritures s’explique par des considérations non point mystiques mais simplement démographiques : les hommes ayant été décimés ou déportés par l’ennemi, les femmes restées sur place, seules et sans protection, pouvaient soit être violées, soit céder à une tentation naturelle : qu’allait-on faire des enfants de telles amours ? Il valait mieux les intégrer, les élever comme de bons petits juifs et repeupler ainsi le pays, reconstituer la nation. En somme faire du peuple.

Dans un tout autre contexte, Nietzsche rendra un hommage mérité aux femmes par cette phrase quasi prophétique : Ô êtres humains, vénérez la maternité, l’homme n’est jamais qu’un hasard

En conclusion, on peut dire que la Bible accorde aux femmes une certaine importance au sein de l’histoire si mouvementée du peuple juif alors que la littérature ultérieure, notamment talmudique constitue une sorte de régression. Certes, on trouve dans la Mishna Abot (Traité des pères) l’injonction de ne pas abandonner les leçons de notre mère (al tittoche torat immékha). Mais cela ne suffit pas à compenser le verdict talmudique selon lequel  les femmes ont l’esprit léger (nashim da’atan kalla ‘aléhém).

Maurice-Ruben HAYOUN

MRH petit

NDLR

1- Mâle et femelle Il les créa – On se trouve face à deux êtres siamois, un homme et une femme qui sont dos-à-dos. Le mot Tséla traduit par « cote » voudrait dire coté, un homme d’un coté une femme de l’autre. Dieu prit un coté pour en faire une femme à part entière, qu’Il mit face à l’homme (ezer quenegdo – une aide face à lui ). Quant à dire que la femme est moins aboutie que l’homme, c’est une erreur de lecture. Les rabbins rédacteurs des prières ont corrigé pour ainsi dire cette vision des choses. Ainsi, dans la prière du matin, l’homme dira :  « Béni soit l’Éternel notre Dieu, Roi de l’univers qui ne pas fait femme », alors que la femme dira « Béni soit l’Éternel notre Dieu, Roi de l’univers  qui m’a fait suivant sa volonté ». Ce qui veut dire que la femme est un projet plus abouti, puisque plus proche de la volonté Divine. Alors que l’homme qui pour se parfaire doit accomplir plus de commandements Divins, utiles à sa perfection.

2- En fait Ève va rendre le projet Biblique possible. Sans cette « faute, il n’y a pas d’histoire. Tout resterait en l’état dans ce jardin clos. Aucune notion de sexualité n’était possible puisque Adam et Ève n’ont n’en pas conscience avant la « faute ». Il n’y aurait eu que deux êtres éternels, et une histoire en panne. De facto, les femmes débloquent l’Histoire, Ève avec sa faute nécessaire, Sarah avec le renvoi d’Agar, Rébecca avec le choix de Jacob, la bru de Yéhouda qui engendre Perez aïeule du Roi David, Esther, etc… pour n’en citer que quelques-unes.

3 – Myriam est à l’origine de la naissance de Moïse, puisque c’est elle qui apostrophe son père Amram, pour qu’il reprenne une vie conjugale interrompue avec Yohebet, sa mère, et de cette ré-union naît Moïse, sans qui l’histoire juive est impossible.

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

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AYIN BEOTHY

La NDLR de fin me rassure… mais quand même !

AYIN BEOTHY

Je me suis arrêtée à votre récit de la Genèse.
Vous décalquez la Bible des Septante (1ère traduction de l’hébreu en grec) en négligeant l’original.
Dans l’original, Adam est d’abord androgyne, jusqu’à ce que Ha Schem le coupe en deux :
« tsélah » traduit par côte, signifie à l’origine le côté.
Et Josy Eisenberg, dans l’une de ses émissions de « La Bible Ouverte », nous en fit la démonstration en nous apprenant que le mot « tsélah » n’est utilisé qu’une seule autre fois dans la Torah, pour signifier le « côté » du sanctuaire portable fait par les Hébreux pour la traversée du désert.

