Les partisans de la sécurité juive connaissent des records de demandes, à la suite des attentats de Paris et Copenhague. 

A Community Security Trust guard keeps watch over a Hanukkah celebration in 2014. (Blake Ezra Photography)

LONDRES (JTA) — Une rue non-identifiée dans les faubourgs de Londres, des gardiens avec des oreillettes observent à l’extérieur d’un bâtiment aux portes et fenêtres blindées. 

Le bâtiment ne fait aucune publicité sur l’identité de ces occupants et les gardes n’apprécient pas qu’on flâne autour pour poser des questions indiscrètes. 

Bien que cela ressemble à une installation secrète du gouvernement ou une succursale bancaire, cet immeuble est, en réalité, le quartier-général du Service de Sécurité Communautaire (CST), qui est largement considéré comme la force de défense juive la mieux organisée en Europe et l’une des institutions juives les plus admirées en Angleterre. Grâce à un budget annuel de 7, 5 millions de $, le CST sert, depuis 20 ans, de bouclier de la communauté juive, de service de recherche et d’observatoire de l’Antisémitisme. 

Au Royaume-Uni, le CST est devenu l’adresse naturelle pour l’enregistrement d’un grand nombre de volontaires, qui ont inondé le groupe de candidatures, à la suite de la mort de 5 Juifs, au cours de deux attentats, au début de l’année, à Paris et Copenhague. Dans les semaines qui ont suivi ces attaques, le groupe a dépensé la totalité de son budget annuel des fonds disponibles pour l’élévation des mesures de sécurité communautaire. 

Hors d’Angleterre, des associations juives de toute l’Europe de l’Ouest ont demandé l’assistance du CST, en matière de développement des compétences de gestion de crise, d’entraînement et de renforcement de la sensibilisation, depuis de nombreuses années. 

« Nous sommes un genre d’imitateurs du CST », disait Michael Gelvan, le Président du Conseil de Sécurité des Juifs Nordiques, basé à Copenhague, un réseau sécuritaire régional mis sur pied en 2010. « Pour nous, la structure et les capacités du CST représentent la norme absolue ». 

Volunteers training at the Community Security Trust headquarters in London. (Courtesy photo)

 

Cette semaine, le JTA a obtenu un accès rare au quartier général du CST à Londres, qui comprend une salle d’examen des situations de crise, une vaste zone de gym pour les briefings, une salle d’entraînement aux techniques d’autodéfense assortie d’un dispositif vidéo en lein avec deux autres centres du CST, à Leeds et Manchester. 

L’organisation emploie une équipe d’environ 60 personnes et un corps d’intervention de 3.000 volontaires. Son budget provient essentiellement des donations. 

Après  l’assassinat à la Kalashnikov de 4 personnes au Musée Juif de Bruxelles, l’an dernier, le CST était le seul service de sécurité juif étranger à envoyer une délégation vers la cellule de crise mise en place par le Congrès Juif Européen à Bruxelles. 

L’envoi de délégués « permet au CST de partager son expérience avec d’autres communautés qui compte sur lui, mais aussi de tirer les enseignements des situations qu’elles rencontrent », déclare Mark Gardner, le directeur de communications du CST. 

En 2003, le CST a envoyé des représentants à Istanbul après les attentats à la  bombe de deux synagogues qui ont fait 27 morts et 300 blessés. Les représentants ont appris que la plupart des blessés, lors de ces attentats souffraient d’éclats de verre provenant des fenêtres et des vitres brisées. Par conséquent, remarque Gardner, le CST a installé des prtections anti-éclats « sur littéralement toute fenêtre d’un bâtiment communautaire ». 

Par le passé, la défense communautaire juive dépendait de la responsabilité du Bureau des Députés des Juifs de Grande-Bretagne. Mais, à la suite des attentats terroristes palestiniens contre les Juifs d’Europe, dans les années 1990, les Juifs Britanniques ont décidé, en 1994, de fonder le CST en tant qu’agence unique responsable de la sécurité tactique, autant que de son propre budget et levée de fonds. 

Le Président du CST, Gerald Ronson, a affirmé l’an dernier que le danger qui découle du terrorisme jihadiste domine l’agenda de travail de son organisation. Mais, comme il le faisait remarquer dans le rapport du CST de 2014, l’effort produit pour se protéger de cette menace est tiré de décennies d’expérience rôdées par les attaques des fascistes et des néo-nazis. 

Aujourd’hui, les gardes volontaires du groupe, portant la veste du CST, sont omniprésents dans les quartiers juifs, faisant la sentinelle à l’extérieur des synagogues et lors des grands rassemblements de la communauté. Mais, à la suite de plusieurs attaques mortelles contre des cibles juives en Europe, au cours de ces derniers mois, les ressources du CST sont mises à l’épreuve comme jamais auparavant. 

Dans les trois semaines après le meurtre de 4 Juifs, le 9 janvier, à l’HyperCacher de Vincennes, dans Paris, le CST a promis la totalité des 750.000 $ qu’il a mis de côté cette année, pour le Projet de Renforcement de la Sécurité, une initiative du CST qui correspond au financement de l’amélioration des mesures de sécurité fourni par les communautés locales. Environ 7, 5 millions de $ ont été alloués par ce projet depuis 2008. 

« Des écoles, des synagogues et d’autres institutions auxquelles nous avions conseillé, depuis longtemps, d’élever leurs mesures de sécurité se sont précipitées pour nous demander des fonds », dit Gardner. 

Parallèlement à ces requêtes d’aide, un afflux sans précédent de volontaires s’est présenté. Plus de 150 personnes cherchant à s’enrôler comme gardiens munis de la carte du CST ont approché l’organisation à la suite des attentats de Paris. Cette poussée du volontariat n’a atteint des records qu’à l’été dernier, lorsque 150 personnes ont franchi le pas, après la hausse des actes antisémites liés à la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza, selon Gardner. 

L’une de ces nouvelles recrues est un étudiant de 20 ans à l’Université, qui, pour raisons sécuritaire, a demandé à n’apparaître que par son prénom, Howard. 

« J’ai voulu me porter volontaire dès que j’ai eu 18 ans, mais mes amis se moquaient de moi, en demandant pourquoi je voulais jouer au petit soldat », dit Howard. « Mais tout le monde a arre^té de rire, après les attentats parisiens. Nous savons tous que cela peut se produire ici demain ». 

Parmi les Juifs Britanniques, il y a des sihnes de prise de conscience sécuritaire croissante. A Golders Green, un important quartier juif de Londres, où de nombreuses boutiques portent des caractères hébraïques, les résidents ont questionné deux fois un journaliste en visite pour savoir ce qu’il faisait là. Dans l’une des écoles orthodoxe de Londres, 150 parents se sont rendus à deux sessions concernant les procédures de sécurité, juste après les meurtres à Paris. L’an dernier, seulement 10 parents étaient venus à une session identique. 

« C’est troublant, parce que cela montre que les gens sont inquiets », remarque Gardner. « D’un autre côté, c’est une bonne chose qu’ils puissent s’en occuper. C’est pour quoi nous sommes là ». 

Pourtant, en même temps que prend sens la reconnaissance croissante du CST, l’organisation est aussi confrontée à la critique de ce que certains perçoivent comme un manque de transparence. 

Geoffrey Adelman, historicien et commentateur des Chroniques Juives de Londres, s’est fait entendre pour que le CST révèle le nom de ses curateurs, dont la liste est contrôlée par la Commission des Dons pour des raisons sécuritaires. 

Lors d’une conférence récente, Adelman a accusé le CST de ne pas rendre de compte à la commununauté qu’il est censé servir, en notant que la question de la défense communautaire était autrefois du domaine du Bureau des Députés, dont le cercle dirigeant est élu démocratiquement, alors que le CST ne l’est pas. 

Gardner affirme que le CST  » fait usage d’une dérogation donnée par la Police pour empêcher que la liste de ses donateurs reste discrétionnaire, de façon à laisser dans le flou les gens qui pourraient chercher à leur nuire ». « Pour ça, le CST ne demandera absolument aucune excuse à personne ». 

Par Cnaan Liphshiz 

jta.org

Adaptation : Marc Brzustowski

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