A contre-courant.

“Nous avons tout politisé, sauf le détournement de fonds public. Est-ce OK de voler des millions de $ au peuple, mais pas d’accord du tout qu’on conduise une mission d’étude universitaire ? –Un lecteur, Al Quds.
Un enseignant de la Shoah pas comme les autres

I24news Article original s’est entretenu avec le professeur palestinien qui a créé la polémique après un voyage à Auschwitz


Le Prof. Dajani.

Peu de visiteurs d’Auschwitz restent insensibles devant la machine à tuer nazie qui a fait plus d’un million de victimes pendant la Seconde Guerre mondiale.

Le professeur Mohammed Dajani n’a pas fait exception.

Bien qu’ayant grandi dans une société palestinienne en proie au négationisme, une société dans laquelle beaucoup estiment que reconnaître la tragédie vécue par le Peuple juif reviendrait à renoncer à leur propre statut de victime, Dajani se classe parmi les enseignants de la Shoah les plus courageux.

« J’ai été élevé dans une société négationiste, où l’Holocauste était un tabou. Je n’ai jamais rien pu étudier sur ce sujet à l’université. Tout ce que je savais sur le génocide était vague, exagéré ou présenté comme un simple détail parmi tant d’autres atrocités commises pendant la Seconde Guerre mondiale », a rappelé Dajani lors de l’entretien qui s’est déroulé dans son bureau de Beit Hanina, un quartier de Jérusalem-Est. « Par définition, le fait d’avoir été bercé par cette culture et d’effectuer un tel voyage vous met face à une dissonance cognitive.”

Dajani est convaincu que seules l’éducation et la compréhension de l’autre, même lorsqu’il s’agit d’ennemis, permettront aux Palestiniens de quitter leur statut de victimes.

« Avant, je donnais des cours sur la Nakba (« catastrophe » en arabe, soit les conséquences de la création d’Israël pour les Palestiniens, ndlr) au même titre que des milliers d’autres professeurs palestiniens qui enseignaient le même sujet. A contrario, il n’y en a pas un seul qui aborde le thème de l’Holocauste. C’est pourquoi j’ai senti qu’il fallait combler ce manque », a-t-il déclaré. Le Professeur Dajani a dans son enfance été forcé de quitter sa maison de Jérusalem-Ouest au lendemain de la Guerre des Six jours. Il vit maintenant à quelques mètres du mur de sécurité israélien qui sépare la ville en deux.

Dajani s’est retrouvé au coeur d’un scandale après que les médias ont révélé qu’il avait organisé un voyage en Pologne pour un groupe d’étudiants palestiniens dans le cadre d’un cours sur la réconciliation.

Sur les 70 étudiants qui avaient demandé à participer au voyage, 27 ont été sélectionnés. Ils sont pour la plupart étudiants en Master, cinq d’entre eux sont en Doctorat.

Dajani a confié que les étudiants avaient eu des réactions très différentes devant le théâtre de l’horreur des camps nazis, des blocs de prisons alignés, des chambres à gaz, et des crématorium.

« Ceux qui ont grandi dans un milieu caractérisé par une très forte idéologie ont résisté à ce qu’ils voyaient et à ce qui leur arrivait. Ils ont commencé à rationaliser, à trouver des explications qui ne correspondaient pas à ce qu’ils avaient en face des yeux. D’autres étudiants, moins limités par une idéologie et plus ouverts d’esprit, ont immédiatement absorbé la douleur », a raconté Dajani. Il a notamment décrit une des participantes en pleurs après avoir vu la montagne de biens confisqués aux détenus avant de les tuer. « Elles ont ressenti un grand désespoir et certaines une forme d’empathie, tout en précisant que cela ne signifiait pas qu’elles abandonnaient leur droit sur leur terre », a expliqué Dajani.

Le professeur a également indiqué que les étudiants palestiniens avaient également remarqué les attitudes très différentes des groupes venus de l’étranger. Selon Dajani, ses étudiants ont pris conscience de l’importance de l’hommage rendu par le monde aux victimes du nazisme.Courtesy

Le voyage à Auschwitz a été organisé dans le cadre d’un projet mené conjointement avec les universités israéliennes, qui a notamment fait voyager des étudiants juifs dans un camp de réfugiés palestiniens près de Naplouse et auprès de Palestiniens ayant subi la Nakba. Ce terme est utilisé par les Palestiniens pour désigner leur expulsion en dehors d’Israël pendant la guerre d’Indépendance en 1948.

