WASHINGTON (JTA) –Dès lors qu’il s’agit de l’Ukraine, Israël n’est pas sur la même longueur d’onde que certains de ses plus fervents alliés américains, c’est-à-dire les néo-conservateurs – et ce n’est pas la première fois.

Sen. John McCain (R-Ariz.) a défendu une position très ferme envers la Russie, à propos de l’Ukraine. (Allison Shelley/Getty Images)

La réticence d’Israël à se tenir aux côtés des Etats-Unis, dans sa tentative pour isoler la Russie, est typique de la realpolitik israélienne qui a mené à des conflits passés avec les néoconservateurs américains, alors qu’ils privilégient l’interventionnisme humanitaire.

Mais la position d’Israël n’est pas suffisamment conséquente, dans ce cas, pour déclencher des heurs entre amis, affirment des universitaires néoconservateurs.

“Généralement, quand on en vient à catégoriser les divergences d’opinions entre Israël et les Néoconservateurs, il y a deux catégories : les unes qui ont un impact direct sur la politique américaine et celles qui n’en ont pas », décrit Seth Mandel, assistant du rédacteur du magazine juif néoconservateur Commentary.

La question ukrainienne ne s’élève pas à un niveau tel qu’elle engagerait une politique de la part d’Israël qui puisse mettre en danger cette relation, reprend Mandel, à la différence d’autres exemples précédents de désaccords, dont la politique israélienne à l’égard des printemps arabes et la vente d’armes à la Chine, de la part d’Israël.

Un responsable du gouvernement israélien – qui est en contact régulier avec ceux qu’il décrit comme « parmi les meilleurs amis d’Israël » au Congrès – est d’accord sur ce point, disant que les Israéliens n’ont pas entendu de plaintes particulières de la part des néo- conservateurs, comme ce fut le cas par le passé, quand, par exemple, Israël s’est opposé au renversement du Président égyptien Hosni Moubarak, en 2011. « Israël a tort sur la Syrie, tort sur l’Egypte, tort sur un tas de choses ! », écrivait dans un e-mail Danielle Pletka, la Vice-Présidente de l’American Enterprise Institute, le think-tank qui sert d’étendard néo- conservateur. « Cela n’affecte pas le soutien à l’Etat démocratique d’Israël parmi ses amis américains. Ce n’est pas de cette façon que ça marche. C’est un pays indépendant, et il a le droit de dire des bêtises ; je ne pense pas que quiconque y prête vraiment attention, ne serait-ce qu’une minute, quand on envisage la position d’Israël sur l’Ukraine ».

Cela a pris près d’une semaine à Israël, avant de diffuser un communiqué de réponse à la prisede la Crimée par les Russes, le 28 février. Le communiqué du 5 mars du Ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, lui-même russophone né en Moldavie, est resté laconique et n’a même pas mentionné la Russie, dont Lieberman a cultivé les faveurs durant longtemps.

« Israël suit avec grande inquiétude les évènements en Ukraine, il est inquiet que la paix s’étende à tous ses citoyens et espère que la situation ne va pas se détériorer par la perte d’autres vies humaines », déclare un communiqué publié dans les médias israéliens. « Israël espère que la crise en Ukraine sera réglée par des moyens diplomatiques en qu’elle se résoudra pacifiquement ».

Israël s’est abstenu lors d’un vote de l’Assemblée Générale de l’ONU, condamnant le référendum du 16 mars en Crimée, favorable à son annexion à la Russie ; c’était, virtuellement le seul état parmi les alliés des Américains à ne pas se prononcer en faveur de cette résolution.

Les Républicains du Congrès se sont alliés au mouvement néo- conservateur pour accuser ce qu’ils ont appelé l’irresponsabilité de l’Administration Obama qui n’a fait qu’alimenter l’audace du Président russe Vladimir Poutine.

Au sujet de l’Ukraine, mon héros, Teddy Roosevelt, avait l’habitude de dire : parle doucement mais avec un gros bâton », le Sénateur John Mc Cain (R. Ariz) a-t-il reproché au Secrétaire d’Etat John Kerry, lors d’une audience au Congrès, cette semaine. « Ce que vous êtes en train de faire, c’est de parler fort, munis d’un tout petit bâton – en fait, c’est une… brindille ».

