POLITIQUE – Homme de confiance du candidat Macron en 2017, persona non grata à l’Elysée en 2018, Alexandre Benalla pourrait bien devenir le sparadrap du président de la République en 2019.

Limogé de ses fonctions en juillet et mis en examen pour « violences volontaires » après avoir participé à une interpellation musclée en marge des manifestations du 1er mai à Paris, l’ancien collaborateur d’Emmanuel Macron n’hésite plus à menacer directement par voie de presse l’entourage du chef de l’Etat, qu’il accuse de vouloir le « salir ».

« Je ne me tairai plus », a prévenu dans un communiqué transmis ce mercredi à l’AFP Alexandre Benalla en réaction à des « propos diffamatoires » tenus à son encontre par « certaines personnes de l’Élysée » suite à son récent déplacement au Tchad.

« Quelles que soient les démarches qu’entreprend M. Benalla, il n’est pas un émissaire officiel ou officieux de la présidence de la République. S’il se présentait comme tel, il est dans le faux », s’est senti obligé de préciser l’Élysée ce mardi, après la publication d’un article du Monde révélant que l’ancien collaborateur d’Emmanuel Macron l’avait précédé de quelques semaines au Tchad, accompagné « d’une demi-douzaine de personnes, par avion privé, réglant les frais par carte bleue ».

« Je suis allé au Tchad, accompagnant une délégation économique étrangère dans le cadre d’investissements », se défend ce mercredi Alexandre Benalla, assurant que « l’ensemble des frais concernant ce voyage a été pris en charge par le chef de cette délégation ». Se sentant lâché par la présidence et convaincu que « le but ultime » de ces dernières informations « est de saccager (ses) vies familiale et professionnelle », l’ancien chargé de mission de l’Elysée entend désormais « charger (ses) avocats de saisir le procureur de la République ».

Et menace de ne plus retenir ses coups. « Certaines personnes au plus haut sommet de l’Etat souhaitent me faire taire ou me neutraliser », s’étrangle-t-il auprès de BFMTV.

Quand Benalla et Macron s’épargnaient

Un changement de ton notable alors qu’Alexandre Benalla avait jusqu’ici pris soin d’épargner l’Elysée et le président de la République dans ses déclarations publiques, tout particulièrement lors de son audition ultra-médiatisée devant la commission d’enquête du Sénat.

En retour, Emmanuel Macron s’est lui aussi toujours montré compatissant à l’égard de son ancien directeur de cabinet adjoint, excluant d’en faire un « fusible » de sa présidence.

« S’il y a un responsable, il est devant vous, qu’ils viennent le chercher », avait lancé le chef de l’Etat en juillet en pleine affaire Benalla.

En novembre, le même Emmanuel Macron concédait que les faits reprochés à son ex-collaborateur étaient « graves » tout en jugeant qu’ils ne méritaient pas que son ex-garde du corps soit voué aux gémonies.

« Il a fait des fautes. Est-ce qu’il mérite d’être traité comme le plus grand criminel en liberté? Je n’en suis pas sûr, il faut penser que les gens ont leur vie, leur famille », plaidait-il alors.

Problème: ces déclarations n’ont fait qu’alimenter les soupçons de l’opposition, convaincue que l’Elysée n’a jamais coupé les ponts avec Alexandre Benalla, voire même couvrirait ses agissements.

« Monsieur Benalla est une personne qui ne compte pas mais qui est toujours là où il ne faut pas! », a ironisé sur LCI le député de la France insoumise Eric Coquerel, dont le parti n’a eu de cesse de réclamer « la vérité sur cette affaire ».

« Toute la clarté doit être faite dans cette affaire », a également estimé la porte-parole des Républicains Laurence Sailliet pour qui la parole d’Alexandre Benalla n’est plus fiable.

Même le président de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde, juge « malsain » qu’Alexandre Benalla menace « le président de la République comme s’il avait quelque chose à révéler ».

Un feuilleton sans fin

A tort ou à raison, Emmanuel Macron demeure donc toujours exposé aux moindres gestes et déclarations de son ancien collaborateur, et ce potentiellement jusqu’à la fin de son quinquennat.

« Benalla est désormais une fièvre récurrente du macronisme. Pour ne pas avoir voulu immédiatement s’en démarquer, Emmanuel Macron est contraint de faire face régulièrement à ce personnage sur lequel les médias feuilletonneront en continu », anticipe le spécialiste en communication politique Florian Silnicki .

Un feuilleton alimenté régulièrement par les rebondissements de l’enquête judiciaire en cours, mais aussi par la personnalité provocatrice d’Alexandre Benalla et son refus de faire profil bas depuis son limogeage de la présidence de la République.

Les révélations sur son selfie avec un pistolet (à eau?) en pleine campagne présidentielle ou ses rencontres avec le sulfureux homme d’affaires Alexandre Djouhri sont autant de sources d’embarras pour le chef de l’Etat, qui peine à se désembourber de la crise des gilets jaunes.

Ce mercredi, l’Elysée a encore dû corriger des propos de l’ancien chargé de mission, qui affirmait avoir prévenu la présidence de son déplacement au Tchad.

Non, Alexandre Benalla « n’a pas informé l’Élysée de ses déplacements avant de les effectuer, mais uniquement de manière récente la semaine dernière », a précisé l’entourage d’Emmanuel Macron.

Une communication à vue qui pourrait une fois encore se retourner à terme contre l’Elysée. Car pourquoi Alexandre Benalla a-t-il tenu informé son ancien employeur?

L’Élysée n’a pas fait de commentaires, évoquant simplement l’hypothèse qu’il ait « eu vent des mêmes rumeurs de presse que nous-mêmes ».

De son côté, l’ancien chargé de mission ne décolère pas et accuse dans L’Express les conseillers du président de communiquer « sur la base de rumeurs »: « Est-ce qu’on gouverne avec des rumeurs? Ils vont désormais faire un communiqué à chaque fois qu’il y a une rumeur me concernant? ». Pas sûr que la présidence de la République ait beaucoup d’autres choix.

Geoffroy Clavel

 Le HuffPost

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M_007

Pourquoi Hollande a envoyé l’armée française dans les pays du sahel ?

C’est parce que 90% de la cocaïne vendue en Europe passe par le Mali, elle transfert par le Nigeria depuis l’Amérique du sud et traverse l’Afrique pour débarquer en France et tout ça sous le contrôle du hizbollah !

Chiffre d’affaire annuel du hizbollah en France, plus de 80 milliards d’euros, numéro de la distribution de drogue en Europe. Plateforme principale en Europe la France !

Voilà pourquoi le hizbollah et son larbin benalla tient l’Elysée par les ouilles !

Citoyen

Pourquoi la presse et tous les médias font elle tant de pub à ce « Mosieur » qui, du coup, se croit important ! Ignorez le et il ne nous embêtera plus ! Surprenant qu’un journal dit « sérieux » comme LE MONDE soit tombé dans ce panneau là aussi simpliste ; car franchement, il doit rester en France 2 pelés et 3 tondus pour s’intéresser à BENALLA, sauf s’il a un gilet jaune ! et dans ce cas, je crains le pire !

habibi

Il y a longtemps que « Le monde » est devenu « l’Immonde ».

Bonaparte

 » Bizarre  » vous aves dit  » bizarre  » ?

Tout est opaque dans cette affaire .

Qu’est ce qu’il  » fabrique  » dans l’entourage de Macron ?

Il a l’air sûr de lui et la rumeur enfle .

Les français ont le droit de savoir .