Je vous livre quelques explications sur le premier verset de la paracha, que voici: « Balak ben Tsipor vit tout ce qu’Israël avait fait à l’Emoréen ». En hébreu : Vayar Balak ben Tsipor èt col acher assa Israël laémori.

J’ai lu un bel enseignement de Rabbi Na’hman de Breslev (Likouté Moharan 2è tome, leçon 7). Je m’en suis inspiré pour l’appliquer au verset de cette paracha.
L’homme se définit avant tout comme un être parlant. C’est-à-dire qu’il possède un véritable pouvoir de création, grâce à sa parole. Comme le dit le roi Salomon : « la vie et la mort sont au pouvoir de la langue ». Lorsque nous prononçons un mot, nous créons une énergie, positive ou négative.

 

 

Balak savait que la force d’Israël dépendait de la parole de sainteté. C’est pour cela qu’il fit appel au sorcier Bilam qui possédait, quant à lui, un pouvoir de destruction par sa parole, susceptible de nuire à Israël. Sur un autre plan d’interprétation, chaque mot de la Torah nous concerne directement.
A travers les événements de la vie, les ressentis et les relations aux autres, nous vivons réellement la Torah, dans chacun de ses mots … Quand nous nous sentons éloignés de notre véritable source, quand nous voyons tout en négatif, quand nous n’arrivons pas à sortir et à briser ce cercle d’enfermement dans lequel nous nous sentons emprisonnés, nous sommes appelés … Balak. Ce mot signifie « détruire ».
 
Nous sommes alors dans une phase de restriction spirituelle, et nous sommes en train de nous détruire en alimentant constamment notre esprit en suggestions négatives.
 
 
 
Pour remédier à cela, il existe un merveilleux secret, grâce auquel l’homme peut apprendre à attirer à lui le bonheur et la réussite. Ce secret ? Ta réalité extérieure dépend de Tes pensées qui habitent ton esprit.
Si tu nourris de bonnes pensées, pensées d’amour, pensées d’entraide, pensées de générosité : alors tu vas donner à ta vie une toute nouvelle orientation. La clé, c’est que l’homme est sujet au renouvellement. Rien n’est jamais figé. Il est possible, à chaque instant, de prendre un nouveau départ.
Lorsque les enfants d’Israël ont dit au Sinaï : Naassé vénichma, nous ferons puis nous comprendrons, le Créateur du monde leur en tint compte, comme si, à ce moment précis, ils avaient accompli toute la Torah !!!
Simplement parce qu’ils ont dit : nous prenons sur nous le joug de la Torah et des mitsvot ! Comme quoi, une bonne décision possède un pouvoir extraordinaire ! Tel est le secret du ratson, la volonté. La routine nous épuise et affaiblit notre volonté.
Nous n’avons plus envie, nous sommes blasés, de tout, de la vie, des voisins, du conjoint, … Alors, à présent, il faut repartir à zéro. Comme si la vie nous ouvrait encore une fois ses bras généreux pour nous accueillir dans l’espérance.
Chaque jour est une création nouvelle, qui n’a jamais existé et qui n’existera plus jamais. Des peuples ont construit des empires, mais il n’en reste que des ruines …Quant à nous, peuple saint d’Israël, devenons les bâtisseurs du temps, en le remplissant de sainteté.
Ce sont les grands Tsadikim qui possèdent le pouvoir de tout connecter au Créateur du monde. Ils sont appelés Ben ‘haviv, le fils chéri du Créateur. Ce sont eux qui montrent à ceux qui sont en bas de l’échelle, perdus dans les plaisirs illusoires, la routine et les angoisses qu’ils ont encore à espérer de l’aide du Créateur.
Le Tsadik leur montre qu’en réalité, ils ne sont pas si loin de D.ieu ! Tel est le sens à apporter à l’expression Balak ben Tsipor. Car dans un premier temps, l’homme est dans la confusion. Ravagé par ses pensées négatives, il vit réellement en lui le nom « balak », la destruction … Mais c’est sans compter l’aide du Ben ‘haviv, le Tsadik qui possède la force de transformer cette situation bloquée en … Tsipor, en oiseau !
Alors que Balak représente la fermeture, l’oiseau, quant à lui, est le symbole de la délivrance et de la liberté ! De façon plus profonde, les lettres du mot tsipor sont les mêmes que le mot tsérouf, qui signifie la combinaison (de lettres).
Expliquons. Quand une personne a fait un mauvais usage du langage, ou a commis une transgression, il a investi une certaine énergie du mauvais côté. Autrement dit, le temps que D.ieu lui a offert pour Le louer et faire de bonnes actions, il l’a mal utilisé !
Alors cette énergie négative emprisonne la personne et bouche les canaux de bénédiction et de bonheur qui s’épanchent sur elle. Il faut donc dénouer les nœuds, c’est-à-dire libérer le pouvoir des lettres qui ont investi le domaine du mal. Tel est le rôle du Tsadik qui, en tant que guérisseur de l’âme, va libérer ce qui était bloqué et fermé. En d’autres termes, il casse balak et en fait naître tsipor l’oiseau.
Les lettres prisonnières, qui sont en réalité notre potentiel enfoui, se libèrent grâce au Ben ‘haviv, le fils chéri, le Tsadik. C’est ainsi que la guérison apparaît, le mot réfoua (guérison) ayant les mêmes lettres que « or – pé », la lumière de la bouche. Car la délivrance vient par la rectification de la parole.
Multiplier les paroles de sainteté : lecture de Psaumes, étude de la Torah, prières, paroles de réconfort et d’entraide.