Je suis attristée de lire dans un tel article et sur un tel site une déformation pareille.

gabriel Taieb

Ceci est bien clairement une analyse « chrétienne » de la situation de la femme, donc à prendre avec des pincettes. Toutefois , j’aimerais revenir un peu sur le cas de « Havva » ( Eve ) qui est une forme dérivée de « Hayyah » (la vie), et de fait, le passage du « yod » au « vav » – Havva s’écrit avec un « vav » double alors Hayyah utilise le « yod » double – Tout d’abord au sujet de sa « création » (ce mot n’est d’ailleurs pas exacte, voir plus loin). En premier lieu, il convient de savoir ce les « Elohim » ont prélévé à l’Adam. Il est écrit: « ils le plongèrent dans un sommeil profond » (narkose?) » afin de lui prendre un « tselah » sur quoi il lui refermèrent le ventre. Une première remarque: est-ce que H’shm aurait besoin de recouvrir à de telles manipulations chirurgicales pourmener à terme son projet? Cela est ridicule. Les « Elohim », eux qui pratiquent cette opération, oui. Ce faisant, ils se conforment au projet d’H’shm et suivent ses commandements, pour cette raison on trouve l’expression « H’shm Elohim ». Mais revenons en à notre « tselah », effectivement au sens de côté – et non de côte – il n’apparait qu’une fois dans la Torah. Toutefois, ce mot renferme encore deux significations assez proches: nervure (d’une feuille ou plante) ou fil tressé – donc proche du sens de nervure. Quel est donc ce « fil tressé » qui a été prélevé à Adam afin de « construire » (livnot, en hébreu) la « femme ». ?
Il faut chercher la réponse dans le Saint Zohar. Là on peut lire, que les « âmes » sont consitutées de 22 « lettres »(celles de l’alphabet hébreu) toutes en apparences semblables à l »aleph » mais renfermant chacune des caractèristiques propres. Ansi, le Bet, Guimel, Daleth etc.. bien qu’ayant l’apparence du Aleph correspondent à leurs valeurs numériques et physiques propres. De plus, ces êtres se répartissent sur deux champs de force opposés : la Koakh zekhout et la Koakh khovah, une force de charge et une force de décharge, ou encore crédit — dette) nous avons donc 44 « agents » qui vont consituer un individu: de la couleur de sa peau, de ses yeux, de sa taille jusqu’à sa forme d’intelligence. Mais le plus intéressant encore: à cette liste vont se rajouter deux « yodin », un petit comme un point, le « yod » et un autre presque identique mais un chouyyah plus allongé, soit le « vav ». Ce sont ces deux « yodin » du père (de l’adam) qui vont déterminer le sexe de l’enfant à venir, à savoir le « yod » engendre le sexe masculin et le « vav » le sexe féminin. Dans le mot « homme, mâle » (iych: aleph- yod- shin) le « yod » domine au centre du mot. Dans le mot « femelle » (ishah: aleph-shin-hé) le « yod » a disparu.
Le « vav » lui n’est pas visible, il le deviendra lorsque la « femelle » va devenir « femme » – c’est à dire Havvah (Eve). Je suppose que tout le monde a compris ce qu’était ce « fil tressé » ou cette « nervure ». Mais tant que ces deux êtres vivants n’étaient pas encore éveillés ( il y a une confusion avec le mot hébreu signifiant « intelligent » et non « nu »: le terme « intelligent « eyroum » si on se rapporte au passage de « l’ ouverture des yeux » – et ils virent »
ne peut que se rapporter à la racine « er-r » : se réveiller. Bien évidemment, il s’agit ici d’un éveil spirituel de l’Homme, qui réalise son existence et sa destinée, en même temps il réalise la complémentarité et la différence avec la femme. Avant cet évéil, ils n’étaient que des formes de zombies, incapables de discerner une différence entre homme et femme, d’où l’expression biblique: « il les fit homme-femme ». On voit bien que le rôle du « Nakhach » cette étrange créature déjà « éveillée » mais incapable d’évoluer plus loin, qui n’est en rien le « diable » ou encore moins Hassatan, joue un rôle fondamental dans toute l’évolution humaine: la découverte de son authenticité, de sa nature humaine, de son destin sur terre, le travail dure pour vivre, la procréation, sans doute la morale (l’arbre du bien ET du mal). Quant à la soit-disante « punition » d’Eve, pour avoir transgressé, c’est également une erreur de traduction. Car il n’est pas écrit: « tu enfanteras dans la douleur » mais bien tu engendreras des « formes » semblables à toi (c’est à dire une descendance humaine), mais le plus intéressant reste à venir:  » ton désir te poussera vers l’homme et il décidera (ou régira) en toi » et non pas « te dominera » qui est un tout autre verbe en hébreu. Que signifie donc « décidera en toi »? Il va donc régir la création d’un enfant mâle ou femelle – grâce aux deux « yodin ».