Dajani a également pris soin de préciser que les tragédies des deux peuples ne pouvaient être comparées. « Les Palestiniens ont une vision étriquée du problème. Ils regardent une photo d’un enfant dans un camp nazi ou bien ils s’observent et commencent à se souvenir de leur propre passé, à transposer l’image de cet enfant sur la situation des Palestiniens aujourd’hui », a déclaré Dajani. « En apprenant des choses sur la Shoah, ils peuvent comprendre la différence et acceptent l’idée que les deux histoires ne peuvent pas être analysées selon les mêmes standards. »

Ce type de déclarations a contribué à faire de Dajani un paria au sein de la société palestinienne. Selon lui, la plupart des Palestiniens, s’ils reconnaissent l’Holocauste, le comparent à leur propre histoire de réfugiés. Ils prétendent également que sans la Shoah, le monde n’aurait jamais accordé un Etat aux Juifs.

Lorsque des informations sur le voyage ont été publiées par les médias israéliens, l’université d’Al-Quds, où Dajani enseigne, a immédiatement précisé qu’elle n’était pas associée à cette initiative. L’administration de l’université a même demandé aux participants d’écrire qu’ils avaient été forcés de se joindre au voyage.

Dajani a reçu plusieurs lettres de menaces et a été vivement critiqué.

« Les étudiants ont été très blessés par cette explosion de réactions. Ils craignaient de ce que les autres pensaient d’eux, de découvrir comment les membres de leurs communautés les jugeraient. Ils étaient victimes de beaucoup de pression », a raconté Dajani. « Ils étaient la cible d’attaques vicieuses, certaines attaques l’étaient particulièrement. Ils avaient peur des actes et des paroles à leur encontre et craignaient de porter à vie une étiquette ».

Malgré cela, Dajani a estimé que ce voyage en Pologne avait été utile. Il a également évoqué l’espoir suscité par le soutien de certaines personnes qui ont salué son initiative, une fois les tensions retombées.

« Aujourd’hui, les gens utilisent le Coran pour défendre l’importance de l’éducation et étendre leur pouvoir sur la minorité moins revendicatrice. Par le passé, ceux qui se faisaient entendre avaient pris l’habitude d’accuser les silencieux d’être des traitres et tout un tas d’autre choses à tel point que les gens craignaient de s’exprimer. Mais désormais, je pense que les gens ont plus d’assurance et qu’ils sont capables de lutter pour ce en quoi ils croient », a précisé le professeur Dajani.

Dahani espère que ce voyage en Pologne était le premier d’une longue série qui conduira le ministère palestinien de l’Education à incorporer l’enseignement de l’Holocauste dans les programmes scolaires.

« Je pense que nous avons contribué à fissurer le mur et j’espère qu’il tombera bientôt totalement », a déclaré Dajani.

Ron Friedman est reporter et éditeur chez i24news.

A lire également : Le risque d’être palestinien et de comprendre Auschwitz

1ère visite d’étudiants palestiniens à Auschwitz

i24news.tv Article original

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Des Palestiniens condamnés pour visite aux Camps de la Mort

Une visite d’étudiants palestiniens dans les camps de la mort nazis a déclenché une controverse parmi les Palestiniens, certains condamnant ce voyage de mémoire comme une forme de « normalisation » avec Israël.

Environ 30 étudiants palestiniens Article original des Universités Al-Quds et Bir Zeit, dans la bande occidentale de Judée-Samarie/Cisjordanie, sont arrivés à Auschwitz-Birkenau, la semaine dernière, pour mieux comprendre ce qui s’est produit durant la Shoah.

Mohammed Dajani, professeur d’Etudes Américaines à l’Université Al Quds, qui dirige, également, le mouvement Wasatia, une tendance modérée de l’Islam , était à l’initiative de cette visite.

Cette visite dans les camps nazis a provoqué la colère de certains palestiniens, la direction de l’Université Al Quds prenant alors immédiatement ses distances avec cette excursion. L’université et son Président sortant, Sari Nusseibeh Article original, ont souvent fait l’objet de critiques, car suspects de promouvoir une « normalisation » avec Israël.

Dans un communiqué Article original, l’Université Al Quds a annoncé qu’elle n’avait rien à voir avec cette visite à Auschwitz-Birkenau.

L’université a déclaré qu’il s’agissait d’une visite privée du Professeur Dajani et de ses étudiants. « Ils ne représentent pas l’université », croit bon de préciser le communiqué. « Le Professeur Dajani est sur le départ et ne s’est pas vu confier par l’université la charge d’organiser la visite »>Article original.


Mohammed Dajani, professeur d’Etudes Americaines à l’Université Al-Quds (à gauche), et le président sortant de l’université, Sari Nusseibeh. (Image sources: Dajani – Presidential Conference YouTube video; Nusseibeh – Wikimedia Commons)

L’Université Al Quds poursuit en insistant sur le fait qu’elle reste engagée à la décision de son administration, en 2009, de rompre tout lien avec les universités israéliennes.

