Comment Israël combat le terrorisme par la guérilla urbaine : enseignements et avertissements aux Américains qui envisagent de combattre Daesh sur le terrain

No easy fightMAJDI MOHAMMED/AP

Tout sauf un combat facile

Des hommes politiques qui veulent une politique antiterroriste ferme appellent à envoyer plus de troupes au sol contre les bastions de Daesh en Syrie et en Irak. D’après les sondages, environ 53% d’Américains sont à présent en faveur de l’envoi de plus de troupes sur le terrain pour combattre les terroristes radicaux islamistes.

La guérilla urbaine consiste à détruire un ennemi radical islamiste dans les villes sans tuer de civils innocents, dont la majorité souscrivent à une forme quiétiste d’Islam, et c’est très compliqué. Je le sais parce que -en tant qu’officier d’une unité des forces de Défense d’Israël (Tsahal) et coordinateur de soutien aérien rapproché pour les soldats engagés – j’ai fait partie d’une armée qui s’est engagée dans un certain nombre de missions pour exécuter précisément cette tâche.

Les forces armées américaines ont, à la fois, la puissance militaire et de nombreuses années d’expérience en matière de combat urbain. Mais l’expérience n’est pas suffisante pour se préparer pleinement à l’action contre Daesh. Dans le but d’alerter et d’aider mes amis américains à se préparer, je veux partager ce que j’ai appris de nos campagnes précédentes contre les entités terroristes, telles que le Hamas et le Hezbollah.

Combattre un tel ennemi commence par le recueil de renseignements qui prépare les troupes à la bataille. Le renseignement traditionnel – faire la topographie du terrain, des systèmes de tunnels, des capacités de l’ennemi, etc. – ne suffit plus. Aujourd’hui, il vous faut des drones qui surveillent le sol, des écoutes téléphoniques et du personnel infiltré sous couverture sur le terrain pour garder l’oeil ouvert sur tous les mouvements, minute par minute.

Contre le Hamas et le Hezbollah, Israël dispose de tout cela et de bien plus : une connaissance intime, acquise au fil des décennies, de la hiérarchie dans les cercles dirigeants de l’ennemi, de la langue, de la culture et des habitudes de vie qui nous aident à poursuivre les tueurs et à épargner la vie des innocents.

Mais, en définitive, peu importe à quel point les renseignements sont sophistiqués, rien ne peut préparer un soldat au nouveau champ de bataille urbain. Je me suis fait tirer dessus par des hommes en civil et j’ai vu une femme approcher avec un enfant à la hanche, les mains levées comme pour se rendre, juste pour révéler une grenade à quelques pas à peine de mes hommes. J’ai vu des terroristes en civil tirer parmi les enfants sur un terrain de jeu et derrière une école.

Ceux qui ont servi en tant qu’officiers commandant des troupes doivent créer les capacités physiques nécessaires pour que nos soldats réussissent dans leur mission. Mais nous avons aussi besoin de les entraîner mentalement pour les moments où ils devront décider entre leur vie, par exemple, et la vie d’un enfant qui pointe une arme sur eux. L’instinct n’est pas le seul guide.

Comme Daesh, le Hamas utilise les enfants comme boucliers humains, des terroristes-suicide et des combattants dans le but de démoraliser et de rendre inefficaces les armes des troupes entraînées selon les règles de la guerre qui ont cours dans le combat d’une armée conventionnelle.

Lorsque nous, dans les forces de Défense d’Israël, entrons dans des environnements urbains, il est clair pour nous que le Hamas combat délibérément parmi les civils, en ayant pleinement conscience qu’ils seront tués ou blessés. Ils savent que cela les aidera à mobiliser un soutien à travers le monde. Il est probable que Daesh emploie une stratégie similaire.

Mes camarades sont entrés dans des mosquées minées par les bombes, utilisées comme rampes de lancement de missiles. Alors que les armées occidentales ont besoin de supposer que leur ennemi adhère aux règles de la guerre, la réalité a prouvé qu’elles ont désormais besoin d’être préparées au fait que quiconque et que tout le monde peut être un combattant potentiel – indépendamment de son sexe, de son âge ou de son accoutrement.

Pour faire le tri entre ces deux réalités, Israël largue des messages et appelle les gens au téléphone, pour faire savoir aux quartiers qu’une opération est imminente (cela informe aussi nos ennemis qu’ils feraient mieux de bouger leurs positions et les pousse à ramener des femmes et des enfants dans le quartier pour se tenir sur les toits des immeubles afin d’empêcher les forces aériennes israéliennes d’agir à partir des renseignements dont elles disposent).

Dès que cette notification est donnée, l’artillerie de précision et des avions de combat sont employés pour apporter un soutien rapproché aux forces terrestres – en leur permettant de se mouvoir de maison en maison, pièce par pièce, avec une extrême précision fondée sur les renseignements recueillis.

Au cours du conflit à Gaza, l’an dernier, les terroristes du Hamas ont mené des opérations à partir du périmètre d’écoles, d’hôpitaux et de zones civiles densément peuplées. Ils ont utilisé des tirs de snipers et de missiles. Nous nous sommes fréquemment retrouvés avec une main liée derrière le dos, allant faire du porte-à-porte, en sachant pertinemment que ces portes pouvaient être piégées

Au cours de la dernière opération, les soldats de mon unité ont été appelés à entrer et à inspecter une clinique de l’ONU (UNWRA) que les renseignements avaient révélé comme une source de départs d’opérations du Hamas. Redoutant la présence de civils à l’intérieur du bâtiment, ces jeunes soldats ont été envoyés pour s’assurer que l’installation était vide. Peu après leur arrivée, le Hamas a déclenché un énorme engin explosif caché dans les murs, provoquant l’effondrement du plafond qui a pris la vie de trois de mes frères d’armes.

Les troupes terrestres américaines ne doivent pas s’attendre à être accueillies en libératrices, même lorsqu’elles libèrent les gens d’un occupant oppresseur. Le Moyen-Orient est un endroit très différent des Etats-Unis ; les affiliations tribales et la haine sont bien enracinées et envahissantes. Souvent, les étrangers ne sont pas bien reçus, quels que soient les cadeaux qu’ils apportent.

NEW YORK DAILY NEWS
Dimanche 20 décembre2015, 5:00 AM

Cohen est capitaine de réserve dans les Forces de Défense d’Israël (Tsahal) et PDG de LANUA: Global Strategic Brand Consultants. [Consultants mondiaux en conseil stratégique de marque]

nydailynews.com

 

adaptation : Marc Brzustowski

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires