La mesure, la demi mesure prise par l’Europe montre enfin que ce continent commence tout juste à prendre conscience de l’extrême complexité de l’Orient où rien ne se passe comme partout ailleurs dans le monde. Descartes n’est pas exportable et l’Evangile (de Saint Matthieu, notamment) qui dit que votre oui soit un oui et votre non un non, n’est guère lu par tous.

C’est ainsi et il faut s’y faire car cela ne va pas changer.

Le conflit au Proche Orient qui perdure depuis des décennies et qui n’est pas près de s’atténuer le prouve.

Mais revenons à l’Europe et à sa mesure en trompe l’œil sur la levée de l’embargo à destination des Syriens.

En fait, cette déflagration syro-syrienne n’oppose pas schématiquement le clan Assad à un peuple luttant pour sa liberté et ses droits.

Certes, il y a du vrai là-dedans, mais ce n’est pas tout.

C’est en fait une mosaïque ethnique et religieuse qui implose car il n y a plus (heureusement !) de tyran pour la maintenir unie par la violence et la peur de représailles sanglantes..

Voyez la Libye de Kadhafi où les menées séparatistes vont bon train et où l’autorité centrale est évanescente.

Voyez le Liban, déchiré il y a peu d’années par une guerre fratricide et qui menace lui aussi d’imploser et où le Hezbollah, mouvement terroriste ayant pignon sur rue, cherche à modifier le code électoral pour le confessionnaliser…

Et voyez enfin la Syrie où les communautés religieuses vont continuer de se déchirer si l’ONU ne fait rien.

L’Europe prétend contrôler la remise de ses armes aux mouvements de résistance qui se battent sur le terrain.

C’est bien, mais cela est irréaliste car impraticable.

Depuis quelques semaines, nous avions été l’un des premiers à dire que Bachar regagnait du terrain, et qu’il ne serait pas impossible qu’il reprît l’avantage sur ses adversaires.

Penser que Bachar va sagement partir sur l’injonction de quelques diplomates réunis à Genève est un aimable plaisanterie.

En fait, la situation est celle d’une guerre larvée et non déclarée.

Mais ne peut on pas dire que c’est l’Occident, les anciennes puissances coloniales, qui en sont responsables ?

Après tout, qui a découpé la Liban pour le dégager du chaudron syrien ?

La France.

Qui a créé de toutes pièces la Jordanie ?

La Grande Bretagne.

Qui a tracé les limites de l’actuelle Arabie saoudite et des émirats.

Encore la Grande Bretagne…

Avant la première guerre mondiale, les choses se décidaient à Londres et à Paris et non pas encore à Washington ni à Berlin.

Souvenez vous du ministre (et ensuite premier ministre) Anthony Eden disant que le monde ne repose pas sur la justice mais sur le pétrole

Et il savait de quoi il parlait.

Alors que faire ?

Apprendre aux hommes à vivre ensemble, à se tolérer et à considérer l’humanité comme leur essence première.

Le reste n’est qu’emballage.

Ce que Gottlob Ephraïm Lessing fait dire à Nathan le Sage dans sa pièce de théâtre éponyme : je n’ai jamais voulu que tous les arbres de la forêt aient la même écorce.

Sous-entendu, en dessous, ils sont tous fait du même bois.

Mais l’Orient lit-il Lessing ?

Maurice-Ruben HAYOUN

In Tribune de Genève du 28 mai 2013

TAGS : Orient Moyen-Orient Pétrole Géopolitique Syrie Assad

puissances Coloniales Histoire Jordanie

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