Bennett à couteau tirés avec l’aile droite de Bayit Yehudi à propos de l’enquête sur l’incendie de Duma 

Alors que ses collègues Uri Ariel et Bezalel Smotrich en appelle à la suppression de la Division Juive du Shin Bet, Naftali Bennett se tient fermement aux côtés de l’agence de renseignements et de l’Etat. Devra t-il payer le prix politique pour s’être exprimé contre l’opinion des plus radicaux de ses électeurs?

L’autre jour, Naftali Bennett m’a lu certains des messages qu’il a reçu cette semaine. La plupart des textes commençaient par des phrases comme « J’ai voté pour Bayit Yehudi aux dernières élections », « Vous aviez réussi à me faire voter pour vous cette fois-là », « Je votais pour la première fois et j’ai voté pour vous ». Mais la suite du message est très loin d’être aussi aimable. 

« Vous avez perdu mon soutien », écrit l’un. « Je me demande si vous présenterez vos excuses pour finir, lorsqu’aucun des suspects ne sera inculpé » ; « Je vous ai choisi, mais vous avez préféré le Shin Bet, qui torture des mineurs » ; « Vous avez perdu mon soutien : vous soutenez les tortionnaires des enfants Juifs » ; « Vous avez aussi perdu mon suffrage. Je crois en ce qu’Itamar Ben Gvir nous dit » ; « Comment se fait-il qu’il est aussi facile de vous tromper? ». « Vous avez mis votre confiance en Bib et dans ce système corrompu ».

Alors même que nous parlions, d’autres textes hostiles lui parvenaient, et encore un autre. « Le sang de vos frères hurle depuis les prisons du Shin Bet », dit-il. « Vous êtes déconnecté de la réalité et condescendant ».

 

Bayit Yehudi leader Naftali Bennett (Photo: Motti Milrod)
Le leader de Bayit Yehudi, Naftali Bennett (Photo: Motti Milrod)

« C’est un génie! me dit Bennett dans un soupir. « Itamar Ben Gvir mène une campagne tout-à-fait brillante! ».

Itamar Ben Gvir, le Kahaniste devenu avocat, est le visage de la campagne de propagande qui décrit les interrogatoires des suspects de l’incendie de Duma comme une  longue et douloureuse torture physique et mentale. Les corps des suspects auraient été écartelés et rétrécis sur un lit de Procuste ; ils auraient été electrocutés ; ils auraient été sexuellement harcelés ; auraient pris des coups de pieds à la poitrine, souffiraient d’ecchymoses et de gifles ; ils auraient subi les attouchements d’une femme enquêtrice du Shin Bet. Ces allégations n’ont rien de bien surprenant : Ben Gvir et ses collègues ne sont pas les premiers avocats à mentir pour leurs clients; C’est exactement ce que vous faites lorsque vous voulez faire obstruction à une enquête. Mais ce qui est très surprenant c’est que beaucoup sont ceux dans le secteur Sioniste-Religieux, bien trop nombreux, qui se sont mis à les croire. 

 

Itamar Ben-Gvir. 'A genius.' (Photo: Yaron Brener)
Itamar Ben-Gvir. ‘Un Génie.’, selon Bennett (Photo: Yaron Brener)

« Les Torturés de Duma » est la façon dont Aviad Visoli, un autre membre de cette armée d’avocats, appelle ses clients. Ces expressions élèvent les suspects  à un tout autre statut : celui de martyrs. Les Torturés de Duma, comme les Dix Martyrs, comme les Victimes saintes de la Shoah, comme les Olei Hagardom (les membres de l’Irgoun et du Lehi, condamnés à mort par pendaison par les Britanniques). Dans quelques années, il y aura des rues en Israël qu’on appelera « La Rue des Torturés de Duma » et leurs résidents ne sauront même pas qui étaient les « Torturés de Duma » : les membres de la famille Dawabsheh brûlés vivants dans leur lit ou les Juifs qui les ont assassinés? 

Cette bataille juridique lancée autour des interrogatoires des membres de l’organisation terroriste juive divise le camp sioniste-religieux. L’un des camps soutient l’Etat et ses institutions, alors que l’autre rejette l’Etat et son autorité. Ce conflit a des conséquences idéologiques et politiques qui vont très loin. Bennett, à son crédit, n’est pas resté les bras croisés. Il a pris parti, et il est monté au créneau avec courage et la volonté complète d’en payer au besoin le prix politique ; Uri Ariel et Bezalel Smotrich, ceux de la faction du Chardal (à la fois très orthodoxes et Juifs Sionistes) au sein de Bayit Yehudi, ont pris l’autre route. Ils ont prêté leurs voix à la campagne de propagande de Ben Gvir. 