C’est de cette manière que la situation précédente de Balak disparaît pour donner naissance à une nouvelle situation où l’homme reçoit à présent la lumière de l’attachement à D.ieu. (les lettres de Balak sont les mêmes que celle de la racine k-b-l qui signifie recevoir).
Quand l’homme avance dans la sainteté, en particulier en faisant attention à sa parole, il sent petit à petit que sa parole a du poids. Il sent aussi que ses prières ne sont plus les mêmes, car quand on veille sur la teneur des mots qui sortent de nos lèvres, il est certain que la qualité de notre prière s’en ressent.
Vayar Balak ben tsipor : quand l’homme sort de la situation de blocage (balak) à l’aide du Tsadik (ben) pour naître à la véritable liberté (tsipor), alors vayar : D.ieu lui fait voir … Que lui montre donc le Créateur ? La réponse est dans la suite des mots du verset : èt col acher assa israël laémori : tout ce qu’a fait Israël à l’Emoréen.
La Torah révèle ici en deux mots l’essentiel du service du Tsadik. Tout d’abord, le mot èt. Il est composé de la lettre aleph (la première lettre de l’alphabet) et du tav (la dernière lettre de l’alphabet).
Puis vient le mot col (tout). Nos maîtres de mémoire bénie nous enseignent que le mot col désigne précisément le Tsadik qui collecte les lumières spirituelles pour les transmettre aux degrés d’en bas.
En d’autres termes, le Tsadik appelé col a pour rôle d’unifier ceux qui relèvent du aleph à ceux qui relèvent du tav … Car le Tsadik ne laisse personne à l’extérieur. Il fait entrer le monde entier dans la construction de sainteté. Ceux qui relèvent du Aleph sont les grands de la Torah et les érudits. Ils sont au sommet de l’échelle spirituelle.
Et puis il y a ceux qui sont tout en bas, en prise avec les tentations, les doutes, les disputes, les angoisses, la routine … Ils relèvent de la lettre Tav, qui clôt l’alphabet.
Le Tsadik prend le Tav et le rapproche du Aleph. Il lui dit : tu sais ! Crois-tu que D.ieu n’est pas sensible à ta peine et à ta souffrance ? Toi aussi, tu es très précieux aux yeux du Créateur ! D.ieu t’aime d’un amour infini, c’est pour toi précisément qu’Il a créé le monde entier !!!
Mais d’autre part, le Tsadik attache le Aleph au Tav : il s’adresse à l’érudit en lui disant : Crois-tu que ta connaissance te donne le pouvoir de t’abstenir t’aider tes frères qui souffrent dans l’obscurité ? Crois-tu vraiment avoir compris ce que le Créateur attend de toi ? Crois-tu être proche de Lui ? Le but ultime de la connaissance n’est-il pas de prendre conscience que nous ne savons rien ? Et puisque nous ne savons rien, pourquoi ta sagesse te suggérerait de ne pas « t’abaisser » à apporter ta connaissance à ceux et celles qui n’ont pas cette chance d’avoir accès à tout ce savoir ?
Ainsi le Tsadik unifie les âmes et les rapproche du Créateur. A ceux qui vivent dans l’illusion de croire qu’ils sont proches de D.ieu, il leur montre qu’ils ne savent rien. Et à ceux qui ont perdus jusqu’à la confiance en eux-mêmes, il leur dévoile qu’ils sont beaucoup plus proches du Créateur que ce qu’ils imaginent … L’homme éloigné dans un premier temps (balak) voit (vayar) la force du Tsadik (ben), capable de le libérer de ses chaînes (tsipor), grâce au fait qu’il attache toutes les âmes (col) entre elles : les grandes comme les plus petites (èt). Le monde atteint alors sa plénitude et sa perfection : acher (que) est lu ocher, bonheur. Tel était le plan originel du Créateur : faire de ce monde une « bait ocher » une maison du bonheur (les lettres de bait ocher sont les mêmes que le mot béréchit, au commencement, le premier mot de la Torah). C’est de cette manière que le Tsadik agit (assa).
Ce Tsadik est appelé Israël, soit les lettres de Li roch, à moi la tête (li roch et israël ont les mêmes lettres). Il dévoile que toutes les âmes d’Israël comptent beaucoup auprès de D.ieu, car elles sont au-dessus de tous les mondes ! Israël est la première pensée du Créateur quand il créa Son univers !
Cette action du Tsadik, il l’accomplit à travers les paroles mêmes de la personne qui s’adresse à lui. C’est-à-dire que les paroles qui constituent la demande de la personne se combinent et le Tsadik les arrange de telle sorte que les lettres forment de nouveaux arrangements positifs, porteurs d’un nouvel espoir. C’est pour cela qu’il est possible de lire le dernier mot du verset : laémori avec d’autres voyelles ce qui donne laamaray, à mes paroles …
Ainsi moi qui suis au départ Balak puis tsipor, avec l’aide du Tsadik, je vois ce que le Tsadik a réalisé par mes paroles (laémori – laamaray) …
A retenir : 
1.  D.ieu nous aime d’un amour infini, quel que soient les épreuves que nous traversons, nous devons garder l’espoir.
2.   Aucune situation, la pire soit-elle, n’est figée et définitive. Nous sommes neufs chaque jour ! Si l’homme prend une ferme résolution de changer en mieux, en cultivant des pensées positives, il peut arriver à améliorer sa situation.
3.    Sur l’importance de s’attacher aux vrais Tsadikim : lire leurs conseils, s’inspirer de leurs enseignements, leur rendre visite et leur exposer nos difficultés, écouter des cours, en un mot se renforcer dans la foi en D.ieu et dans celle du Tsadik, comme il est dit à propos de l’ouverture de la mer rouge : Ils mirent leur foi en D.ieu et en Moché son serviteur.
4. Rabbi Na’hman de Breslev disait : si tu crois que tu peux détruire, alors crois aussi que tu peux réparer.
 
Samuel Darmon
 

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