Le visiteur qui se rend à New-York est toujours surpris par la vitalité qui règne dans cette ville cosmopolite où les tensions intercommunautaires n’existent pas ou ne sont pas visibles.Le Regard de Jacques Benillouche pour Tribune Juive

Les boutiques sont pleines, les clients jonglent avec leurs sacs d’achats, les restaurants affichent complet à toute heure de la journée tandis que les habitants font preuve d’un optimisme non exagéré.

Malgré un froid qualifié de polaire, par nous gens du sud, les rues ne désemplissent pas d’hommes d’affaires, de curieux et de touristes, même à cette époque de l’année.

Cette vitalité s’explique parce que les américains restent toujours convaincus que les crises sont temporaires. D’ailleurs le terme de crise est anachronique dans ce pays aux mille défis.

De nos discussions avec des acteurs économiques francophones ayant fait le choix du nouveau monde, nous avons compris que les américains avaient la qualité exceptionnelle d’être plus entreprenants que les français. Même en période de crise aigüe, leur approche culturelle leur permet d’adopter une attitude combative qui dynamise l’économie américaine.

R comme rebond

Aujourd’hui, les économistes parlent plutôt de rebond plutôt que de récession. Tous les clignotants verts se sont allumés en même temps justifiant l’optimisme qui règne actuellement. Le PIB a été boosté au quatrième trimestre par la croissance de 1,5% de la consommation et par l’augmentation de 0,8% des investissements des entreprises.

Quelques acteurs français, employés de grandes banques new-yorkaises, nous ont détaillé les raisons du phénomène américain actuel. Ils pointent du doigt la réduction des dépenses militaires ainsi que l’envol de la consommation.

Les entreprises sont amenées à produire plus pour reconstruire leurs stocks épuisés par la demande tandis que les consommateurs, stimulés par l’abondance des choix et encouragés par des propositions originales de crédit, sont poussés à investir.

Les États-Unis connaissent alors le cycle habituel lié à l’expansion : nette reprise dans l’immobilier, développement du marché du travail entrainant une baisse du chômage et relance de la consommation avec un accroissement des exportations américaines.


Constructions en bois dans l’Illinois

La situation de l’emploi s’est améliorée. Alors qu’en décembre 2012 les employeurs ont créé 155.000 emplois, ce gain s’est maintenu en janvier 2013 avec 165 .000 nouveaux emplois.

Les demandes d’indemnisation ont chuté au plus bas depuis cinq ans grâce à la reprise des embauches.

Les conséquences ont été immédiates sur le front de la consommation et du logement qui restent un atout important pour l’économie.

Les constructions d’appartements ont connu une progression de 12%, soit la meilleure performance depuis 1992 qui permettra à ce secteur de régler la situation d’une partie des chômeurs de longue durée non qualifiés.

Après des années de déprime, le prix du bois de construction a retrouvé son niveau d’avant la crise.

Clignotants verts

Avec conviction, les économistes prévoient une progression du PIB de 2,1% en 2013 après avoir connu en 2012 une hausse de 2,2%. Mais les mesures décidées par le gouvernement ne sont pas étrangères au succès obtenu. Il a en effet diminué de 6,6% les dépenses publiques tandis que la baisse de 22% des dépenses militaires est la plus importante depuis la guerre du Vietnam.

Les citoyens ont aussi été mis à contribution puisqu’un accord du Congrès a augmenté la taxe sur les salaires de 4,2% à 6,2% avec en contrepartie l’absence de grandes augmentations d’impôts sur le revenu.


Bourse de New-York

Ceux qui scrutent l’évolution de la bourse, dont dépendent les fonds de pension qui alimenteront leurs revenus de retraités, sont rassurés car elle est sans cesse en progression.

Le Dow Jones est passé en un an de 13.000 à 14.000 points pour une rentabilité de plus de 7%.

L’économie mondiale devrait aussi bénéficier de cette croissance retrouvée et renforcer les exportations américaines, en particulier dans le domaine de l’aviation et des produits de santé.

La Chine a enregistré une accélération économique au quatrième trimestre, pour la première fois depuis deux ans, ouvrant des perspectives nouvelles pour les produits américains. Les pays en développement devraient eux aussi connaitre une croissance de 5,5% en 2013.

Mais selon les prévisions des économistes et de la Banque Mondiale, seule l’Europe restera à la traîne avec une simple stabilisation de son économie. La croissance ne sera pas au rendez-vous.

Pourtant, au début du deuxième mandat de Barack Obama, les américains étaient inquiets de la tournure des évènements, à la limite du blocage constitutionnel.

Mais les parlementaires ont fait preuve de réalisme économique et de responsabilité politique en évitant le «mur fiscal» puisque le Congrès est parvenu, en dernière limite, à trouver un accord avec le président en maintenant les exonérations fiscales votées par le président Bush mais pour les seules classes moyennes.