Les Etats-Unis ont menéà l’imposition de sanctions économiques contre la Russie, mais Kerry, durant l’audition, a rejeté les propositions d’armer les Ukrainiens contre la possibilité d’incursions russes supplémentaires.

Un adjoint d’un Sénateur républicain, qui, comme Mc Cain, s’est montré très critique envers la politique ukrainienne de l’Administration Obama, pense qu’il ne serait pas équitable d’exiger d’un petit pays comme Israël d’adopter une posture de confrontation que les Républicains attendent des Etats-Unis en tant que superpuissance.

Cet aide affirme qu’Israël doit envisager la coopération des Russes pour empêcher l’Iran d’obtenir l’arme nucléaire et démanteler les capacités d’armement chimique de la Syrie.

“Nous ne connaissons absolument pas la nature sous-jacente de la relation israélo-russe », déclare cet adjoint. « Elle est incroyablement complexe, par le biais d’accords secrets sur le renseignement qui se poursuivent, des compromis sur ce que la Russie fera ou ne fera pas envers l’Iran. A la fin, je suis sûr que tout cela concerne de près Israël – mais l’Amérique ne peut pas se payer ce luxe, nous sommes la superpuissance ».

Les Néo- conservateurs se sont lancés dans des confrontations ouvertes avec Israël, par le passé, particulièrement au début des années 2000, à propos de la vente d’armes par Israël à la Chine dont avion gros-cargo AWACS de surveillance »>Article original, qui était perçue comme un affront à une position fondamentale du mouvement néo- conservateur –dans sa défense des intérêts de Taïwan.

Ces ventes d’armes ont conduit l’administration du Président Bush a suspendre son dialogue stratégique avec Israël entre 2002 et 2005, jusqu’à ce qu’Israël acquiesce à une exigence américaine demandant que le Pentagone examine scrupuleusement les ventes d’armes d’Israël à la Chine. La décision de Bush de suspendre ce dialogue crucial a été prise sur les conseils de néo- conservateurs prédominants au sein de son Administration, parmi eux Dough Feith, alors sous-secrétaire à la Défense.

En 2011, rappelle Mandel, les Néo-conservateurs ont, à nouveau, été consternés, lorsqu’Ehud Barak, alors Ministre de la Défense, a exposé ses arguments contre le soutien aux rebelles cherchant à renverser Assad, à une époque où les Néo-Conservateurs américains arguaient que cela aurait du sens d’évaluer si les rebelles méritaientun appui plus solide de la part des Etats-Unis.

Dans chacun de ces dossiers, dit Mandel, la posture adoptée par Israël a eu des conséquences pour la politique des Etats-Unis – par exemple, dans le cas de la Syrie, des responsables de l’Administration Obama ont pu se permettre de citer les arguments de Barak pour repousser l’éventualité d’une intervention.

“C’était une situation qui a directement impacté la politique américaine” dit-il. « Il n’est pas clair de savoir si la Russie en viendra à ce point ».

Par Ron Kampeas 10 avril 2014 6:11pm

Source : jta.org Article original

Adaptation : Marc Brzustowski.

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Ukraine : pourquoi Israël a fait faux bond aux Américains

À l’ONU, les Israéliens se sont absentés lors du vote de la résolution condamnant l’intervention russe en Crimée. Une neutralité qui a heurté Washington.


Le Conseil de sécurité de l’ONU. À droite, Samantha Power, l’ambassadrice américaine auprès des Nations unies ; à gauche, Vitaly Tchourkine, son homologue russe. © John Minchillo/AP/Sipa

Nouvel avis de tempête entre Washington et Jérusalem. En cause, non pas le processus de paix – au plus mal -, mais l’affaire ukrainienne. Tout a commencé il y a un peu plus de quinze jours, lors du vote à l’Assemblée générale de l’ONU de la résolution condamnant l’invasion russe de la Crimée et soutenant l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Fait exceptionnel : Israël n’a pas voté avec les États-Unis, ses représentants s’étant absentés de la salle. Dire qu’à Washington cela n’a pas été apprécié est au-dessous de la réalité. Une très grosse colère a secoué la Maison-Blanche et le département d’État.