« Nous devons supprimer la Division Juive du Shin Bet », a écrit Uri Ariel à propos de l’enquête de Duma. Smotrich  n’a pas tardé à le rejoindre.

 

Uri Ariel, the Chardal part of Bayit Yehudi (Photo: Gil Yohanan)
Uri Ariel, le clan Chardal au sein de Bayit Yehudi (Photo: Gil Yohanan)

Les résidents des implantations qui sont sortis dans la rue manifester contre l’enquête – et parmi d’autres endroits, juste devant les fenêtres de la maison de Bennett à Ra’anana et devant celles du chef du Shin Bet Yoram Cohen – sont d’accord avec eux. Ceux encore qui sont d’accord avec eux sont ces jeunes qui dansaient comme s’ils étaient possédés, avec des pistolets et des fusils dans la main, autour des photos du bébé qui a été brûlé vif, en dansant en les poignardant, lors d’un mariage à Jérusalem.

L’attitude d’Ariel et Smotrich n’est pas sans rappeler celle de certains politiciens ultra-orthodoxes (Shas, etc.) : refus d’accepter l’autorité de l’Etat, tout en, dans le même temps, exigeant de recevoir des financements de l’Etat : A bas la Division Juive du Shin Bet, longue vie à la division financière des Implantations! Pour les Haredim, cette posture de la duplicité leur vient naturellement, c’est une seconde nature. Pour le secteur Sioniste-Religieux, on a l’habitude de la percevoir comme une forme de Chillul Hashem (profanation du Nom de D.). 

 

Right-wing protesters against Shin Bet investigation: 'Jewish detainees also deserve human rights. The Shin Bet is bypassing the law with the court's backing.' (Photo: Alex Kolomoisky)
Des manifestants d’extrême-droite contre l’enquête du Shin Bet : ‘Les détenus juifs méritent aussi les droits de l’homme. Le Shin Bet outrepasse la loi avec la bénédiction du Tribunal.’ (Photo: Alex Kolomoisky)

Bennett en parle presque candidement : « Je n’ai guère été surpris par l’incident de Duma, mais bien plus par les réactions provenant de Judée-Samarie au cours de la semaine passée »,me dit-il. « Je crois vraiment en ce public : j’en fais partie. Je crois que la grande majorité de notre public ne se sentent pas solidaires des suspects. Pas encore. Je regarde du côté de ma synagogue. Parmi les fidèles, on trouve des commandants des brigades de réserve, des pilotes, des hommes d’affaire; Ils n’ont pas perdu la foi dans le système.

« Mais la campagne de Ben Gvir touche un nerf très sensible. Il y a un sentiment de victimisation. L’Etat est contre nous. Ils ressortent l’affaire Avishaï Raviv (un agent provocateur du Shin Bet dont certaines personnes à droite affirment qu’il avait pour mission d’encourager et de fabriquer des activités ensuite imputées aux extrémistes de la droite radicale – découvert au moment de l’attentat contre Rabin), qui a sans doute été la plus grosse bourde du Shin Bet.

« Nous n’en sommes plus du tout là actuellement, dis-je aux gens qui nous écoutent. Actuellement la situation est très différente,maintenant nous sommes le gouvernement, nous en faisons partie. Nous n’avons plus le luxe de nous plaindre d’être victimes des forces de l’obscurantisme. Ce pourrait bien être la toute première fois que je lance une campagne destinée à convaincre mon public de réviser ses positions. Jusqu’à présent, j’ai fait les choses de cette façon, tranquillement ».

Mais qu’est-ce qui a provoqué le fait que vous exprimiez contre l’opinion de vos propres électeurs? 

« La goutte d’eau qui a fait déborder le vase a été cette vague de messages textes que j’ai reçus », me dit-il. « Pourquoi gardez-vous le silence alors que des adolescents sont torturés? », me demandaient les messages. Ce qui arrive en ce moment est très différent de tout ce que j’ai vu jusqu’à présent. J’ai pensé qu’on ne pouvait absolument pas permettre que ‘le soutien aux meurtriers) devient la norme, le consensus au sein du Sionisme-Religieux.

