INTERVIEW – Yuval Steinitz est le ministre israélien des Affaires stratégiques et du Renseignement. C’est un proche du premier ministre, Benyamin Nétanyahou. Selon lui, Rohani ne fera que des concessions mineures aux Occidentaux.

Quelle est la principale préoccupation stratégique d’Israël aujourd’hui?

Le programme nucléaire iranien est le sujet majeur, le plus critique pour Israël. De la Syrie à l’Égypte, en passant par le Liban, l’instabilité régionale est de manière générale difficile à gérer pour nous. Mais il nous faut établir des priorités et la possible nucléarisation de l’Iran est d’une magnitude bien supérieure à tous ces bouleversements. Si cela arrive, nous vivrons dans un monde beaucoup plus dangereux qu’aujourd’hui. Un Iran nucléaire, c’est l’équivalent de trente Corée du Nord nucléaires.

Pourquoi?

Parce que, contrairement à Pyongyang, qui ne rêve pas d’exporter la révolution nord-coréenne à l’extérieur de ses frontières mais veut juste assurer la survie de son régime, l’Iran a des ambitions globales. Le but des ayatollahs iraniens a toujours été très clair: ils veulent changer la balance du pouvoir dans le monde musulman.

Une solution diplomatique a-t-elle plus de chances d’aboutir avec le nouveau pouvoir?

On ne sait pas encore si l’Iran se dirige vers le printemps ou vers l’hiver. Mais ce qui est certain, c’est que le nouveau président, Hassan Rohani, est un maître de rhétorique et de diplomatie. Il tentera sans doute de faire des concessions mineures aux Occidentaux afin d’éviter une aggravation des sanctions et une intervention militaire, tout en poursuivant le programme nucléaire. Le danger, c’est qu’il le fera sans effrayer l’Occident, sans les excès verbaux d’Ahmadinejad, qui avait fait peur à tout le monde. Rohani, avec sa réputation de modéré, est l’instrument idéal pour permettre aux ayatollahs iraniens d’avoir la bombe atomique.

«Rohani, avec sa réputation de modéré, est l’instrument idéal pour permettre aux ayatollahs iraniens d’avoir la bombe atomique»

Quelles sont les solutions que vous préconisez?

Il n’y en a pas 36. Soit l’Iran respecte toutes les résolutions des Nations unies, soit il refuse. Il ne doit pas y avoir, vis-à-vis du programme nucléaire iranien, de solution médiane. La seule chance de résoudre le problème de façon diplomatique est d’accentuer les sanctions et d’exercer une menace militaire crédible afin que le pouvoir iranien n’ait pas d’autre choix que de sauver son économie de la destruction totale ou de poursuivre sa marche vers la bombe. Seule cette double menace pourra forcer les Iraniens à reconsidérer leur position. On ne peut plus se permettre de recommencer des cycles de négociations. Nous n’avons plus le temps. La ligne rouge sera franchie avant.

Et sinon?

En 2014, le réacteur d’Arak, dédié à la filière du plutonium, pourrait être opérationnel. Il sera alors très difficile de le bombarder, à cause des risques de radioactivité induits par cette matière. Si l’Occident échoue sur ce dossier, ce sera la première fois qu’un régime religieux fanatique possédera la bombe nucléaire. Les conséquences ne se feront pas sentir seulement pour Israël, qui est la cible principale de l’Iran. La prolifération nucléaire repartira de plus belle dans la région, menaçant le monde entier. Quant aux Européens, ils n’auront d’autre choix que de dépenser des fortunes pour acquérir une défense antimissile capable de les protéger de la menace iranienne.

lefigaro.fr Article original

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