Cette colère s’est surtout exprimée en coulisse. D’autant plus qu’aux demandes d’éclaircissements venues de la capitale fédérale américaine, les Israéliens ont répondu en arguant d’une grève affectant le personnel du ministère des Affaires étrangères. Un argument qui n’a guère convaincu outre-Atlantique, où l’on a fustigé l’ingratitude israélienne « face au soutien sans faille des États-Unis à Israël à l’ONU ». Pire ! À Washington, on s’est carrément étranglé après des propos du chef de la diplomatie israélienne, lors d’une interview télévisée : « Nous avons des relations de confiance avec les Américains et les Russes. Notre expérience avec ces deux parties est très positive… » Et Avigdor Lieberman d’ajouter : « Je ne vois pas pourquoi Israël devrait se laisser entraîner dans la crise ukrainienne. »

L’administration Obama a eu beau rappeler que, chaque année, Washington verse à Israël trois milliards de dollars d’aide militaire, alors que Moscou fournit régulièrement des armes aux ennemis de l’État d’Israël et vote aux Nations unies souvent contre lui, rien n’y a fait ! Il y a 48 heures, le général Amos Gilad, responsable du département politique du ministère de la Défense, a enfoncé un peu plus le clou : « La politique israélienne a ses propres intérêts sécuritaires qui ne peuvent pas toujours coïncider avec ceux des États-Unis. » Sic !

Ne pas irriter Moscou

Est-ce à dire qu’à Jérusalem on a décidé d’un rééquilibrage politique afin de préserver les bonnes relations entretenues actuellement avec Vladimir Poutine ? Pour un responsable israélien, qui a tenu à garder l’anonymat, les choses sont plus compliquées. « La capacité de nuisance de la Russie concernant des questions fondamentales pour nous, comme l’Iran ou la Syrie, est très importante. Dans ce contexte, Israël ne veut pas se confronter avec Moscou sur un dossier qui ne le concerne pas. » Mais pour d’autres – des personnalités de premier plan qui, elles non plus, ne disent pas leur nom -, la « neutralité » du gouvernement Netanyahou aurait une autre raison : à Jérusalem, on estime qu’il est plus facile de faire avaler des couleuvres aux Américains que de risquer d’irriter les Russes.

Pour l’heure, Benyamin Netanyahou a quand même annulé sa participation, en juin prochain, à un concert à Saint-Pétersbourg où il était invité personnellement par Poutine en hommage aux relations culturelles israélo-russes. Mais, venue de Moscou, une délégation officielle était ces derniers jours en Israël pour discuter de la sécurité dans les transports publics…

Il faut rappeler que les liens entre Israël et les pays de l’ancienne URSS vont bien au-delà de la simple politique. Avigdor Lieberman, le chef de la diplomatie israélienne, est originaire de Moldavie. Son bras droit, le vice-ministre des Affaires étrangères, Ze’ev Elkin, vient de l’est de l’Ukraine. Également d’Ukraine, Yuli Edelstein, le président de la Knesset. Sofa Landver, la ministre de l’Intégration des immigrants, a grandi à Leningrad. Tout récemment, Avigdor Lieberman n’a-t-il pas dit : « Un jour, nous aurons un ministre de la Défense russophone, un président russophone, et peut-être bientôt un Premier ministre russophone ! » C’est tout dire.

De NOTRE CORRESPONDANTE À JÉRUSALEM, DANIÈLE KRIEGEL

Le Point.fr – Publié le 16/04/2014 à 06:06 – Modifié le 16/04/2014 à 16:11

lepoint.fr Article original

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kalou

« O Israël est-ce que tu vas à nouveau donner ta confiances aux super puissances et sacrifier ton peuple? Est-ce que la flatterie et les enjeux seront plus importants à tes yeux que l’amour de Dieu pour son peuple? Comme la reine Esther en son temps, tu ne te sauveras pas Israël si tu abandonne le peuple de Dieu dans la diaspora au jour de grand danger, comme aujourd’hui ». Qu’importe la diplomatie et toute ses simagrées diplomatique, c’est Israël même qui est en danger et tous ces Juifs qui vivent encore en Ukraine. Tous ces hommes israéliens venus des pays du Nord ont-ils déjà oubliée pourquoi ils ont fuis? Oh Eternel tout puissant réveil les souvenirs de ton peuple, fait les se souvenirs de ce qu’ils ont soufferts loin d’Eretz Israël. Eternel, c’est ma prière; donne aux dirigeants d’Israël la sagesse, le discernement et ton intelligence pour comprendre ce qui est important à l’heure actuelle à la quelle nous vivons.
A L’HEURE DE DIEU