Mais pouvez-vous demeurer du même côté que ces gens-là? Il ne s’agit pas seulement de ceux qui vivent sur les Collines (implantations de Judée-Samarie). Ils appartiennent à votre propre parti. 

« Pour la toute première fois, je reconnais la pleine force de tout ce qui fait la différence » dit-il. Il a réitéré les enseignements du Rav Kook, qui percevait la création de l’Etat d’Israël comme la première phase de la Rédemption du Peuple Juif. « L’objectif explicite est de saper les fondements de l’Etat, de commettre des actes terroristes qui provoqueraient le fait que le monde entier soit sur notre dos. Cela va bien plus loin que les mouvements des années 80 comme l’Underground Juive, qui voulait influencer l’Etat, mais pas le détruire. Là ce sont des gens à l’opposé de notre Sionisme (des ennemis du Sionisme) ».

‘Les méthodes du Shin Bet sont justifiées’

Mercredi matin, Bennett s’est exprimé lors d’une conférence de directeurs et d’enseignants du système d’éducation religieuse organisée par B’Sheva, un magazine hebdomadaire qui prend ses ordres de marche (sa ligne éditoriale) auprès des Rabbins du Chardal. L’audience l’a accueilli par un silence hostile. « Qu’est-ce qui nous arrive? a demandé Bennett. « Nous croyons en Itamar Ben Gvir, plus que nous croyons en Ayelet Shaked? Plus que dans nos propres institutions? » 

Bennett connaissait déjà la réponse : la plupart d’entre eux préfèrent croire les sornettes de Ben Gvir. « Le Sionisme-Religieux », les a t-il tancés, « C’est Roi Klein et Emmanuel Moreno (deux soldats héroïques de Tsahal tombés au combat au cours de la Seconde Guerre du Liban), et non un groupe d’anarchistes qui veulent détruire l’Etat. nous devons arrêtés de nous comporter comme des victimes ». 

 

Right wing protesters against the Shin Bet investigation: 'Stop hurting our children'; 'We're all with the heroes'; 'Fight terror, not Jews' (Photo: Alex Kolomoisky)
Des manifestants de droite radicale contre l’enquête du Shin Bet : ‘Arrêtez de blesser nos enfants’; ‘Nous sommes tous avec ces héros’; ‘Combattez la terreur, pas les Juifs’ (Photo: Alex Kolomoisky)

Il a rappelé une autre attaque terroriste, la nuit précédente, contre le village palestinien de Beitillu, près de Ramallah. « Ceux qui lancent une grenade fumante dans une maison avec des gens à l’intérieur veulent clairement assassiner une famille », leur dit-il. « Pourquoi voudriez-vous feindre l’innocence? ». 

« Oui, ces interrogatoires sont déplaisants. Ils comprennent des méthodes qui n’ont pas été employées par le passé contre des suspects juifs. Et je vous le demande : est-ce justifié de priver un suspect de sommeil et de rencontrer ses avocats, dans le but d’empêcher qu’un autre incident comme celui de Duma ne se produise? Je dis : oui, ça l’est. Ceux qui soutiennent l’usage de mesures exceptionnelles contre le terrorisme palestinien, doivent soutenir l’usage de méthodes exceptionnelles contre le terrorisme juif. Ce sont des terroristes et le gouvernement a pris la décision de les traiter comme tels.Le terrorisme c’est l’usage de la violence contre les civils dans le but de faire progresser un agenda politique et c’est la définition exacte de ce qu’ils sont en train de faire.Ils brûlent des personnes pour détruire l’Etat de droit ».

Le discours de Bennett s’est conclu de la même manière qu’il avait commencé, par un immense silence. Bennet a senti que certaines personnes du public s’étaient laissées convaincre.

Mais ce que son discours n’a pas réussi à faire, la vidéo du mariage a réussi à le faire. Les dirigeants des pionniers des implantations ont réalisé que ce qui est en train de grandir sur les collines près de leurs propres maisons, c’est une branche locale de Daesh – des jeunes de seconde et troisième génération de résidents des implantations qui sont en réalité des Skinheads sous leurs kippas.

 

Stabbing a picture of Ali Dawabsheh, from the wedding video.
Poignardant la photo d’Ali Dawabsheh, image tirée de la vidéo du mariage.