Cependant une nouvelle échéance cruciale est en vue, en mai, car le président américain doit régler le problème du plafond de la dette s’il ne veut pas que les États-Unis soient en état de cessation de paiement.

Système éducatif

Cette réussite économique qui fait pâlir d’envie les européens, et les français en particulier, a plusieurs origines. Mais d’abord et avant tout, le système éducatif diverge de la méthode appliquée en France en étant totalement différent et plus dynamique.

La fin d’études secondaires aux États-Unis n’ouvre pas automatiquement l’entrée à l’université.

Un filtre rigoureux impose aux élèves de passer un test d’évaluation SAT, Scholastic Assessment Test, qui, avec le dossier scolaire, est utilisé par les universités, totalement autonomes, pour sélectionner les élèves autorisés à suivre leur cours.

Ce test comprend deux parties.

La première d’une durée de quatre heures évalue les compétences générales du candidat en rédaction, compréhension écrite et mathématiques.

La seconde permet de tester l’étudiant sur des domaines spécifiques tels que la littérature, l’histoire, la biologie, les langues, ou encore la chimie.

Ce test est nécessaire pour intégrer un programme universitaire américain post-bac et, selon les notes obtenues, les jeunes intègrent ou non les universités prestigieuses telles que Columbia, Princeton ou Harvard.

La sélection est sévère et acceptée par tous.


Bibliothèque de Colombia university

Mais en France on fournit aux élèves des outils pour parvenir à une solution unique sans leur apprendre à travailler ensemble, pour simuler en groupe des situations théoriques.

Très jeunes, ils sont en concurrence et dans la solitude ils se trouvent en position d’échec.

L’éducation nationale française a tendance à ne mettre en avant que les élèves capables de s’adapter à ce système qui préjuge de leur potentiel dès l’âge de vingt ans, entrainant la sortie du système scolaire de la grande majorité des étudiants.

Israël a choisi le système américain qui est fondé sur une sélection pointue des réussites universitaires mais qui refuse de sanctionner les erreurs de jeunesse car les jeunes ont à tout moment le moyen de reprendre les études après avoir repassé le SAT.

En revanche il récompense la créativité, favorise l’expression et stimule la prise de risque.

Contrairement au système français, on ne pousse pas à l’acquisition de connaissances dès les petites classes mais à la recherche et au développement des compétences en favorisant la confiance en soi et le respect de l’autre.

Les disciplines intellectuelles ne sont pas les seules puisqu’on développe les activités sportives, l’expression artistique et surtout les activités communes.

Études payantes


Ecole Centrale de Paris

Les études soient payantes et très chères au point d’être considérées discriminatoires par l’argent.

Le coût des universités écarte les plaisantins qui n’y entrent que pour faire de la figuration et qui en France, sont éliminés au bout d’une première année stérile.

A l’opposé, le système français ne stimule pas vraiment l’esprit de décision et d’indépendance.

Les américains sont toujours confrontés en permanence à des choix qui leur permettent de s’assumer en tant qu’individu et de se distinguer des autres.

Alors que l’américain a l’impression d’influer sur sa destinée, le français est souvent prisonnier d’un système qui dicte ses choix.

Le système de rémunération est tout aussi différent.

En France, une part non négligeable du salaire est réservée aux cotisations sociales et impôts afin de disposer en contrepartie d’un accès gratuit aux prestations de santé, d’éducation et de retraite tandis que le reste du salaire couvre les frais de logement, de nourriture et de divertissement.

Aux États-Unis le salarié subit moins de prélèvements obligatoires sur son salaire mais sa responsabilité financière est plus grande qu’en France puisqu’il gère à sa manière son avenir financier.

Son salaire sert à payer l’école de ses enfants (1.000$ par mois et par enfant dès l’école maternelle), à couvrir ses frais médicaux, à investir pour assurer ses vieux jours dans un fonds de pension et à financer l’université des enfants.

Il doit bien entendu se loger, se nourrir et se divertir.

De cette forte responsabilité financière, il en résulte une importante valorisation du travail.


Le ministère de l’Education à Paris

La France a besoin d’une réforme de l’éducation nationale si elle veut relever les défis économiques du pays mais, quelle que soit la couleur du gouvernement, elle donne l’impression d’être ingouvernable et de plonger dans la stagnation.

Les syndicats et les parents d’élèves se targuent d’un conservatisme démodé qui conduit à la stagnation des méthodes et par conséquent de l’économie.

Des mesures sérieuses doivent être entreprises car le pessimisme règne en France chez les jeunes diplômés qui estiment qu’ils auront peu de chances de trouver un emploi dans les mois à venir.

Ils sont plus de 27% à envisager un exil à l’étranger où ils pensent que se situe leur avenir professionnel.

La fuite des cerveaux est la plaie du pays qui perd ainsi les meilleurs éléments pour reconstituer le tissus industriel.

Jacques Benillouche Article original

copyright © Temps et Contretemps

TAGS : USA Economie Obama Mur Fiscal Dow Jones France Assistanat

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