Les étudiants palestiniens ont voyagé vers les camps de la mort Nazis dans le cadre d’un programme conjoint de “ Réconciliation et de Résolution du Conflit ”, avec l’Université Friedrich Schiller à Iéna, en Allemagne et l’Université Ben Gurion du Neguev.

Dès que des militants “anti-normalisation” ont appris l’existence de cette visite, ils ont lancé des attaques acerbes contre le professeur et ses étudiants sur les réseaux sociaux.

“Je ne comprends comment des étudiants palestiniens peuvent accepter la « normalisation », écrit un journaliste palestinien de Ramallah sur sa page Facebook. « Ce professeur est vraiment le roi des rois de la normalisation ! ».

Le principal quotidien palestinien, Al Quds, qui a fait un reportage sur cette visite controversée, a lancé un débat Article original entre ses lecteurs au sujet de l’efficacité d’un tel périple.

Le journal a, ensuite, dû effacer certaines réponses des lecteurs qui accusent le professeur de trahison et de collaboration.

Un lecteur commentait ainsi : “Cette visite devrait être interprétée dans le contexte des tentatives pour envoyer la culture et l’histoire palestiniennes à la casse. Certaines sphères suspectes occidentales pensent qu’il y a une nécessité de changer la mentalité palestinienne, non pas, par des moyens politiques, mais ne procédant à un lavage de cerveaux des prochaines générations et en leur enseignant de gros mensonges et des montages tels que la Shoah et la souffrance des Juifs, de façon à ce qu’ils acceptent le vol de leurs terres ».

Un autre lecteur écrit : “Notre hostilité ne s’adresse pas aux Juifs et personne ne peut nous accuser d’être antisémites. Nos ennemis, ce sont les Sionistes qui ont usurpé notre terre. Mais qui peut nier que les Sionistes exploitent ce qui est arrivé aux Juifs en Allemagne et ailleurs pour justifier ce qu’ils ont fait en Palestine et pour s’attirer la sympathie du monde ? Finalement, certains d’entre nous ont rejoint le chœur des pleureuses ».

Mais, on peut aussi relever de bonnes nouvelles. Beaucoup de lecteurs ont pris la défense du Professeur Dajani et de ses étudiants qui ont visité les camps nazis, pour comprendre la Shoah.

Répondant aux critiques, un lecteur a écrit : “Franchement, ces réponses sont théâtrales. Ces universitaires sont allés faire un circuit et voilà tout. Quel besoin de politiser une visite insignifiante ? »

Un autre lecteur qui exprimait son soutien à la visite, disait : “Nous avons absolument tout politisé, sauf le détournement d’argent public. C’est permis de voler des millions de dollars au peuple, mais pas du tout si quelqu’un entreprend une mission d’étude universitaire ? »

L’éditorialiste palestinien Abdullah Dweikat Article original exprime ses regrets concernant cette visite et appelle les universitaires palestiniens à arrêter les « pèlerinages » vers les camps de la mort nazis. « Cette visite d’étudiants palestiniens à Auschwitz-Birkenau me fait de la peine », écrit-il. « Oui, nous sommes des êtres humains qui rejetons le génocide. Mais notre humanité rejette toute tentative de se détourner de la souffrance de notre peuple, qui se fait massacrer quotidiennement par les mains de l’occupant. Est-ce que cela n’aurait pas été préférable que nos professeurs et étudiants visitent le camp de réfugiés de Yarmouk en Syrie »>Article original ou les camps de réfugiés au Liban, pour constater ce qu’est la véritable souffrance ? ».

L’Autorité Palestinienne n’a jamais approuvé ni ne s’est jamais opposé à la visite de camps de la mort Nazis. Les cercles dirigeants de l’AP ont, de toute évidence, peur d’être pris à partie dans cette controverse, survenue au sujet de cette visite.

D’un autre côté, le Hamas a exprimé une ferme opposition à tout enseignement sur la Shoah Article original, dans les écoles de la Bande de Gaza, dirigées par l’Agence d’Aide Sociale de l’ONU (UNRWA).

Le Hamas a déclaré comme “ crime contre les Palestiniens ” tout enseignement relatif à la Shoah.

Il reste à voir, à présent, si le Professeur Dajani et ses étudiants seront sanctionnés à leur retour en Cisjordanie, pour avoir osé “sympathiser” avec la souffrance des Juifs .

Par Khaled Abu Toameh
31 mars 2014 at 4:45 am

gatestoneinstitute.org Article original

Adaptation : Marc Brzustowski

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oxomars

Avez-vous remarqué qu’à part les voyous de l’OLP ou du Hamas, les médias occidentaux ne parlent jamais du peuple lui-même, un peu comme s’il n’existe pas.

Mais comment ces gens supportent-ils des politiques qui se goinfrent à leur détriment avec l’argent des autres états ? Pour l’instant, ils passent plus pour des couillons que pour des « résistants » 😉