Le chef du Conseil de Yesha Avi Roeh, avait accusé le Shin Bet de persécution la semaine dernière. Juste après que le Ministre de la Défense Ya’alon lui a montré à lui et ses amis la vidéo du mariage, il a changé d’avis. Le mouvement de jeunesse des Bnei Akiva (Sioniste-Religieux) a suivi ses traces. Même Smotrich, en entendant la virulente critique que lui a adressé Tzipi Livni,ainsi qu’à ses amis, à la Knesset, à la suite de la diffusion de la vidéo, en est venu à marmonner quelques mots de réserve. 

Un communiqué du procureur doit être diffusé au milieu de la semaine prochaine, détaillant les crimes dont chacun des membres de cette organisation terroriste juive est accusé, en tout premier lieu l’assassin de Duma. Des inculpations seront prononcées contre quatre ou cinq des suspects.

Il y a des jeunes qui proviennent vraiment du coeur même du mouvement des implantations, lre sous-prioduit de son systmèe d’éducation. Ils sont peu nombreux, guère plus qu’une poignée : ils sont entourés par un environnement qui les soutient, dont des Rabbins, des amis, une famille et d’autres de leurs semblables. L’auto-critique du mouvement des implantations recevra alors un nom et un visage. C’est un secteur qui est fondé sur des croyances ancrées et une idéologie forte, qui prétend encore incarner les valeurs morales qui se sont amenuisées dans d’autres secteurs de la société. Nous sommes la nouvelle élite, disent les porte-parole de ce secteur ; nous sommes le fer de lance de la société, les porte-drapeaux, ceux qui ont été choisis.

Noblesse oblige (en français dans le texte), devrions-nous leur dire. Leur aristocratie – ou pour être précis, leur prétention à être des aristocrates – les rend responsables. Il est grand temps pour vous de faire le ménage.

Par Nahum Barnea

Publié le : 25.12.15, 15:02 / Israel News

ynetnews.com

 

Adaptation : Marc brzustowski.

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paulette

Je peux vous dire que dans les territoires c’est la loi de la jungle. Je ne suis pas etonnee que cela puisse arriver.
si le gouvernement ne prend pas des mesures energiques contre ceux qui veulent detruire la democratie en Israel,
qui enfreinent les lois et les bafouent la vie deviendra impossible. Il faut non seulement arreter tous ces jeunes mais aussi les rabbins qui les soutiennent.

Hai Israël

En tout les cas on connaît l’opinion de celui qui a rédigé l’article !! Un peu de déontologie ne lui ferait pas de mal.
En ce qui concerne Bennet, pour qui j’ai voté, il est comme tout les hommes politiques qui arrivent au pouvoir avec des promesses plein les poches et rien dans la concrétisation.

Titmosis

Je ne dis pas que Bennet est le mandataire de la vidéo. Je dis que lors de la dernière élection en Israel, l’outil de la mise en scène cinématographique a été utilisé avec efficacité et Bennett y a excellé. Je dis qu’il y a deux possibilités soit des Juifs religieux fous qui desservent leurs idéaux ou un État fou. En tout cas priver un justiciable de ses droits fondamentaux est une pratique injustifiable dans un État de droit.

André

Ces religieux qui ne travaillent pas et ne produisent rien pour la plupart, ne faisant que lire le Talmud en s’échauffant ont curieusement oublié le premier commandement de Dieu : « Tu mangeras ton pain à la sueur de ton visage jusqu’à ce que tu retournes dans la terre d’où tu as été tiré, car poussière tu es et à la poussière tu retournera »…

Titmosis

Si la vidéo du mariage montrant la photo du bébé poignardée est vraie alors les participants sont des fous. Certainement pas des Juifs inspirés de Thora.
Si la vidéo est une mise en scène du Shin Beth alors l’État devient fou. Certainement pas un État de Justice.
Pour ma part mon étonnement m’oriente pour la deuxième hypothèse. À qui profite cette vidéo insensée?. N’oublions pas que Benett aime les mises en scène filmée.

nadjar

je ne soutiens plus bayit yeoudi benett nous trompe avec son visage qui si vous lui mettez un bandeau noir sur un oeil vous avez le portrait de moshe dayan qui a donne aux arabes le mont du temple a la guerre des 6 jours